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La vapeur à Presles

La vapeur à Presles 1

 

 

Au Moyen Âge, l'eau était considérée comme un élément naturel nécessaire à toute vie humaine, animale et végétale.

Les rivières, les ruisseaux étaient protégés, le seigneur du lieu était maître des eaux comme il était maître des vents.

Les plus anciennes chartes de presles, des XIII e, XIV e siècle, renouvelées au cours du régime féodal, stipulent les droits du seigneur et ceux de la Communauté, qui devront être res­pectés, sous peine d'amende.

Au point de vue de l'eau, il est dit ce qui suit :

Extrait :

« au poinct de l'euwe chascun bourgois ou mannans en la dicte terre de presle peult prendre son aisemences à la course de l'euwe partout en la haulteur sans le pouvoir tourner de hors de sa course accoustumée, sil ce n'est par congiet du seingeur ».

« mais nulz ne peult faire huyssine sur les dictes euwes sans congiet du seigneur» 2.

Le mot huyssine doit se comprendre pour tous les établissements qui seraient édifiés en bordure des eaux courantes, tels que les moulins, les forges, les affineries, les taillanderies, les papeteries, etc., qui se serviraient de l'eau qui feraient tourner la roue à aubes ou à auges, pour actionner les machines.

Dans notre village de Presles, l'emploi de la vapeur se manifestera au cours du xix e siècle.

En 1854, en bordure du ruisseau des Waibes, dénommé alors Le Torrent au lieu-dit Champ d' Obe se faisait le lavage du minerai de fer.

Une chaudière à vapeur y fut installée afin d'actionner une toile transporteuse sur laquelle le minerai était lavé et transporté vers un chantier proche ; il y était chargé sur des chariots pour être conduit aux fourneaux Dorlodot, à Châtelineau.

En 1881, Florent Pouleur, maître papetier à la Fabrique de la Place Communale, dite al papèneryîe, installa deux chaudières à vapeur alimentées par les eaux de la Biesme. Une grande cheminée fut construite afin d'obtenir un tirage suffisant pour le foyer chauffant l'eau et produire de la vapeur pour alimenter toutes les machines.

Vers 1850, au bout de la rue des Taillandiers, sur le côté gauche du chemin qui monte aux Vieux-Sarts, un complexe appartenant à la Commune fut loué à Jean-Baptiste Baudelet, taillandier profession.

Assez éloigné de la Biesme, l'aiguisage des outils devait se faire manuellement. Ce métier était reconnu comme l’un des plus pénibles pour faire tourner les meules.

Pour cette raison, le patron-taillandier Jean-Baptiste Baudelet ajouta à son établissement un moulin à aiguiser à vapeur (renseigné par C. Popp, sur le plan parcellaire de la Commune, dressé en 1866).

Vers la même époque, Fidèle Baudelet, maître-taillandier, installé en bordure de la rue de Fosses et du ruisseau des Waibes, augmentera son atelier d'une chaudière à vapeur.

Son confrère, Fidèle Maurico Tilmant, maître-taillandier, établi assez loin des eaux du ruisseau des Waibes, mais en bordure de la rue de Fosses, à une centaine de pas du Tournant dangereux complètera lui aussi son établissement de taillanderie par une chaudière à vapeur, soula­geant le travail de ses filles qui tournaient les meules pour aiguiser les outils tranchants.

Au hameau des Binches, le maître de carrière Martin dou gros gayî, installera en 1904, dans sa carrière, située dans une prairie de la rue Grande, une machine à chaudière à vapeur pour scier les blocs de pierre remontés de la carrière au moyen d'un treuil mécanique.

 

Les cultivateurs céréaliers qui devaient battre les récoltes de blé, froment, avoine, orge, etc., sur l'aire des granges, au moyen d'un fléau en bois, furent soulagés quand les batteuses (machines pour égrener les céréales par l'effet de chocs répétés) vinrent au village.

«La machine à battre», comme on disait à cette époque, consistait en une machine à vapeur actionnant la batteuse, au moyen d'une longue et large courroie de cuir qui reliait les deux machines faisant tourner les roues, et mettait ainsi la batteuse en mouvement.

Le dernier entrepreneur de battage demeurant à Presles, fut Fernand Bouxin, établi en bordure de la rue de Fosses, au lieu-dit la Drève, vendant et réparant les machines et outils ara­toires.

 



D’autre part, aux fêtes communales de Presles, venait s'installer le carrousel galopant à vapeur, de Jules Aubry, demeurant à Châtelet.

Dans tous nos souvenirs, pour en avoir été le témoin, nous pouvons affirmer que l'énergie fournie par la vapeur était employée dans les charbonnages, les poteries et autres établissements industriels de Châtelet et d'ailleurs.

Le règne de la vapeur marqua toute une époque ; elle fut détrônée par la « fée électricité » après la Seconde Guerre mondiale.

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1. Publié en 1989 in Us et Coutumes

2. Arch. Et Mons. Charte de Presles 1591

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