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NOTES SUR L'HISTOIRE DE PRESLES (Ernest GRAVY)

NOTES SUR L'HISTOIRE DE PRESLES (Ernest GRAVY)

 

Ndlr1: En 1977, une jeune association presloise demande à Ernest GRAVY de rédiger une "Histoire de Presles". C'est, pour cet historien de Presles, inespéré. En effet, c'est pour lui, qui consacre tous ses loisirs à l'étude et à la rédaction d'articles sur notre village, la consécration qu'il espère sans jamais avoir la possibilité d'y parvenir, principalement faute de moyens financiers.

Il avait déjà édité plusieurs fascicules ou publié des articles dans différentes revues spécifiques. Mais écrire et éditer "L'Histoire de Presles" représentait pour Ernest GRAVY l'aboutissement auquel il rêvait depuis sa jeunesse.

La 1èrepartie de l'ouvrage sortit de presse en mai 1979. Presles-Promotion édita cinq numéros, mais ensuite cessa la publication des "Notes sur l'Histoire de Presles".

Nous avons déjà reproduit certains articles extraits de ces notes, mais grâce à une série d'autres articles non publiés, brosser un tableau de Presles au 18èmeet principalement au 19èmesiècle et même au début du 20èmesiècle est essentiel.

Ernest GRAVY a consulté énormément d'archives et nous pouvons être certains de l'exactitude des renseignements qu'il nous donne.

Nous devons signaler que certaines dénominations ont changé et vous donnons ci-après quelques exemples dont il convient de tenir compte pour mieux comprendre et situer des lieux de Presles.

La Bergère : rue et quartier situés à la limite de Presles et Châtelet, au carrefour du château d'eau.

Rue de Villers: actuellement rue du Calvaire, mais pour l'auteur, c'est la route mitoyenne (en béton) qui va de la Drève au Bois de Châtelet.

Route N° 22: dont la dénomination à Presles est "rue de Fosses", N922 en tenant compte que le tracé de celle-ci est modifié pratiquement dans son ensemble sur Presles. L'S de Presles et le tournant dangereux n'existent plus, de même que le tournant Cerfaux, suite aux travaux de 1972.

Chef-lieu: ancienne Place communale située devant l'église, le château et environs proches.

Quartier du Fourneau: actuellement la Place Communale, rue des Wespes (en partie), rue St Georges et rue des Taillandiers.

Hameau de Roselies: séparé de Presles (commune indépendante en 1878).

Hameau du Bas-Sart(comprenant une partie de la Couturelle et l'Evresquoy) : séparé de Presles en 1982, Sart-Eustache - entité de Fosses-la-Ville.

Plan cadastral POPP (vers 1860)2

Il existait déjà un plan cadastral appelé "Plan cadastral français 1815-1818.

La Biesme: la grande eau - en wallon « li grande euwe » - le ruisseau d'Oret, trois dénominations pour le même cours d'eau.

Ruisseau des Waibes: (Waibes : prairies communes de peu de rendement) a donné son nom aux maisons situées le long de la route N° 22 entre le « tournant dangereux » et la Falige (carrière). Longe la "rue des Wespes" (nom de rue tout à fait erroné, on devrait dire "rue des Waibes" !)

Les Prés Burnaux : en wallon "les Prés Burniats", raison de la dénomination erronée actuelle : rue des Prés Burniats.

Tienne Burlon: au bout de La Rochelle, chemin asphalté montant à la Cahoterie.


Découvrons avec Ernest GRAVY le village de Presles tel que l'ont connu nos aïeux.





SOMMAIRE

Séparation du Hameau de Roselies

Aspect Général

Géologie

Eaux et Forêts

La Voirie

La Route Nationale N° 22

Cadastre

Dépendance Administrative

Situation Économique

L'Evresquoy de Presles



SÉparation du Hameau de Roselies


Jusqu'au milieu du 19e S., il semble que le territoire de Presles était définitivement fixé sur la carte, que ses limites définies en 1818 étaient bien établies et que le village resterait tel.

Cependant, il n'en était rien : une nouvelle délimitation devait se réaliser en 1878.

Voyons-en les causes et ce qu'il en a résulté.

Les causes sont nombreuses. Elles étaient exposées dans une requête du 9 mai 1875, à la demande des habitants du hameau de Roselies, tendant à ce que celui-ci soit détaché de la commune de Presles et érigé en commune distincte.

Dans cette requête, il est notamment dit :

"Que l'administration de Presles a toujours manifesté la plus profonde indifférence pour les besoins et les intérêts du hameau. On peut même affirmer qu'elle a constamment fait preuve d'une partialité poussée jusqu'au mépris chaque fois que les habitants oubliés et lésés réclamaient le redressement de leurs griefs".

"Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner l'état de la voirie vicinale, et celui des bâtiments publics. Les chemins sont négligés, l'église nouvellement construite, les locaux de l'école également récents n'ont été obtenus qu'à la suite des plus vives démarches prolongées pendant de longues années et encore ces bâtiments sont mal construits, inachevés et mal entretenus".

Nous devons dire que la distance de Roselies à Presles, qui n'est à vol d'oiseau que de trois kilomètres, dépassait le double, par les chemins en usage. Elle rendait très pénibles les relations entre les deux localités. Aussi, les habitants ne venaient-ils au village que dans les cas d'absolue nécessité.

Quoique les habitants fassent partie de la communauté presloise, l'autorité diocésaine leur avait permis, depuis de longues années, de remplir leurs devoirs religieux à Aiseau ou à Farciennes, parce qu'elle avait reconnu qu'il leur était trop difficile de fréquenter l'église de leur commune, Roselies en étant dépourvue depuis toujours.

Pour la même raison, cette autorité appuiera la demande de construction d'une chapelle et, le moment venu, elle favorisera de tout son pouvoir l'érection de la chapelle en succursale.

Dans cette requête, on faisait aussi remarquer que le hameau était propriétaire de biens communaux propres (terres, bois) dont le revenu pouvait couvrir les dépenses ordinaires de la nouvelle commune.

Possédant à cette date, une église, une école, un cimetière, le hameau pouvait, à l'aide de ses ressources et des subsides qu'il avait lieu d'espérer, continuer à construire un logement pour le prêtre appelé à desservir son église et à remettre en état la voirie, etc.

Le 27 mars 1876, le Commissaire d'Arrondissement De GERLACHE, écrivant au Gouverneur du Hainaut, ajoutait, à l'appui de la demande, ce qui suit :

"Qu'il n'existait entre les habitants de Roselies et ceux de Presles presqu'aucune relation. Ce qui le prouve, c'est qu'il est presque sans exemples qu'ils se soient alliés par mariage".

"Que la population de Roselies tend à s'accroître beaucoup dans un avenir prochain par suite des exploitations industrielles du voisinage qui y attirent de nombreux étrangers".

"Que cette population a besoin d'être surveillée et protégée par une police locale : que cette police lui fait défaut à cause de l'éloignement du bourgmestre qui habite Presles et qu'elle ne peut être exercée que par un bourgmestre résidant à Roselies".

"Qu'il se trouve parmi les habitants de Roselies des personnes jouissant d'une certaine aisance et possédant quelque instruction en nombre suffisant pour former un conseil communal et un collège échevinal capable d'administrer".

Le Commissaire d'Arrondissement se déclarait favorable à la requête et estimait qu'il y avait lieu d'ériger cette ancienne dépendance en commune distincte.

Les 4 et 19 juillet 1876, la Commission chargée d'étudier la demande de séparation remettait son rapport devant le Conseil provincial assemblé. Le rapporteur concluait en proposant au Conseil d'appuyer la demande.

Aucune objection n'ayant été présentée, les conclusions du rapport étaient mises aux voix par appel nominal et étaient adoptées par la majorité des membres présents.

De ces conclusions, nous tirons l'essentiel :

"Le hameau d'une population ouvrière qui varie entre six à sept cents habitants, qui n'ont que très peu de rapport ou point avec la population du chef-lieu, est éloigné de plus de 6 kilomètres et fait partie à cause de cet éloignement pour le spirituel de la paroisse d'Aiseau. Les chemins vers Farciennes laissant à désirer, mais celui qui conduit à Presles est dans un bon état d'entretien".

"L'école établie pour les deux sexes est insuffisante (il avait été question de remédier à cet état, mais la demande de séparation à fait ajourner ce projet)".

L'éloignement, les inconvénients de toutes sortes (Service administratif, de la Police, de l'État-Civil et Religieux) furent les principaux motifs de la séparation.

Cette demande ayant été accueillie favorablement, la limite de séparation fut fixée à l'axe du chemin de Châtelet à Tamines. Il fut proposé que la portion Ouest du chemin désigné reste la propriété de la commune de Presles ; la portion Est étant attribuée à Roselies, et ce, à parts égales. La configuration du terrain, à la limite des deux communes, explique parfaitement ce choix, la ligne de démarcation étant très courte.

Le 16 avril 1878, par Arrêté Royal, le hameau de Roselies était détaché de Presles et érigé en commune distincte.

Roselies, nouvelle commune, était née, mais, dans cette aventure, Presles perdait 235 hectares de son territoire et la moitié de sa population.

Sous l'influence d'une nouvelle administration, cet ancien fief féodal namurois allait se développer, se peupler par l'extension que prenaient les exploitations minières et industrielles sur son territoire et aux alentours.


Aspect GÉnÉral


Le sol est tellement tourmenté que la localité semble se trouver au fond d'une cuvette bordée par le roc formant de véritables promontoires tout à l'entour et donnant l'illusion d'un vaste amphithéâtre.

Le territoire est inégal sur le plus grand nombre de points.

La partie de la localité dite "le Village" occupe un vallon circonscrit par un rideau de collines en pentes abruptes, ce sont pour la plupart des rochers recouverts par une faible couche végétale.

Le hameau dit "des Binches", ainsi que celui du "Bas-Sart", entourés de collines en pentes plus douces, sont garnis en majeure partie de pâturages et de terres de culture.

Les parties boisées sont, en général, située sur les versants et les hauteurs. Dans les autres parties de la commune, les mouvements des terrains sont moins prononcés, les terres arables ont dix pouces de profondeur.

L'ancien hameau de Roselies est sur une hauteur dont les légères pentes descendent vers la Sambre.


1. Longitude - Latitude


Presles se trouve à 50°23' de latitude nord de l'équateur et à 4°34'30" de longitude à l'est du méridien de Greenwich ou à 0°12'30" à l'Est du méridien de Bruxelles.


2. Altitude


Les hauteurs suivantes ont été relevées dans la commune : cotes d'altitude par rapport au niveau de la mer.


210 m : les réservoirs d'eau à la source (Bois de Châtelet)

197 m : le carrefour du lieu-dit Bergère (le château d 'eau)

195 m : la ferme J.B. GILLES, au Coumagne

190 m : le Calvaire des Binches

187 m : le château d'eau de la rue de Fosses (rue de l'S)

186 m : la ferme de la Cahoterie

180 m : la maison de pierre, rue de Villers

178 m : le lieu-dit la Drève

170 m : le Bordinois

165 m : la ferme MOURMEAUX, rue Grande

160 m : au chemin de Châtelet à Aiseau, sur la limite de Presles

156 m : la ferme La Golias

150 m : la carrière de la Falige

145 m : le tournant dangereux sous l'S de Presles

135 m : la rivière de Biesme sous le pont du Bas-Sart

134 m : la même rivière sous le pont de la rue de la Rochelle

129 m : le château de Presles

124 m : les grottes du Trou des Nutons dans le parc

123,75 m : l'église

123 m : l'école communale et la Place Communale


3. Relevé de quelques distances


De la Place Communale, il y a, comme distances légales, aux communes circonvoisines, en km.


Acoz 6,-

Aiseau 3,5

Bouffioulx et Châtelet 5,-

Châtelineau 6,5

Farciennes 4,-

Gougnies 3,5

Le Roux 4,-

Pont-de-Loup 4,5

Sart-Eustache 2,5


A vol d'oiseau, il y a du clocher de l'église St Remi à :


L'Hôtel de Ville de Châtelet, chef-lieu de canton 5,- km

La tour de l'Hôtel de Ville de Charleroi 12,- km

Beffroi de la Ville de Mons 48,5 km

La tour de l'Hôtel de Ville de Bruxelles 56,- km

Clocher de l'église SS. Pierre et Paul à Châtelet 5,- km

Clocher de la cathédrale de Tournai 92,- km

La tour St Rombaut à Malines 78,- km

Château de Namur 26,- km

Palais des Princes-Évêques de Liège 92,- km

Port d'Anvers 100,- km

La Mer du Nord, plage d'Ostende 160,- km


Il y a en km. jusqu'à :


La frontière française à Jeumont 44,-

La frontière française à Givet 38,-

La frontière allemande à Aix-la-Chapelle 125,-

Luxembourg 156,-


Partant de la ville d'Ostende et ralliant la ville de Luxembourg en ligne droite, le village de Presles se trouve sur cet axe, à peu de chose près, au centre de la distance qui sépare ces deux villes.


GÉologie


Cette science ayant pour objet l'étude des matériaux composant le globe terrestre, de leur nature, de leur situation et des causes qui ont déterminé cette situation, nous renverrons le lecteur aux ouvrages spécialisés.

Notre but sera atteint, ici, en donnant le plus exactement possible la situation et la détermination des minéraux qui forment les terrains du village.

Pour ce faire, nous puiserons largement dans les savants travaux de géologues, entre autres : J. GOSSELET et Max LOHEST qui ont étudié les terrains de la Belgique. Plus spécialement encore ceux de l'abbé H. de DORLODOT qui a traité notre région et qui, après ses recherches à Presles, a laissé, en souvenir de son passage, son bâton de géologue à notre famille qui l'avait aidé dans ses travaux.

D'après les savants, les formations de l'époque primaire affleurent dans tout le Sud-est de la Belgique et se continuent dans l'Est, dans le Nord du Grand-duché de Luxembourg et dans l'Eifel.

Au Sud, ils sont recouverts par les dépôts secondaires du Luxembourg et du Nord de la France; au Nord de la Sambre et de la Meuse, ils sont cachés par le Crétacé et le Tertiaire de la Moyenne et Basse Belgique et ce n'est qu'en quelques points, au fond des vallées qu'on peut encore les voir.

Dans la région centrale et septentrionale de la Belgique, on serait dans l'incertitude la plus complète si de nombreux sondages n'avaient été pratiqués et qui ont permis de déterminer les grandes lignes de répartition et l'allure du sous-sol primaire.

A Presles, les terrains sont, dans leur presque totalité, de l'époque primaire, nous n'observons pas de Crétacé du Secondaire et très peu de Tertiaire, sinon en d'infimes lambeaux, le tout recouvert des limons du Quaternaire suivant la nature des terrains aux dépens desquels ils se sont formés.


Détermination des roches


A. TERRAINS PRIMAIRES


1. Silurien


La bande silurienne du territoire de Presles est formée par des schistes de différentes couleurs et des quartzites.

Près de la route de Châtelet à Fosses, sous la ferme de Golias, il a été reconnu des schistes et des quartzites noirs siluriens. Le limon près de la ferme est parsemé de schistes et, au point de contact du Silurien et du Dévonien dans ledit chemin, les schistes sont de couleur jaunâtre saturée reposant sur le Dévonien.

Dans le chemin qui va du S-E des Binches à la Figotterie, la tranchée a mis à jour des schistes siluriens sur lesquels repose le minerai de fer qui fut exploité dans le voisinage.

Dans le bois, on trouve de nombreux fragments de psammites feldspathiques verdâtres siluriens.

A 150 mètres de la source du ruisseau des Larrons, on découvre des schistes siluriens en place et assez peu feuilletés.


2. Dévonien Inférieur - Gédinien


Il forme la bordure du bassin de Dinant et s'étend surtout sur la partie touchant Sart-Eustache et Gougnies.

Cet étage est constitué par des poudingues dits d'Ombret. Il renferme aussi des psammites, c'est-à-dire une roche tenant à la fois du schiste et du grès. Elle contient en quantité plus ou moins grande du schiste qui est du silicate d'alumine et des sédiments arénacés, c'est-à-dire des sables qui, dans les terrains anciens, se sont transformés en grès.

L'ensemble formé par ces roches est désigné sous le nom de psammites de Fooz.


3. Dévonien Moyen


a) Poudingue de Naninne

Il affleure sous forme de roches rouges près de la ferme de Golias et dans les environs, avec des schistes rouges qui les surmontent. A l'endroit du contact du silurien, il se présente sous forme de galets de poudingue de Naninne, le plus souvent en fragments.

La coupe levée à l'endroit du contact a donné, sur une épaisseur de cinq mètres ce qui suit :

- poudingues très décomposés, à cailloux souvent brisés

- psammites verdâtres et blanchâtres

- banc de psammites blanchâtres à assez gros grains

- schistes rouges au sommet.

Les psammites renferment des traces de végétaux.

Près de la ferme de la Cahoterie, on remarque des schistes rouges et, dans la campagne, l'argile rouge provenant de la décomposition des dits schistes. Cette argile renferme des petits morceaux de schiste rouge semblable à celui de l'horizon de Naninne.

Dans les deux endroits, on tira de la terre pour faire des briques.


b) Coblencien et Givetien

Le premier est formé par des macignos dits de Claminforge, mais en petite quantité. Il affleure au sud de la ferme de la Cahoterie et l'oligiste oolithique a été repérée en cet endroit et même exploitée. L'oligiste est un excellent minerai contenant de l'oxyde de fer.

L'étage Givetien est formé par des calcaires et des calschistes. On en observe des bancs d'un calcaire foncé avec d'abondants "Spirifer igniculus". Il a été reconnu à Presles, mais ne s'étend guère et les assises inférieures font défaut.


4. Dévonien Supérieur


a) Frasnien

Il est formé par deux assises. A l'Est de la vallée de Presles, les calcaires finissent par disparaître sur le prolongement de la faille : les schistes frasniens, dits de Franc-Waret, se mettent en contact avec les schistes rouges de Naninne. Sous la ferme de Golias, on voit des macignos dits de Roux et les calcaires plus ou moins impurs de l'assise inférieure du Frasnien.

Les schistes de Franc-Waret apparaissent près de la ferme de la Cahoterie, ils sont de couleur grise.

Aux Binches, le calcaire frasnien se présente en bancs à "stromatopores pugillaires". Les schistes s'élargissent en cet endroit comme le calcaire criblé de dépressions provenant d'anciennes exploitations de minerai qui reposait sur ces schistes. Ils sont, en général, de couleur grisâtre.

En résumé, le Frasnien présente des schistes et des macignos de Roux à la base, puis une masse importante de calcaire gris et dur et, au sommet, des calschistes et des schistes de Franc-Waret. On peut dire que cet étage est schisteux et calcareux.


b) Famennien

Cet étage est formé par une grande bande schisteuse reposant sur le Frasnien régulièrement, sans renversement.

Il est représenté par des schistes verdâtres ou violacés de Mariembourg. Certaines parties ont été soumises à des conditions de sédimentations différentes et elles deviennent ainsi arénacées formant des psammites du Condroz qui se présentent au Nord des schistes violacés.


4. Terrain Carbonifère


1) Calcaire Carbonifère


A. Tournaisien

Cet étage comprend deux assises, dont l'inférieure est formée par des calcaires à crinoïdes de couleur plus ou moins noire. Ces roches sont aussi appelées "cailloux à chaux". Nous les trouvons aux lieux des exploitations des grandes carrières de Presles et de la Falige, abandonnées.

L'assise supérieure comprend aussi des calcaires de couleur grise et grise violacée avec des dolomies à crinoïdes, comme les calcaires.

L'étage inférieur est formé par l'assise d'Hastière, tandis que le supérieur est déterminé par l'assise des Ecaussinnes.


B. Viséen

Il se subdivise en deux assises dont l'inférieure forme celle de Dinant et la supérieure celle de Visé.

La première est constituée par un calcaire souvent oolithique, quartzo-schisteux présentant aussi des schistes et des psammites avec des dolomies à grains fins et lamellaires.

La seconde se compose de calcaires à points cristallins, gris et noirs avec, au sommet, des calcaires à "productus giganteus". C'est un étage excessivement calcareux qui se situe, pour sa plus grande part, dans le Domaine de Presles.

Les calcaires dits "Grande Brèche" couvrent la partie Nord-est du parc le long des rives du ruisseau la Biesme.

Les calcaires Viséens sont en bordure Nord, touchant sur toute la longueur, le houiller inférieur.


2) Houiller Inférieur


Il comprend des schistes siliceux et des psammites, suivis des schistes et psammites houillers et les poudingues. L'ouverture d'un puits de recherche exécuté par le charbonnage d'Aiseau-Presles, à peu de distance de l'entrée N-O du parc de Presles, a permis de déterminer les couches et les épaisseurs du houiller. Ce puits, communément appelé le "sondage" avait son ouverture à 150 m au-dessus du niveau de la mer. Les travaux découvrirent des schistes et des calcaires, le houiller proprement dit gisant sous une faille.


Le puits a traversé { schistes et psammites houillers : - 60 m

{ calcaire carbonifère horizontal : + 60 m


Le sondage a traversé { calcaire carbonifère : 50 m

{ faille

{ houiller proprement dit, veines à houille : 250 m


 

3) Houiller proprement dit


Il n'existe pas sous le village, mais s'étend sous l'ancien hameau de Roselies. Il comprend des schistes, des psammites et des grès, et la houille proprement dite.


B. TERRAINS SECONDAIRES


Les dépôts marins du Jurassique et du Crétacé représentés par des sables, des argiles, des calcaires, des marnes, des craies, etc. n'existent pas sur les terrains primaires du territoire.

A la sablière de la Bergère, sous Châtelet, un jour, feu Marcel SANDRON, bourgmestre de Presles me montra un dépôt de marne de couleur blanche grisâtre sous huit mètres de sable jaune.


C. TERRAINS TERTIAIRES


L'étude des terrains géologiques de l'ère tertiaire a permis d'en fixer deux systèmes : le Landenien Supérieur et le Bruxellien.

Le premier se rapporte au début du Tertiaire avec les sables blancs et les sables de teintes diverses mélangés quelquefois d'argile. Cet étage est constitué depuis Montignies-St-Christophe, près de la route de Mons à Beaumont, jusqu'au hameau des Binches, près de Presles, de plusieurs lambeaux peu étendus qui paraissent avoir fait partie d'une même nappe dirigée du S-O au N-E. Elle consiste en sable jaunâtre, renfermant parfois de l'argile, et en grès blanc à végétaux fossiles semblable à celui de Tirlemont.

Les cartes n'indiquent que le Landenien à la rive droite de la Sambre.

Le système bruxellien forme, à la rive droite, plusieurs îles dont celles de Boussu, de Rognée, d'Ossogne, d'Ham-sur-Heure, de Nalinnes, de Loverval, de Joncret et de la Figotterie à Villers-Poterie. L'étage inférieur consistant en sable vert avec calcaire glauconique et débris organiques n'a été observé qu'au S-E de Nalinnes.

Les sables tertiaires subjacents au terrain houiller pour la région Sud et au calcaire houiller carbonifère dans la région Nord sont assez éloignés de la rive gauche de la Sambre.

De tout ceci, nous pouvons dire que le territoire de Presles n'est pas riche en ce qui concerne les dépôts du Tertiaire.

Sur la rive droite de la Sambre, quelques gîtes sont signalés, dont nous citerons celui de la rue des Sablières à Châtelet (sable blanc et jaune) et celui du lieu-dit La Bergère (sable jaune parfois argileux, peu de vert). Ce sont les plus rapprochés de notre village; leur exploitation est arrêtée.

Sur notre territoire, au siècle dernier, on tira du sable près de la Cahoterie et à la rue Al Croix, et un chantier ouvert à la Drève révéla la présence de sable jaune en affleurement.

En résumé, les terrains tertiaires font défaut à Presles, sinon de très minimes affleurements subjacents au calcaire carbonifère dans la région Ouest.


D. TERRAINS QUATERNAIRES


Lorsque les dépôts tertiaires furent constitués, survint l'époque quaternaire marquée par l'extension des glaciers. Sous l'action des eaux chargées d'acide carbonique, les roches ne tardèrent pas à être entamées et rongées, et on assista à la formation des vallées et des terrasses ainsi qu'au creusement du lit des rivières suivant les déclivités du sol.

Sous l'influence des agents atmosphériques combinée au travail des eaux, les roches qui se délitaient formèrent des couches de limon parfois entraîné dans les vallées. La constitution des limons varie généralement suivant la nature des terrains postérieurs aux dépens desquels ils se sont formés, en en retenant la couleur.

La décalcification des roches rouges a donné du limon de cette couleur qui n'est autre que la terre à brique que nous connaissons. On doit aussi rapporter à cette époque la formation des alluvions de nos rivières et de nos ruisseaux. Ces alluvions sont généralement formés par dépôts argileux ou sableux que les eaux ont emportés, les laissant en place en se retirant.

Il a fallu un grand espace de temps pour en arriver à la formation de la terre.

A Presles, les recouvrements du Quaternaire subjacents aux terrains primaires sont peu importants comparativement à d'autres régions. La couche arable du sol est peu profonde et n'est pas riche en limon.


Conclusions


Outre toutes les prairies qui croissent, plus ou moins bien, sur un sol pauvre et maigre de limon, les terres réservées à l'agriculture sont, en général, peu profondes et n'ont pas plus d'un pied d'épaisseur. Le travail du sol est assez onéreux, tous les fermiers vous diront que la charrue rencontre souvent la roche. Il en résulte, pour la préparation des terres, l'usure et la casse du matériel, ce qui grève le budget du petit cultivateur.

De ce qui peut croître sur le territoire, citons : les plantes nutritives représentées par les céréales, le froment (dont la production est satisfaisante), l'avoine, l'épeautre, l'orge et le seigle cultivé en raison de la longueur de sa paille.

Parmi les plantes fourragères, on note tous les fourrages, le trèfle et la luzerne, la betterave fourragère qui a été cultivée en quantité importante, mais qui depuis quelques années a été abandonnée en faveur des cultures de choux et de maïs fourragers.

Les pois et les haricots furent cultivés, pour une large part, et servaient à l'alimentation, avant l'usage de la pomme de terre.

Tous les légumes viennent bien, le tabac en petite quantité ; jadis, on cultiva le sarrasin, le houblon et la vigne.

Dans les essences forestières, citons, au premier rang, le chêne et le hêtre, ensuite le frêne, l'orme, les peupliers de différentes espèces, le bouleau, le charme, etc. Le sapin, en moindre quantité, pousse sur les hauteurs. Les taillis s'exploitent à l'âge de quinze ans et poussent bien partout.

Dans les jardins et les vergers, nous rencontrons le pommier, le poirier, le cerisier, le prunier en quantité; le pêcher et le noyer sont peu répandus.

L'élevage se fait suivant l'importance des fermes sans que, pour cela, il soit créé des spécialités. Les chevaux disparaissent peu à peu, en raison de l'emploi du tracteur agricole.

La faune a été riche en lièvres et lapins; on rencontre des perdrix et des cailles. Le faisan est d'élevage. Parfois s'égare un sanglier, un chevreuil ou un cerf. Les renards sont en petite quantité.

Les rivières et les étangs sont peuplés de brochets, carpes, tanches, truites et anguilles. Jadis, il y avait des écrevisses.


eAUX ET FORÊTS


Il y a quelque vingt ans, des urbanistes considéraient comme normale, autour d'une grande ville, une zone d'influence de huit à seize kilomètres. Remarquons que cette distance est précisément celle qui sépare Charleroi de la limite du Hainaut et de notre village.

Le développement et l'accroissement de population, dans cette zone, a eu et a encore pour résultat de faire reculer les limites de la forêt.

Les nombreux lotissements rayent de la carte communale, non seulement des terrains destinés à l'agriculture, mais aussi des parties boisées qui faisaient le charme de nos villages.

Les rivières subissent le même sort ; tel cours d'eau a été rectifié ou tel autre ruisseau, aux méandres capricieux, décoré d'une flore des plus sauvages qui en faisait tout le charme, a été canalisé ou mis sous voûte qui n'en laisse aucune trace.

Notre village n'a pas encore connu ces dévastations, il conserve encore toute la pâture de ses bois et le charme de ses ruisseaux champêtres.

Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, des lotissements ont été réalisés, créant de nouveaux quartiers et certaines parties boisées en subirent les conséquences.


1. La VALLÉE de la BIESME


a)La Biesme


La Biesme, dénommée communément par nos villageois "la grande eau", est une des plus belles, peut-être aussi une des plus curieuses, des plus poétiques et des plus remarquables petites rivières de la région.

Son lit est, le plus souvent, environné de collines schisteuses couvertes de bois, où la nature domine encore dans sa beauté sauvage. Sur ses rives pittoresques, creusées dans de profonds replis du plateau, de puissants massifs calcaires se dressent en murailles presque verticales, dans la partie inférieure de son cours, en territoire de Presles.

La rivière aux eaux claires et limpides, clapotantes ou murmurantes, trace d'étonnants méandres qui font le charme d'une promenade et l'agrément des hameaux qui se reposent dans la paix champêtre.

Cette charmante rivière d'Entre-Sambre-et-Meuse prend sa source au plateau de Florennes et descend jusqu'à la Sambre où elle se jette près de l'ancienne manufacture des glaces de Sainte Marie d'Oignies.

Dans sa course, ses eaux arrosent Biesme, Gougnies, Sart-Eustache, Presles et Aiseau : communes des provinces de Namur et du Hainaut.

Si notre regard s'arrête un instant à contempler la majesté de la vallée, nous constatons que, dans l'antiquité, cet affluent de la Sambre avait un régime fluvial bien plus considérable que celui que nous lui connaissons actuellement.

Il faut remonter la chronologie des temps pour découvrir, dans de vieux manuscrits, qu'au Xe siècle, la rivière portait le nom de "Bebrona".

"in villa quae ex nomine fluminis decuvrentis nuncupatur Bebrona, monasterium construxit in loco nominato alio nomine Fossa" (XeS.)

"St Feuillen qui vivait au VIIe siècle vint fonder un monastère à Fosses, Bebrona, nom du ruisseau qui y coule."

"Venit in pago Lomancensis et mansit in villae quae dicitur Beverna, quae antiquitus data fuerat sancto Gereoni martyri Christi qui humatus quiescit in civitas Agrippine".

"BIESME - surnommée la Colonoise parce que ses terres auraient appartenu à l'église de St Géréon de Cologne.

Le vocable "Bebrona" s'est transformé au XIe siècle en "Beverna" puis en "Bevena" au XIIe siècle.

"Joannes de BEVERNA" cité dans une charte de 1161 et vers 1200, GISLEBERT, dans ses Chroniques du Hainaut, écrit : "Beverna quae Coloniensis dixcitur". "Malterus de BEVENA" cité en 1184 et dans les chartes de 1212 et 1226 du Prieuré d'Oignies, est cette mention "Bevena Coloniensis dicitur".

Il semblerait, de prime abord - beaucoup le pensent encore -, que notre rivière aurait tiré son nom du village de Biesme. Il n'en est rien, c'est la localité qui a pris le nom du ruisseau.

La suppression du "r" dans la forme "Beverna" a, sous l'influence de la langue romane, donné "Bevena" qui équivaut aux nombreux Bévène, Biévène, Bienne, etc., termes répandus en Belgique et à l'étranger.

Dans notre wallon, la suppression du "r" est assez courante pour des mots tels que terne, verne, borne qui deviennent tienne, vienne, bonne. La transformation de Bienne en Bieme s'est opérée au cours des temps.

Si nous nous rapportons à une étude de G. ROLAND, dans Ann-C-Arch d'Enghien, T6, nous pouvons dire que les lieux et rivières appelés du nom de Biesme, ou sous une forme similaire, servirent d'habitats aux castors, lorsque ces petits mammifères habitaient nos régions. Les castors les ont désertées, mais la rivière a gardé son nom.

Dans notre région, deux autres rivières du nom de Biesme, prennent leur source au même plateau de Florennes et descendent parallèlement vers la Sambre. L'une, après avoir arrosé Fosses, se joint à la Sambre à Auvelais, tandis que l'autre, venant de Gerpinnes, arrose Bouffioulx et Châtelet.

La similitude du nom des trois rivières "La BIESME" est frappante dans des endroits si proches les uns des autres. A toutes les trois, leur ancien nom est Bebrona.

Venant des grands bois, assis sur les territoires des communes de Gougnies et de Sart-Eustache, le Biesme fait son entrée au village de Presles, non loin du château de Sart-Eustache en passant sous le pont du Bas-Sart. De temps immémoriaux, ce chemin était dénommé "le grand chemin de Chastelet à Dinant" ou "l'vôye di Dinant". Normalement, les eaux de la rivière devaient traverser le chemin et, si un passage à gué a existé, un pont a dû le remplacer très tôt, car il est cité dès le XIVe siècle.

Jadis, les rivières n'étaient pas toujours pourvues de ponts comme maintenant ; les ruisseaux l'étaient moins encore. Lorsqu'on devait les traverser, il était nécessaire de rechercher un gué. Pendant la bonne saison, le passage à gué était assez facile à pied, à cheval ou avec des chariots ; mais, en périodes de grandes pluies, d'orages ou en hiver, la rivière, gonflée par les eaux ramassées au long de son cours, devenait torrent, le passage s'avérait difficile ou impossible ; parfois, on était obligé de faire de grands détours pour se rendre sur la rive opposée.

Le ruisseau, dit aussi d'Oret, avait des crues. A la saison des pluies et l'hiver, il charrie des eaux jaunâtres dévalant des campagnes, il grossit, devient violent et inonde nos rives ; pendant la bonne saison, ses eaux claires et limpides coulent calmement dans la vallée.

Le vieux pont de pierre du Bas-Sart fut détruit en 1940, lors de la retraite des Français, et fut remplacé par un ouvrage d'art plus large, de style moderne.

Sur la rive gauche, en bordure du chemin qui remonte vers Evresquoy, s'élèvent les quelques maisons vieillottes du hameau du Bas-Sart-sous-Presles. Dans l'une d'elles, la seconde après le pont, a été autrefois installée une "Franche Taverne", débit de boissons, libre de tous impôts.

Du pont à la grand' route de Châtelet à Fosses, la rivière coule, ombragée par des arbres d'essences indigènes (frêne, saule, aulne), croissant sur les berges parmi une végétation folle et sauvage.

Toute cette partie du cours d'eau fait la limite entre les communes de Presles et de Sart-Eustache et entre les provinces du Hainaut et de Namur.

Près de la fontaine dite "de la tonnelette", qui se trouvait vers la moitié de cette partie du ruisseau, une passerelle en bois, à l'usage des piétons seulement, reliait le sentier de la Couturelle (Presles) à la rive opposée en territoire namurois. Cette passerelle, tombée en ruine depuis quelques années, ne sera plus qu'un souvenir des temps révolus car le sentier est, lui-même, sur le point de disparaître.

La grande étendue de champs et prairies, que la vue embrasse en cet endroit, se dénomme "la Couturelle", elle descend en pente douce vers la rivière.

Sur la droite, le village de Sart-Eustache s'offre à nos regards et ses maisons, en majeure partie construites en matériaux du pays (pierres et moellons), sont rassemblées autour du clocher paroissial.

C'est sous une voûte que la Biesme traverse la grand' route.

Dans cette partie de la vallée, il n'existait aucune route reliant Presles au pays namurois. Il y avait bien le vieux chemin de Namur qui, s'amorçant au lieu-dit "la Drève", passait par l'ancien village de Presles et remontait vers la ferme de la Cahoterie pour gagner Le Roux et se poursuivre vers Namur.

Ce fut, pour les Preslois, un événement sensationnel en 1839 - 1840, que la construction de cette chaussée. Son tracé, dans toute une partie vierge d'habitations, traversait la vallée sur près de huit cents mètres et changeait sensiblement l'aspect du paysage paisible et tranquille.

Tout près du voûtement, la Biesme reçoit les eaux d'un de ses affluents : le ruisseau des Grand-Rys qui descend de Le Roux et côtoie le bois des Aulnois. Il est canalisé sous la route et vient se déverser dans la rivière, non loin de la limite territoriale Namur-Hainaut.

En cet endroit, pauvre en habitations, mais combien riche en essences sylvestres pleines de senteurs et vivant du bruissement des eaux, se trouvait, en bordure de la route, la maison natale de feu Monseigneur Lucien CERFAUX, prélat domestique de Sa Sainteté. La maison a été démolie pour dégager le tournant de la route lors des récents travaux (1970).

Puis, la vallée s'élargit, découvrant des sites admirables, rideaux de collines abruptes, rochers élevés couverts de végétations folles. Là règne un calme reposant dans une atmosphère pure, tout invite à s'arrêter pour jouir de la beauté de la nature. Ce site est digne, vraiment, d'être respecté.

Sur la rive gauche, le "Tienne des Pauques" (buis) s'élance d'un jet du fond de la vallée jusqu'au plateau couronné par "Le Charnoy", bois d'une dizaine d'hectares en cours de lotissement.

Plus loin, sur le "Mont" est assise "la Golias", ancienne cense seigneuriale ayant appartenu aux Comtes d'OULTREMONT, malheureusement ravagée par un incendie récent. Lui faisant presque vis-à-vis, le château-ferme dit "Les Longs Prés", construction moderne - réalisée vers 1935 par Rufin PIÉRARD, marchand de bois à Gilly - actuellement convertie en hôtellerie3.

Il faut, près de la ferme de Golias, remonter le chemin creusé dans les roches rouges du Dévonien Moyen (Poudingue de Naninne) et aller jusqu'au Coumagne. De là, la vue embrasse un vaste panorama dont les horizons se confondent avec le ciel dans le lointain. Le coup d'œil récompense de la montée.

Devant nous, tout près, s'étend la vallée, avec ses bois, ses coteaux, ses bocages, et sa cuvette enserrée de rochers, où se blottit le village, son église, son château. Au-delà de la Sambre, vers le Nord, Fleurus et les premières avancées de la plaine brabançonne ; à l'Est, les villages du pays de Namur ceinturant la cité fossoise ; au Sud, les horizons boisés du Sart, Devant-les-Bois et Mettet ; à l'Ouest, à l'avant-plan, le hameau des Binches qui s'étire vers Châtelet.

Du Coumagne, nous descendrons dans la vallée par une nouvelle rue qui a remplacé l'ancien sentier des "terres tayennes" qui courait dans la campagne de Golias. Toute cette partie, constituée jadis par des terrains de culture, a été urbanisée et nous admirerons le complexe de Belle-Vue et ses nouvelles constructions qui s'édifient tout à l'entour.

Vis-à-vis, le versant montagneux de la rive droite s'étend jusqu'au territoire de Le Roux. Toute cette partie est accentuée par les ressauts de la colline, garnis de bosquets broussailleux et de bois. La grande étendue boisée qui, vers l'Est ferme l'horizon, est formée par les bois de Chaumont et Maître PIRON, d'une superficie de près de cinquante hectares, où croît surtout le chêne.

Sur la bande frasnienne du Dévonien Supérieur, à l'emplacement des Vieux-Sarts, des maisons s'érigent, bâties sur un sol constitué par des schistes gris mélangés à des masses plus ou moins importantes de calcaire gris et dur. Ces terrains communaux, où la végétation pousse pauvrement, étaient naguère mis à louage : d'où l'expression "on va repasser les Sarts".

Ceux que la montagne ne fatigue pas, iront aux Vieux-Sarts, le coup d'œil en vaut la peine. De la Place Communale, il faut emprunter "li strôlette" (nous y reviendrons tantôt) et grimper le chemin qui monte à l'assaut de la montagne. Cette promenade, qui dure environ vingt minutes, est agréable à faire en observant la diversité de la flore. De plus, elle permettra, au fur et à mesure qu'on s'élève, de jeter un coup d'œil sur le centre du village tout proche et d'avoir une vue splendide de la vallée.

Sur cette partie, une des plus hautes du territoire, l'œil se portera vers le hameau des Binches, découvrira le lotissement de Belle-Vue et les maisons de guingois qui s'étagent sur les versants de la vallée du ruisseau des Larrons et celui des Waibes, les bois de Presles et de Châtelet fond une toile de fond à ce tableau riant.

On pourra continuer la promenade jusqu'au point culminant de la montagne et gagner Sart-Eustache ou Le Roux par les bois de Chaumont et Maître PIRON ou, en faisant un crochet à gauche, venir sur "Les Roches" (belvédère naturel qui domine la vallée) et, par un sentier de chèvre, rejoindre le point de départ.

Sous les "Vieux-Sarts", le long de la rivière, court une longue bande de prairie dénommée "Les Longs Prés". Au temps féodal, elle était frappée d'une corvée commandée par le seigneur du lieu.

Revenant des "Vieux-Sarts", le chemin ramène dans "li strôlette" (petite rue) (actuellement rue des Taillandiers) aux maison basses rappelant le passé de ce quartier dit "du Fourneau", d'où les forges et les ateliers ont disparu.

Il faut venir jusqu' à la rivière et voir le vieux pont. Cet ouvrage d'art qui, il y a quelques années, branlait de vétusté et dont la reconstruction s'imposait, complète la rue pittoresque de la Rochelle, que des travaux d'amélioration ont heureusement laissée telle.

Avant le XIXe siècle, la rue de la Rochelle était reliée à la Place Communale par une passerelle de bois jetée sur la rivière et réservée à l'usage des piétons. Celle-ci menaçant ruine, les autorités communales décidèrent en 1839 la construction d'un pont permettant aussi le passage, en tout temps, des voitures et des chariots. Il remplacerait le passage à gué qui se trouvait à une centaine de pas en aval. Ce gué était pourvu d'une rampe d'accès, qu'on pouvait voir encore sur la rive droite près de la maison CAILTEUR, à la rue de la Rochelle et qu'on dénomma "sentier de la Follerie" (foulerie) ; sur l'autre rive, le gué s'amorçait à la Place, près de la chapelle St Roch.

La construction du nouveau pont fut réalisée la même année pour le prix de 1050 F.

La Place Communale n'est pas ce que Presles a de plus beau. Guère plus large qu'une rue, elle va en s'évasant sur un bout, garni de l'Arbre du Centenaire que l'Administration Communale a jugé bon de planter là.

L'église paroissiale, ombragée d'acacias ou de tilleuls, en est absente. Il y a bien l'école communale, malheureusement sans cachet, et sa cour, veuve de son marronnier qui ne demandait qu'à vivre vieux et que le bûcheron a fait tomber en pleine jeunesse.

Isolée, mal placée, le chapelle dédiée à notre grand saint Roch est bien triste sans son saule pleureur ou ses deux peupliers légendaires.

Les services communaux sont venus récemment s'installer dans la maison de l'école, baptisée pour cette circonstance : maison communale.

Cette situation est due au fait que, il y a une bonne centaine d'années, ce qui était la Place du vieux village a été supprimée pour permettre l'aménagement du parc du Domaine de Presles.

Souhaitons que, dans l'avenir, lors des aménagements de la Place, on tienne compte de la beauté des sites environnants.

Avant de nous éloigner, jetons encore un regard sur ces bâtisses plus que centenaires. Sur le coin, au bas du raidillon qui remonte vers la route de Châtelet à Fosses, on voit une maison dont les façades viennent d'être remaniées. Elle a été occupée par ses propriétaires, M. et Mme. ABRASSART-SENTE, madame étant la dévouée secrétaire communale. Jadis, cette maison, avec ses annexes assises dans la partie comprise entre la rivière et la route, a été le siège d'une papeterie. Passé en plusieurs mains, cet établissement ne reprit plus ses activités après la guerre 1914-1918.

C'est près de l'ancienne papeterie que la Biesme reçoit les eaux d'un autre affluent nommé le ruisseau des Waibes, grossi lui-même par les eaux du ruisseau de la Fontaine des Larrons. Cet affluent qui coule à ciel ouvert, a été canalisé dans la partie du Chef-lieu jusqu'à son embouchure à la Biesme pour raison d'hygiène et de commodité publique.

Vers le Sud-ouest, "la Falige" domine, de ses masses calcaires frasniens, la route de Châtelet-Fosses qui la contourne. Le piton rocheux, massif énorme de calcaire qui émergeait de l'oasis de verdure et formait, en bordure de la route nationale, un site admirable digne d'être conservé, a été malheureusement détruit lors des grands travaux de 1973.

De la Place, on atteint les "Prés Burnaux" où la hache du bûcheron, il y a quelques années, a abattu les beaux sapins, ainsi que les grands peupliers qui bordaient la rivière. Les "Prés Burnaux" sont très anciens puisque déjà cités en l'an 1200.

Cette surface, presque plate, est occupée par des prairies qui, jadis, n'étaient traversées que par un sentier qu'un chemin a remplacé. Il réunit la Place à la rue qui conduit à l'église. Dans ce site reposant, mais par trop dénudé, admirons le groupe de marronniers d'âge respectable et la majesté de leur frondaison. Tout cet ensemble qui était en plein développement, il y a encore une trentaine d'années, donnait au visiteur un avant-goût du parc de Presles, tout proche4.

Pour atteindre le plateau, au lieu-dit La Drève, il suffit, au bout des Prés Burnaux, de franchir le pont de pierre et d'emprunter le chemin qui longe un mur tapissé de lierre, qui fait partie de l'enceinte du parc. Cette voie est un tronçon du vieux chemin de Namur, délaissé au profit de la grand'route. Son parcours se fait presque sous le couvert des futaies du parc, d'une part, celui d'un bois de sapins, d'autre part.

Cet endroit, plein de mystère et de solitude, est si beau qu'on croirait se trouver dans un site romantique. On s'attend à y voir paraître les gnomes et les fées des légendes.

Sur le plateau, la vue découvre la parure des champs et des bois, mais aussi un vaste panorama de terrils, de cheminées d'usines et de charbonnages de la vallée de la Sambre et du pays de Charleroi.

On reviendra, par ce chemin pittoresque, jusqu'au vieux pont de pierre, dit Pont de la Chambre, à cause de la Chambre communale qui était édifiée tout près. Avant d'y arriver, on s'arrêtera aux chapelles Notre-Dame de Bon Secours et de Saint Joseph et on jettera un regard vers l'église et le château. On admirera la rive droite de la rivière comprise entre les deux ponts et qui s'étage en amphithéâtre.

C'est une des plus belles parties de la vallée, bordée de hauts rochers couverts de bocages qui rendent le site remarquable avec, au pied du massif, les maisons de la rue de la Rochelle.

La vue, que l'on découvre de la crête au lieu-dit "Les Sarts", est aussi des plus jolies. Pour y accéder, du vieux pont de la Chambre, il faut emprunter, sur la rive droite, le chemin qui conduit vers la ferme de la Cahoterie (autre cense seigneuriale). Ce chemin en montée est un tronçon de vieille voie de Namur ; il n'est réellement carrossable que jusqu'à la ferme ; au-delà, en allant vers Le Roux, la promenade devient champêtre et forestière. Cette ferme est citée au XVIe siècle ; elle faisait partie du Domaine des seigneurs de Presles.

Des environs de la ferme, descend vers la vallée un chemin, plutôt une piste car on n'y passe guère. Ce parcours est d'autant plus agréable qu'il permet d'avoir une jolie vue du village rassemblé aux pieds du promeneur ; à mi-côte, à droite, on aperçoit un coin du parc et le château.

La descente des Sarts ramène à la rue de la Rochelle et, en passant par une venelle qui longe le Champeau, au pont de la Chambre.

De cet endroit, la rivière qui coule vers le Nord, poursuit sa course. Enclose dans le parc du Domaine de Presles, c'est la partie la plus belle et la plus sauvage de la vallée, mais l'autorisation du propriétaire est nécessaire pour y avoir accès.

Après avoir franchi la grille du parc, au détour d'une allée, on se trouve dans un agréable vallon où s'érige le château.

Dans les "Délices du Pays de Liège", SAUMERY parle du château - alors propriété d'Amour-Gabriel de LIERNEUX - dont il ne reste plus qu'une partie. La vieille église a été, elle aussi, démolie et reconstruite lors des transformations qui bouleversèrent ce quartier à la moitié du XIXe siècle, lors de l'aménagement du domaine de Presles.

Le château actuel a été commandé à l'architecte BALLAT, par les comtes d'OULTREMONT de Wégimont, dont le comte Émile avait épousé Isabelle, baronne de Presle, fille héritière de Théodore-Xavier de LIERNEUX, baron de Presle et dernier seigneur du lieu.

Conséquences des transformations, il ne reste plus grand-chose d'ancien, à part la maison près de l'église, les bâtiments occupés par les Sœurs du Tiers Ordre qui tiennent l'école, et ceux du moulin à eau qui ont remplacé le moulin banal.

La grande cense du château n'est plus qu'un souvenir et son dernier vestige, la grange, sauvée de l'incendie, a été aussi démolie.

Dans le parc, la vue s'arrête sur les bois qui tapissent les hauteurs d'où les rocs émergent en forme de pyramides, de cônes, de flèches, faisant de l'ensemble un décor remarquable planté d'arbres de toutes espèces.

Le paysage, nuancé par les feuillages de tons et coloris divers, s'étend de la cime des collines aux rives de la Biesme. Et, dans cet espace, se succèdent prairies, vergers, pelouses et terrains d'agrément.

Sous le château, une vaste pièce d'eau au milieu de laquelle émerge un îlot d'arbres qui rend le site encore plus grandiose.

En parcourant le chemin qui côtoie la rivière, sous les frondaisons du parc, dont le silence est rompu seulement par le chant des oiseaux et le clapotement de l'eau contre les rochers qui entravent sa course, nous arrivons dans un endroit où la vallée devient plus sauvage et se resserre en une gorge étroite.

Dans la partie Nord du parc, où nos pas nous conduisent, se trouvent les grottes de Presles, mieux connues sous le nom "Trou de Nutons". Bien connue dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, la légende rapporte que les cavités portant ce nom étaient habitées par d'habiles et mystérieux génies artisans.

À cet endroit, la vallée se rétrécit, les escarpements des rives sont abrupts ; des masses de calcaire carbonifère dressent leurs créneaux au milieu de la futaie et des taillis. Ces rochers font partie d'une bande de calcaire profondément bouleversée par de puissants mouvements tectoniques qui l'ont plissée, renversée et traînée en la fragmentant. Les fractures et les crevasses produites dans la masse calcaire, postérieurement agrandies et modelées par les eaux météoriques, ont produit ces cavités souterraines qui ont été appelées cavernes.

C'est dans ce "trou", sur ces rochers et le long de cette rivière que vécurent les premiers hommes, contemporains de ceux de Spy, cet autre habitat éloigné de Presles de quinze kilomètres seulement.

Les résultats acquis lors des fouilles des grottes de Presles permettent de conclure que l'homme préhistorique y a vécu, que sa race s'y est développée et que d'autres individus étrangers y sont venus fonder une colonie.

À cet endroit, nous sommes arrivés au point où la limite territoriale sépare Presles de la commune d'Aiseau ; laissons les eaux de la rivière continuer leur course vers d'autres destins.


b)Le ruisseau des Prés des Rys


Sa source jaillit dans les environs de la Taille des Fontaines à la limite de Presles et de Gougnies.

Mince filet d'eau claire, il s'élargit au fur et à mesure qu'il se développe en recevant le débit des petites sources qui ravinent dans ses berges.

Son cours sinue à travers bois, longeant le Tri Jean Roy et le bois du Douaire, puis à travers champs, il côtoie les terres CASBAC , les héritages d'Evresquoy. Ses méandres longs de deux kilomètres, font une limite naturelle entre Presles et Gougnies et sa course se termine sous terre dans le hameau du Bas-Sart, à la Biesme, vis-à-vis du château de Sart-Eustache.


c)Le ruisseau des Grands-Rys


Il descend de Le Roux, province de Namur. Long d'environ douze cents mètres, ses replis et détours limitent Presles et Sart-Eustache courant parallèlement à la route nationale.

Le ruisseau se jette dans la Biesme au lieu-dit "Bouilloire".


d)Le ruisseau du Fond de Coupe Gueule


Affluent de la Biesme, il descendait de Le Roux. Il est maintenant à sec.

Il coulait sauvagement dans un ravin et venait se jeter dans la rivière, non loin des grottes de Presles. Ce ravin, dû à l'érosion des eaux, montre des mégalithes volumineux assez semblables à des menhirs. Rassemblés dans une végétation folle et sauvage, ces monolithes chaotiques, recouverts de verdure, ont vraiment un aspect impressionnant.

Dans la solitude inquiétante de l'endroit, les hautes futaies qui y croissent et l'environnement rendent le site encore plus mystérieux.

Le ruisseau faisait la limite entre Presles et Le Roux.


e)Le ruisseau de la Fontaine des Larrons


Il vient du bois de Villers-Poterie, où il prend sa source. Il fait une limite naturelle entre les communes de Presles et de Châtelet, à travers bois.

Son cours, d'environ 3 kilomètres, aux innombrables méandres, traverse une végétation forestière riche en chênes et hêtres.

Abandonnant le couvert, il longe les prairies des terres COLLET et "Culot dou bos". Il venait se déverser dans un abreuvoir au chemin Tri Jean Roy, actuellement rue Grande.

Sa source a été captée en vue d'alimenter la commune en eau potable et ce n'est qu'à de très rares intervalles que le trop-plein des réservoirs alimente encore le ruisseau. Pour être plus précis, s'il y a encore un peu d'eau, elle provient des petites sources qui ravinent dans ses berges et de l'égouttage des terrains qui sont en forte pente en cet endroit.

De l'abreuvoir et d'une petite construction en maçonnerie pourvue d'une buse qui plongeait dans les eaux claires du ruisseau et faisait office de fontaine, il ne reste plus rien.

Le remaniement de la voirie et les travaux ont fait disparaître la mare et la fontaine semi-naturelle qui desservit longtemps le quartier des Binches.

La traversée de la rue Grande se fait maintenant sous terre.


f)Le ruisseau des Waibes


Il est la continuation du ruisseau précédent, passé la rue Grande.

Coulant du Sud au Nord, il longe les héritages du Bordinois et traverse des prairies jusqu'à la route nationale. Voûté sous celle-ci, lors de sa création, il se continue à ciel ouvert jusqu'à la rue des Waibes5.

Jadis, ce ruisseau devait avoir un débit d'une certaine importance, car il était dénommé "le Torrent".

Le Conseil Communal signalait, le 30 novembre 1854, un lavoir de mines sur le ruisseau dit le Torrent dans un terrain appartenant au Comte d'OULTREMONT, au lieu-dit " Pré des Minières", sous les Binches. Ce lavoir de minerai de fer avait été établi par Eugène de DORLODOT-HOUYOUX, maître de forges à Acoz.


g)L'eau de pluie


La quantité d'eau, tombant annuellement sur le village de Presles, est d'environ 700 à 800 mm.

Selon la carte pluviométrique de la Belgique, dressée par LANCASTER, la quantité d'eau tombant au Nord varie entre 500 et 800 mm. et, au Sud, entre 700 et 1300 mm.


h)L'eau


Jadis, il n'existait aucune distribution publique d'eau potable. La population s'alimentait à des fontaines, sources d'eau naturelles jaillissant du sol, donnant une eau limpide et claire.

Malheureusement, pendant les sécheresses, ces fontaines étaient à sec ou d'un débit insignifiant. La population devait avoir recours à l'eau de pluie.

Les maisons possédaient des citernes de grande capacité, pouvant contenir une réserve d'eau de pluie pour plusieurs mois. Il est à noter ici, que le village étant essentiellement agricole, l'eau de pluie n'est pas souillée par des poussières d'usines ou de charbonnages, comme dans les régions industrielles.

Pendant la période de l'année où l'eau était rare, les fermiers s'approvisionnaient au ruisseau d'Oret pour alimenter leurs bestiaux.

Le creusement de divers puits suppléa au manque d'eau des fontaines, mais, comme ces dernières, les puits ne donnèrent pas toujours satisfaction au point de vue quantité.

Des anciens puits communaux, tous disparus, nous en relevons un à la rue Haute, un à la rue de la Rochelle, un au Bordinois et un au haut des Binches.


i)Les fontaines


Ce sont de petites sources jaillissant du sol, dont les habitants usèrent longtemps pour leurs besoins domestiques. Comme elles ont été dénommées, nous avons tenu ici à les consigner et à les situer :


- Fontaine Thomas : se trouvait près du ruisseau des Waibes, à côté du Pré des Minières, vis-à-vis du tournant dangereux.


- Fontaine LAMBOT : il y en a deux :

1°) celle qui se trouvait derrière la maison de Charles LAMBOT, près du ruisseau dans le fond de la prairie de Gaspard GRENIER. On exécuta des travaux le 29/7/1900 pour y avoir accès.

2°) En 1901, il fut proposé de placer une pompe à la Rochelle sur un puits qui serait creusé sur la fontaine LAMBOT. Il devait avoir trois mètres de profondeur, les travaux ont été exécutés aux frais de la S.A. La Cartonnerie de Presles.


- Fontaine des Larrons : située dans le bois, son captage servit à l'alimentation des habitants (nous en reparlerons).


- Fontaine de la Goulette ou Goulote : à la rue Grande, près de l'abreuvoir. Les travaux de voirie ont tout anéanti.


- Fontaine du Fourneau : située rue des Taillandiers, une pompe fut placée en 1898 ; en 1901, on trouva nécessaire de faire enlever des saules se trouvant près de cette pompe. Il en reste des vestiges.


- Fontaine dèl' goètte : à la rue des Waibes, on creusa un puits avec pompe en août 1901 ; il reste des vestiges.


- Fontaine de fer : source encore en action au lieu-dit "terre COLLET" ; l'eau est de couleur rougeâtre, colorée par le minerai de fer qu'elle traverse.


- Fontaine dèl' tchenère : près de la Biesme, au lieu-dit " al bate".


- Fontaine magnelet : dans l'endroit dénommé "la briqueterie", près du chemin Terre à l'Onia.


- Fontaine dèl' tonnelette : dans le lieu-dit "Couturelle" au Bas-Sart près de la rivière.


- Fontaine du Grand Pachy : au hameau de Coumagne, dans le lieu-dit de ce nom.


j)Abreuvoirs, wez, basseset étangs


Pour mémoire, nous signalons l'abreuvoir du fond des Binches, qui était commun à la population.

Jadis, il se présentait sous la forme d'une basse joignant la route et n'ayant aucune gêne d'envahir celle-ci lors des crues du ruisseau des Larrons. Pour remédier à cet état de chose, un muret garni de grosses pierres plates fut construit et sépara l'abreuvoir de la chaussée, lui donnant l'aspect d'un bassin d'eau agrémenté de la fontaine citée ci-avant.

Construit il y a près d'un siècle, les travaux de voirie mirent un terme à son existence.

Au hameau de Coumagne, l'administration communale fit construire un abreuvoir. Le 5 septembre 1885, Émile ANCIAUX, entrepreneur à Presles, est déclaré adjudicataire des travaux d'approfondissement pour le prix de 90 francs. Le 23 septembre suivant, le sieur Pierre DAFFE, entrepreneur maçon de Presles, est désigné pour les travaux de maçonnerie pour le prix de 1.362 francs. Pour raison de salubrité, il a été désaffecté.

La ferme de Golias avait son abreuvoir particulier. Le plan POPP le renseigne sous le n° 104 C , d'une contenance de 2 ares 60, appartenant au comte Charles d'OULTREMONT.

La ferme de Roselies, appartenant au même, avait une mare d'eau de 7 ares 50 dans les dépendances du complexe agricole.

La population, qui avait fort à faire pour s'approvisionner en eau, avait tout intérêt d'aménager, où il était possible, un "wez", autrement dit une "basse" ou mare, sorte de petit étang qui retenait les eaux de surface s'écoulant naturellement du sol. Cette eau servait surtout à l'arrosage des jardins et à l'alimentation des bestiaux.

Ces mares furent nombreuses, grandes et moins grandes ; elles furent comblées pour cause de salubrité publique ou d'inutilité. Les emplacements ne sont plus que souvenirs du passé.

Pour mémoire, nous situons : le wez de la rue Al Croix, qui était adossé au pignon de la maison d'Alexis GRAVY-JACQUET, aïeul de votre serviteur qui, gamin, s'est bien amusé à pêcher à "maclottes" avec certains autres diables du quartier. Ce fut le dernier "wez" qui resta en usage et ne fut comblé qu'après 1930.

Celui de Pierre MOUSSET était situé devant sa maison, au chemin des "rualles" (rue des Haies). Florent POULEUR, propriétaire, premier échevin de la commune et régisseur du Domaine de Presles, l'a fait disparaiîre lors des agrandissements de son habitation.

Sous le château, le grand étang du parc est une belle pièce d'eau d'un hectare et demi ; il est alimenté par la Biesme. L'amenée d'eau se fait par un canal à ciel ouvert et est muni des pales qui en permettent la régularisation. Dans la partie la plus large de l'étang, a été aménagé un îlot où croissent des arbres de différentes espèces.

Signalons la pièce d'eau du château-ferme des Longs Prés créée avec l'aménagement des jardins qui encadrent cette demeure.

Citons la "basse LEPAGE" et la "basse du cuvlî" (WAUTHIER), anciens trous d'extraction de terre plastique qui se sont remplis d'eau et qui ont trouvé leur utilité dans les années et périodes sèches : ils se situent dans les terrains de la rue Al Croix.


k)La distribution d'eau potable


Le 1er mai 1905, une convention passée entre le comte Eugène d'OULTREMONT et les administrateurs communaux, donnait l'espoir aux habitants de voir se réaliser une distribution d'eau potable. Des travaux de captage, d'installation de conduites devaient être exécutés dans l'année en cours.

Par cette convention, la commune était autorisée à capter les eaux du groupe des sources existant dans le bois de la Haie des Potiers, sous Presles, bois appartenant aux comtes d'OULTREMONT et ce, pour l'alimentation des habitants de Presles et ceux de son hameau des Binches.

Selon les clauses et conditions, la concession était faite pour une durée de 99 ans, à raison de tirer 100 m³ d'eau par jour. Toute quantité qui restera après l'octroi devra être restituée au ruisseau des Larrons.

La commune étant tenue de fournir au château, le tiers de la quantité distribuée par les sources. L'eau devant être amenée des réservoirs, par une conduite, jusqu'au pied du mur du château.

Les propriétaires donnèrent tous les terrains pour le captage, la construction des réservoirs, le placement des conduites et autres appareils. La commune se chargea des frais de construction, d'installation et d'entretien de la distribution.

L'autorisation de capter les sources a été donnée par les propriétaires en vue de distribuer l'eau potable, gratuitement, aux habitants.

Un réservoir fut construit dans le bois pour approvisionner le hameau des Binches ; un autre fut édifié en bordure de la route de Fosses pour desservir le village. Le radier est établi à la cote 138, le plan d'eau à 186,40 m.

La distribution d'eau coûta, pour les travaux de captage : 8.730,74 FB ; pour les réservoirs et les conduites : 48.990,40 FB.


2. Les Bois


Les bois qui ceinturent le village achèvent de lui donner toute sa parure et créent une toile de fond naturelle qui enjolive le paysage circonscrit par les collines.

Si nous consultons les historiens, ils nous apprennent que, dans les temps les plus anciens, le pays était couvert de sombres et profondes forêts où vivaient nos ancêtres.

Des fouilles ont prouvé l'existence d'une population à Presles et dans les environs, dès les premiers siècles de notre ère. Certainement, cette population défricha déjà la forêt pour se créer des terrains de culture. Plus tard, les moines furent de grands défricheurs.

C'est ainsi que la grande forêt, dite Charbonnière, fut morcelée en bois restés, plus ou moins, vastes et parfois isolés au milieu de la campagne comme se présente une île au milieu de l'eau.

Le dénombrement de la terre à Presles fait mention de bois seigneuriaux et communaux à toutes les époques de l'ancien régime.

Il est sans conteste que, depuis l'an 1030, date à laquelle le village est cité, des seigneurs tenaient des prés, des terres, mais aussi des bois.

En 1202, le Chapitre de Saint-Lambert de Liège fait un partage de terrains, mais surtout de bois avec une dame du lieu. Dans l'acte de cette transaction, des bois sont nommés. De par ces citations, nous voyons que la situation n'a pas changé ou ne s'est guère modifiée au cours des siècles. Nous relevons des bois cités, en donnant leur situation :

 

1) Le bois de Buréal ou Burial s'étendait entre le château de Presles, la route des Binches à Pont-de-Loup et le chêne au Villers. Un sentier devenu chemin de campagne, partant de la route nationale, non loin de la Drève, s'est appelé du nom de Buriau, vulgairement c'est le "noir tchmin".


2) Le chêne au Villers est un endroit encore connu sous ce nom dans le parc de Presles, non loin de la villa belgo-romaine découverte à Aiseau, en 1877 et qui avait un diverticulum vers Gerpinnes. (voir D.R.S.A. Choi. T. IX)


3) Les Aulnois est un bois situé le long du ruisseau dit des Grand-Rys.


4) Le bois de Chaumont est limité par la Biesme et la grand-route, vis-à-vis des Aulnois.


En 1520, un seigneur de Presles faisait le relief du bois dit "le Fays", contenant 120 bonniers, les "quatre bosquets", le "périer 33 bonniers", bois que nous ne connaissons plus, ayant été défrichés au XVIIIe siècle.

Il faisait de même pour la "taille au dain", les "bois de Chaumont", du Charnoy et Maître Piron, faisant ensemble plus de cent bonniers et qui sont restés d'actualité.

Dans le texte du renouvellement de la charte, en 1591, sont cités : l'haye du long trix, la gérard haye, le tienne burlant.

Tous ces bois sont seigneuriaux et, sous l'ancien régime, les seigneurs profitèrent de plus des deux tiers de la surface boisée du territoire.


Dénombrement des bois.


Au village, la surface boisée a été des plus conséquentes par rapport aux terres et aux prairies. Des déboisements successifs (XVIIe et XVIIIe S.) ont réduit la forêt ; néanmoins, au XIXe siècle, il en restait encore un bon tiers du territoire.

Les dénominations et les contenances ci-après sont tirés des registres I et II, matrice cadastrale primitive de la commune, approuvée à Mons, le 16 février 1835. Les contenances sont déterminées en : B = bonnier, P = perche, A = aune. (Bonnier = Hectare, Perche = Are, Aune = Centiare. Ces dimensions, instaurées durant la période hollandaise, sont en vigueur depuis mars 1817.)


1. Le Fîte, 1 B - 27 P - 70 A, au hameau du Bas-Sart sous Presles, a été défriché et remis en culture en 1940.


2. Le Douaire, 1 - 98 - 70, bois sur la limite de Gougnies, a appartenu à la ville de Charleroi, vendu à un particulier.


3. Taille-Marie, 23 - 06 - 90, sur la limite de Châtelet.


4. Buriau, 41 - 95 - 60, idem


5. Haie-Cornaie, 0 - 15 - 60, bois isolé, reste d'un bois plus important.


6. Haie-Presles, 6 - 27 - 20, même remarque.


7. Bois Maître Piron, 23 - 44 - 20, vers la limite avec Le Roux.


8. Chômont, 48 - 85 - 10, vers la limite avec Sart-Eustache.


9. Casbac, 17 - 42 - 90, défriché et mis en culture vers 1900, était situé au hameau des Binches.


10. Charnoy, 3 - 47 - 50, bois isolé vis-à-vis du Fîte, en cours de lotissement depuis 1968.


11. Taille des Fontaines, 35 - 77 - 50, au hameau des Binches.


12. Minière aux Chevaux, 35 - 19 - 00, idem.


Bois qui sont enclos dans le parc :


1. Chêne-au-Ville, 55 - 02 - 70.


2. Taille-au-Dain, 18 - 57 - 60.


3. Le petit bois, 6 - 38 - 50.


4. Les Fosses du Long Try, 6 - 51 - 80.


5. Haye du Long Try, 5 - 20 - 10.

Ces nombreuses pièces boisées firent, ou font encore, partie du domaine de Presles. La commune ne possédait aucun bois. Jusqu'à présent, la quantité défrichée depuis 1835 est minime (moins de 25 bonniers) si on compare à d'autres localités.


VOIRIES


Notre localité possède un réseau de voies de communication formé de rues et de chemins vicinaux assez bien entretenus, mais parfois difficiles pendant la mauvaise saison. Ils étaient, ou sont encore, reliés entre eux par des sentiers ou "piédsentes" qui tendent à disparaître.

Jadis, les chemins étaient tracés dans le sol même qui devenait boueux l'hiver, poussiéreux en été. Au cours du temps, on remédia à cet état en faisant des empierrements, en creusant des fossés, ce qui assura un meilleur rendement de la voirie. À l'heure actuelle, les administrateurs se sont efforcés, et s'efforceront encore, par tous les moyens modernes mis à leur disposition, de créer une voirie praticable partout, en toutes saisons.


VIEUX CHEMINS, ANCIENNES ET MODERNES VOIES DE COMMUNICATION


Dans leur tracé actuel, les grands chemins sont, à peu de chose près, ce qu'ils étaient il y a deux ou trois siècles.

Au cours des ans, la dénomination peut avoir été changée pour certains, d'autres ont été tronçonnés, chacune des sections recevant un nom particulier.

 

1. Chemin de Châtelet à Fosses vers Namur.


Il existait bien longtemps avant la création de la grand-route nationale n° 22. Il venait de la Basse-Campagne de Châtelet, entrait dans le territoire de Presles au lieu-dit "la Drève". Il se dirigeait presque droit, jusqu'à la vieille Place du village (disparue) ; à cet endroit, il faisait un angle à droite, traversait le ruisseau d'Oret, remontait jusqu'à la ferme de la Cahoterie, passait devant elle et se dirigeait, à travers champs, vers le bois Maître Piron qu'il longeait jusqu'au territoire de Le Roux, puis gagnait Fosses et Namur.

L'aménagement du Domaine de Presles modifia son tracé ; la chapelle Notre-Dame de Bon Secours est bâtie sur l'emplacement du vieux chemin, la partie qui passait près de l'église et dans le vieux Presles a été détournée à l'extérieur du parc.

Au XIXe siècle, son parcours était divisé en sections dont nous relevons les dénominations :


- ch. de la Potterie = de la Drève à la rue Haute

- ruelle Jaucot = de la rue Haute au pont de la Biesme

- ch. Philippe Gilles = de la rivière à la rue de la Rochelle

- ch. Tienne Burlon = de la rue de la Rochelle à la ferme de la Cahoterie

- ch. Cahoterie etch. bois Maître Piron = de la ferme à Le Roux.


Plus tard, la partie comprise entre la Drève et la Cahoterie a été sectionnée en trois parties appelées : rues du Parc, du Pont etde la Cahoterie.


2. Chemin de Châtelet à Dinant.


2. Chemin de Châtelet à Dinant.


Venant de Châtelet, il croisait, au lieu-dit "Bergère", l'ancien chemin de Villers-Poterie à Pont-de-Loup, traversait les hameaux des Binches, Coumagne et Evresquoy, se dirigeant vers le Sart et les villages du namurois jusqu'à Dinant.

Il ne s'est guère modifié dans son tracé, mais s'est subdivisé en trois sections :

ch. Try Jean Roy = de la Bergère au Coumagne

ch. du Coumagne, dans ce lieu-dit et

ch. Couturelle, dans le Bas-Sart.

Son tracé se reconnait par les rues Grande, du Coumagne et de la Couturelle.


3. Chemin de Presles à Villers-Poterie.


Partait de la vieille Place du village ; il monte jusqu'au Coumagne et, croisant le chemin de Dinant, sinue jusqu'au territoire de Villers. Traversé par la route n° 22, il a été divisé vers 1860 ; ses sections s'appellent :

- Ch. Try du Couvreur = de la Place communale au carrefour du Coumagne.

- Ch. Maison de Pierre = du carrefour au bois.

- Ch. du Bois des Binches dit Chemin Vert = toute la traversée du bois.

Son tracé actuel est formé par les rue des Wespes et de Villers, la partie sous bois n'étant plus guère praticable.


4. Chemin de Villers-Poterie à Pont-de-Loup.


Voie de communication des plus anciennes : vraisemblablement un diverticulum romain.

Venant de Villers par les bois, il croise le chemin de Dinant à la Bergère, sépare Presles de Châtelet dans les lieux-dits "Buriau" et "Taille-Marie". Il s'est appelé Ch. au Pendu Buriau, Ch. des Précheux, vulgairement dit "el nwar chumin".

La partie de la Drève au bois de Châtelet s'appelle rue de la Bergère.


5. Chemin de Presles à Sart-Eustache.


De la Place communale, il grimpe le raidillon près des anciennes papeteries, se dirigeait sous la Golias vers le Bas-Sart à travers champs en effectuant une rude montée. Son assiette, sous la ferme, a servi, en partie, à établir la route n° 22. La partie montagneuse a été dénommée Ch. "Terre à l' Ognia".


6. Chemin des Vieux-Sarts.


Doit son nom aux Sarts communaux. En montée très prononcée, atteint un point des plus élevés du territoire, est connu par les récents lotissements.


7. Chemin de Presles au hameau des Binches.


Chemin local reliant l'ancienne Place au hameau, n'a guère changé d'aspect. Formé par la rue Haute et la rue Al Croix, fut coupé par la route n° 22, une partie est dénommée maintenant rue des Haies.


8. Chemin de Presles à Aiseau.


Partait de la vieille Place, traversait une bonne partie des terrains enclos dans le parc ; on n'en retrouve plus qu'une partie sur les confins du territoire. Il a été dénommé Ch. Chêne au Villers après 1860.

Son tracé va de la Drève à Aiseau en côtoyant le mur du parc.


9. Chemin de Châtelet à Aiseau.


Vient de Pont-de-Loup et longeait la Taille-Marie, séparant Presles de son hameau de Roselies. Il a servi à fixer la limite des deux communes lors de la séparation (1878).



CHEMINS SECONDAIRES


Chemin de Golias

Très vieux chemin local desservant la ferme, mais accessible à tous, reliait la campagne par la traversée des champs.

Chemin dessous les Roches

De la rue de la Rochelle à la ferme de la Cahoterie, en montée très accentuée ; on en est récompensé en admirant le magnifique paysage qui s'étend devant soi.


Chemin des Prés Burneaux

Ancien sentier devenu chemin, allant de la Place Communale à l'entrée du Parc en passant sous les vieux marronniers6 - témoins dignes d'être respectés par tous.


LES SENTIERS


Jadis, ces petites voies de communication ont rendu d'immenses services. Ils étaient très fréquentés par le commun peuple. Il n'était pas donné à tout le monde de pouvoir toujours se déplacer en voiture, alors celui qui devait faire un déplacement usait le plus souvent de ses jambes.

Le trajet, par les routes, était souvent long et fatigant, les sentiers faisaient gagner du temps et raccourcissaient le déplacement. Leur tracé tirait, généralement, au plus droit et au plus court vers le but à atteindre.

Bon nombre de sentiers ont été supprimés ou ont perdu leur utilité par le fait que la traction moderne ne permet plus de les utiliser.


Sentier de Charleroi à Dinant

Très vieille piste venant de Charleroi par les communes de Montignies (Neuville), Couillet, Bouffioulx, Châtelet, coupait de part en part le hameau des Binches et se dirigeait par Gougnies et les villages vers la ville de Dinant.

À Presles, les anciens, en voulant en désigner la direction l'appelait "el pissinte di Dinant" ou "el pissinte di Bouffiou", dénominations guère employées par nos contemporains.

Sa traversée dans le village a donné lieu à cinq parties dénommées selon les lieux-dits où se faisait le passage de cette voie :

1. Sentier Tienne Tinneu

Relie les rues de la Bergère et Al Croix en côtoyant l'emplacement d'un cimetière belgo-romain.

2. Sentier Tienne Colot

De la rue Al Croix au ruisseau des Waibes ; a été découvert par le siège du vicinal Châtelet-Fosses.

3. Sentier Maison de Pierre

Du ruisseau au chemin de Villers, débouche vis-à-vis de la maison citée. Cette petite bâtisse, cadastrée en 1812, en matériaux du pays, était désignée ainsi parce qu'une pierre encastrée dans la façade portait cette inscription "MAISON DE PIERRE". Cette maison a été restaurée en 1948 par Raymond SERWIER, alors échevin des travaux et ensuite bourgmestre de la commune.

4. Sentier du Grand-Pachy

De la maison susdite jusqu'aux dernière maisons du Coumagne et chemin de Golias. Les travaux de Belle-Vue ont rayés ce sentier de la carte.

5. Sentier Casbac

À travers champs dans ce lieu-dit jusqu'à la limite du territoire avec Gougnies.


6.Sentier Champ d'Obe

Prolongement, à travers les prairies, de la rue du Bordinois jusqu'à la rue du Calvaire. Il a été détourné, en 1950, par Octave PAQUET, pour rectification de limite.


7.Sentier Terre Tayenne

Continuation de la rue du Coumagne dans les terres de ce lieu-dit, jusqu'à la route n° 22. La chapelle N-D des Affligés était en bordure de ce sentier. Jouissance d'un vaste et magnifique panorama au point culminant de ce sentier qui est remplacé par une voirie moderne faisant suite et comprise dans l'aménagement de Belle-Vue.


8. Sentier des Longs-Prés

Remonte la Biesme depuis la "Batte" jusqu'à la maison CERFAUX (démolie). Le tracé était plus direct que les méandres de la rivière.


9.Sentier Chaumont

Doit son nom au bois qu'il longe depuis le sentier précédent jusqu'au confluent de la rivière et du ruisseau des Grands-Rys.


10.Sentier Couturelle

Du point de rencontre des deux sentiers précédents, traverse ce lieu-dit jusqu'au Bas-Sart. Une passerelle en bois enjambait la Biesme, mais ce sentier est devenu impraticable et doit être désaffecté.


11.Sentier de la Poterie

Du cimetière communal, se terminait en cul-de-sac à la "terre aux pierres", à 200 m. vis-à-vis de la chapelle N-D de Bon Secours. Légèrement montueux, on jouit d'une belle vue du village.


12.Sentier du Bas-sartaux Binches

Sentier vieux de quatre siècles, prenait naissance au Bas-Sart et venait de Coumagne, près de l'endroit où se rendait la justice ; avec la marche du temps, il a été tronçonné en trois parties :

1. Sentier Grenadier

De la dernière maison du Bas-Sart en venant du pont, traversait la campagne, longeait le Fîte (bois défriché) et débouchait vis-à-vis du chemin "Terre à l'Ognia".

2. Sentier Carlau

À travers champs, dans ce lieu-dit jusqu'au chemin de Golias. Il traversait "l'hornoie", appellation ancienne du bois du Charnoi.

3. Sentier des Cinq Bonniers

Du nom de ce lieu-dit traversait les terres jusqu'au Coumagne.


13.Sentier Haye Presles

Appelé aussi Sentier Haye Gérard, du chemin des Vieux-Sarts, grimpe jusque près du bois où il se termine en cul-de-sac, il desservait les héritages.


14.Sentier Chêne-à-l'Image

Très vieux sentier, raccourci du chemin de Namur ; prenait naissance au Tienne Burlon, passait sur le côté de la ferme de la Cahoterie, mais d'accès difficile et fatigant.


15.Sentier Peton

De la Cahoterie au territoire de Le Roux.


16.Sentier Barrière Chinoise

Venant de Pont-de-Loup, traversait les terres de "Buriau" et de la "Taille aux pourcias" (anc. Bois de Fays défriché) et venait jusqu'à la grille du parc au lieu-dit "la Drève". La raison de cette dénomination nous est restée inconnue ; les anciens la dénommaient plus simplement "el pissinte di pon-d'lou".

De la grille, s'embranchait un sentier allant aux premières maisons de la rue Al Croix et un autre rejoignait le sentier du Tienne Tinneu. La création de la route n° 22 doit avoir été la cause de la suppression de ces deux sentiers.


17.Sentier Taille-Marie

Traverse cette taille (bois) depuis le chemin de ce nom et va jusqu'au territoire d'Aiseau.


 

CONSTRUCTION D'UNE NOUVELLE ROUTE : LA NATIONALE N° 22


Il y a plus d'un siècle, ce fut, pour nos grands-parents, un évènement sensationnel et spectaculaire que d'assister à la construction de la grand-route de Châtelet à Namur.

Certes, le village avait bien ses vieux chemins et ses sentiers, mais cette nouvelle voie de communication allait complètement modifier l'itinéraire de l'ancien chemin de Châtelet à Namur, dans la traversée de Presles.


Arrêté qui en décrète la construction

La construction d'une route empierrée de Châtelet à la limite de la province, vers Fosses, formera le complément de la communication de Namur à Châtelet, autorisée par arrêté royal du 23 septembre 1838.

La longueur totale de la route à construire était de 5.733 mètres, se composant de huit alignements :

- Le premier, long de 181 m., aura son point de départ sur l'axe de la chaussée communale vers Gougnies et suivra le chemin de Châtelet à Presles.

- Le deuxième, long de 3.149 m., formera avec le premier un angle à gauche de 165° et se terminera entre la Drèveet le ruisseau des Waibes.

- Le troisième, long de 248 m., formera avec le précédent un angle à droite de 96°25.

- Le quatrième, long de 672 m., se dirigera à gauche, sous un angle de 45°50, et se terminera en deçà de la papeterie.

- Le cinquième, long de 280 m., s'inclinera vers la droite sous un angle de 119°.

- Le sixième, long de 300 m., fléchira vers la gauche par un angle de 174°40.

- Le septième, long de 535 m., formera avec le sixième un angle à droite de 166°10.

- Le huitième, long de 388 m., se dirigera à gauche par un angle de 107°10.

Ces alignements seront raccordés par des courbes d'au moins 50 m. de développement.

La route aura 10 m. de largeur, soit 5 m. de chaussée et 2,50 m. pour les accotements. Elle sera pourvue de talus selon les nécessités et de fossés sur toute sa longueur.

Les travaux furent adjugés, en 1843, pour la somme de 107.900 F., mais la dépense totale atteignit 157.413 F. Décrétée d'abord route provinciale, elle fut bientôt cédée à l'État sous la condition que la Province jouirait, pendant 90 ans, du produit des barrières.

Dans sa traversée de Presles, la route avait une longueur de 2.750 m.


Droit de barrière ou octroi

Par arrêté royal du 14 novembre 1844, et dès sa mise en service, cette chaussée fut dotée de deux postes d'octroi. Le premier à 160 m. de la plaque Châtelet à concurrence de 200 m. vers Presles. Le second, au débouché de la ferme Golias, à environ 4000 m. du premier, avec concurrence de 200 m. vers Presles et 50 m. vers la limite.

La taxe était perçue selon les tarifs en vigueur sur les routes de l'État et on percevait le droit entier dans les deux sens. L'État supprima l'octroi par arrêté royal du 3 septembre 1867.


Quelques souvenirs

La barrière-octroi établie sur la route à Châtelet se trouvait près du "Wez Bajole", vis-à-vis de la fabrique de produits réfractaires BERTRAND-DELESSENNE. Le petit bâtiment faisant office de bureau ne fut démoli qu'après 1920.

Celui de Presles fut démoli bien avant ; le préposé en fut Pierre-Joseph MARCHAND, cabaretier.


Très tôt, on vit s'édifier, le long de ce nouveau chemin, des maisons. Une des premières fut certainement celle de Pierre MOUSSET, maçon, qui reçut l'autorisation de bâtir une maison, avec grange et écurie, le long de la route en construction, le 2 octobre 1839. MOUSSET ouvrit une auberge où on logeait à pied, à cheval et en voiture. Cette propriété passa, par succession, dans la famille POULEUR, ce qui lui a valu d'être rebaptisée "maujo Pouleur" par les Preslois.


La route qui, depuis Châtelet, était bordée d'arbres magnifiques, faisait une belle promenade ombragée que les citadins de Châtelet et Châtelineau d'avant 1930 aimaient faire le dimanche, pendant la bonne saison. Comme leurs frères de la Drève, la maladie inexorable décima les ormes de la route qui perdit sa beauté et sa parure.


Quelques arbres, vieux et solitaires, restèrent longtemps plantés au bord de la route, tel l'ancêtre qui veille sur la génération qui le remplacera ; ils semblaient être les gardiens des jeunes arbres qu'ils voyaient se développer et grandir et qui étaient appelés à les remplacer quand l'heure de disparaître, à leur tour, sonnerait à l'horloge du temps.


Les nouvelles plantations composées d'essences diverses : frêne, érable, platane, se développèrent et enjolivèrent de nouveau le ruban routier.


Classée route de grande communication, sous le n° 22, elle relie Mons à Namur et Liège. Cet itinéraire de moyenne Belgique unit ainsi les régions de la grosse industrie, le Borinage (région de Mons), le bassin houiller et métallurgique de Charleroi et la vallée de la Meuse qui, entre Namur et Liège, abrite de nombreuses et très importantes usines sidérurgiques.


Les nombreux moyens de locomotion et la circulation devenant toujours plus intense, l'État songea à faire quelques travaux d'amélioration. Le Tournant, dit "dangereux", fut élargi et dégagé des terres qui obstruaient la vue, et un parterre fleuri enjoliva l'endroit. Les tournants de la Falige et de dessous Golias furent améliorés.


Sous la conduite des Ponts et Chaussées et de Léon MICHAUX, entrepreneur à Châtelet, ces travaux furent réalisés au cours des années 1948 à 1950.


De nos jours, la circulation intense, les transports de tonnages de plus en plus forts, obligent l'Etat à faire de grands travaux de rectification et d'élargissement. À Presles, la maison Cerfaux a été victime de ces travaux et fut démolie, d'autres aussi, ainsi que le piton rocheux de la Falige.


Plusieurs fois, la route eut l'insigne honneur de supporter le passage du "Tour de France". Cette manifestation sportive fut, pour la route et notre village, un évènement sensationnel, car une foule aussi grande dans notre localité est rare.


Années de guerre et de misère, 1914-1918 et 1940-1944, par deux fois la route vit déferler les hordes des envahisseurs allemands et, par deux fois, les vit repasser vaincus, poursuivis par nos libérateurs.


Puisse-t-elle ne plus rester que le simple maillon de la chaîne routière qui unit les villages aux villes, les pays aux pays comme devraient s'unir les peuples, les uns aux autres.




RÉFLEXIONS SUR LA PLACE DU VILLAGE


Nous l'avons déjà souligné, la Place communale de Presles n'a pas la joliesse de tant de places communales de villages de l'Entre-Sambre-et-Meuse.

Nous ne trouvons rien en ce lieu qui rappelle la bonne vie communale de nos grands-parents, de l'époque où leurs masures se blottissaient autour de leur clocher et où la Chambre commune voisinait avec l'atelier du "marchau" et le cabaret du "tchaurlî".

La Place Communale, la vraie, celle qui existait encore il y a une bonne centaine d'années a été rasée de ses habitations, le terrain nivelé, travaillé et aménagé en jardin d'agrément, aujourd'hui enclos dans la propriété des comtes d'Oultremont.

Il faut donc bien se contenter de l'actuelle Place Communale où se font, maintenant, les festivités locales, le premier dimanche d'octobre, la "ducasse" suivie, le lundi, de la représentation de la "Lumrodje", scène folklorique burlesque sur laquelle nous reviendrons.

Jadis, à la bonne saison, des luttes ballantes opposaient bien souvent des parties étrangères à nos joueurs locaux. Ces manifestations sportives faisaient accourir des supporters qui discutaient les coups en buvant force pintes de bière et des petites gouttes de "pèkèt", dans les nombreux cabarets installés autour de la lace, pour consacrer la victoire ou atténuer la défaite.

Des luttes acharnées s'organisaient entre amis sur l'aire des jeux de quilles, installés devant la porte de certains estaminets. Ces combats pacifiques, où les bons mots et les réparties savoureuses fusaient de toutes parts, se prolongeaient parfois si tard, que certains "enragés" jouaient encore à la lueur des chandelles ou d'un crasset fumeux. À l'intérieur du cabaret, d'autres joueurs, de couyon ou de piquet, ne ménageaient pas leurs cris, ponctués par des coups de poing sur les tables de bois blanc. Toute la vaisselle de la maison en vibrait.

Pendant ce temps-là, des couples enlacés valsaient au son de la viole ou de l'harmonica. Dans l'atmosphère emplie des fumées de tabac, la "commère" servait les clients tandis que, derrière son comptoir, le cabaretier bedonnant riait sous sa grosse moustache et comptait ses "mastoques" et ses "gros sous", écot des grands et des petits verres ingurgités par les soiffards.

Telle pouvait être la vie, un dimanche du temps passé, sur la Place du village.

Mais hélas, la salle basse, avec ses fenêtres garnies de rideaux à petits carreaux et ses tables de bois de frêne, a fermé ses portes. L'aire du jeu de quilles s'est laissée envahir par les herbes folles, et la branche de sapin ou la botte de genêts qui raclait la muraille ne nous invite plus, comme jadis, à entrer prendre un verre. La joyeuse musique des violes et des harmonicas s'est éteinte et les sauteries se sont perdues.


CADASTRE


C'est l'ensemble des documents qui, dans la commune, définissent les propriétés foncières et servent à la répartition de l'impôt foncier.

En 1818, la commune fut divisée en quartiers et un dénombrement des maisons est fait :

Quartier du Bas-Sart : 7 maisons Quartier du Fourneau : 14 maisons

Quartier de Golias : 1 ferme Quartier de la Place : 19 maisons

Quartier des Binches : 35 maisons Quartier de la Rochelle : 31 maisons

Quartier rue Haute : 12 maisons Quartier de Roselies : 41 maisons.

Lorsque P. POPP établit le cadastre de la localité, sa superficie était de 1.065 ha 43 ares 20 ca.

Il divisa le village en trois sections :

A. dite de Roselies : 512 parcelles

B. dite du village : 481 parcelles

C. dite des Binches : 709 parcelles.

Le tout était tenu par 364 propriétaires.

A cette époque, le territoire se partageait à peu près ainsi :

Presles (la commune) : 20 ha 99 a 20 ca Charleroi (les Pauvres) : 4 ha 67 a 10 ca

Presles (Roselies) : 33 - 64 - 70 Châtelet (les Pauvres) : 10 - 58 - 90

Presles (les Pauvres) : 0 - 55 - 10 Sart-Eustache (église) : 0 - 12 - 40

Aiseau (la commune) : 3 - 02 - 10 Domaine de l'État : 6 - 30 - 00

Domaine des comtes d'Oultremont : 745 ha 67 a 00 ca

Le restant se répartissait entre les propriétaires habitant la commune et étrangers.

Relevé du nombre de propriétaires ayant :

0 à 5 ares = 43 50 ares à 1 hectare = 60

5 à 10 a = 53 1 ha à 2 ha = 35

10 à 50 a = 147 2 ha à 5 ha = 12

plus de 5 ha = 5

Relevé du nombre de propriétaires possédant une maison :

1 maison = 163 4 maisons = 3

2 maisons = 27 20 maisons = 1 (le comte d'Oultremont)

La majorité est représentée par des propriétaires exerçant une petite profession, des ouvriers ou des journaliers.


DÉPENDANCE ADMINISTRATIVE


La commune de Presles fait partie de l'Arrondissement administratif et judiciaire de Charleroi, canton de Châtelet. Avant la Révolution Française, le village dépendait de la Principauté de Liège, tandis que ses hameaux de Roselies et Évresquoy (Bas-Sart) relevaient du Comté de Namur.

Ces deux groupes formaient deux communes ou communautés, comme on disait alors ; néanmoins tout cet ensemble était sous la juridiction du seigneur de Presles et de la Cour de Justice locale.

Par arrêté du 14 Fructidor, An III (31 août 1795), le Comité de Salut Public de la Convention Nationale porta à la connaissance du peuple que le territoire de la Belgique (les anciens États) serait divisé en départements et que Presles, avec d'autres communes, serait intégré à celui de Jemappes, canton de Châtelet. Les localités suivantes formèrent ce canton : Presles, Châtelet, Châtelineau, Bouffioulx, Couillet, Aiseau, Farciennes, Pont-de-Loup, Gerpinnes, Loverval, Montignies-sur-Sambre, Marcinelle, Dampremy, Lodelinsart et Gilly.

Le village restera acquis à la Province de Hainaut jusqu'à nos jours, mais le canton de Châtelet sera remanié : Châtelet, Acoz, Aiseau, Bouffioulx, Châtelineau, Farciennes, Gerpinnes, Gougnies, Joncret, Lambusart, Loverval, Pironchamps, Presles, Roselies, Pont-de-Loup, Villers-Poterie.


SITUATION ÉCONOMIQUE


Du point de vue économique, l'exploitation et le travail de la pierre, celle des bois, des terres plastiques et des sables, les forges et les taillanderies, la culture et l'élevage procuraient, sur place, du travail à tous les habitants.

Cette situation, qui durait depuis toujours, changea brusquement après la Première Guerre mondiale. La proximité du Pays de Charleroi, bassin houiller et métallurgique de premier ordre, les moyens et les facilités de communication ont amené nombre de Preslois, employés et ouvriers, à chercher du travail hors de la commune.

Néanmoins, une grosse majorité rentrait chaque soir à son foyer.

Après la Seconde Guerre mondiale, on assista à une incitation à la vente des terrains ; des étrangers s'établirent à demeure ou pour la bonne saison sur le territoire de Presles. Un peu partout, nous voyons maintenant s'élever de nouvelles constructions dont les occupants ont élu domicile dans la commune.

Cette situation n'est pas prête à s'arrêter, car des lotissements sont en voie de réalisation et d'autres succéderont dans l'avenir. De ce fait, d'une part, augmente le chiffre de la population, d'autre part, il transforme la physionomie des lieux.

Les transactions immobilières de l'avenir modifieront encore le site et les lieux, ils effaceront peut-être encore bien des endroits et les vieux vocables se perdront : vieilles dénominations locales chères à nos aïeux.


L'EVRESQUOY DE PRESLES


Comme les fragments d'un puzzle que l'enfant assemble pour reconstituer une image, les bois, les terres, les prairies traversées par des ruisseaux, des chemins, des sentiers sont les fragments réunis par la nature ou par l'homme et qui forment un village et ses hameaux.

Toutes ces parcelles portent généralement des dénominations propres dont l'origine remonte parfois à des époques fort éloignées.

Si des vocables se sont maintenus, d'autres, par contre, se sont perdus. Il devient alors quelquefois bien difficile d'en fixer la situation.

Le plan cadastral de la commune, dressé par P. POPP, est des plus intéressants du point de vue de la répartition terrienne au siècle dernier. L'auteur y a consigné des lieux-dits et, notamment, celui d'Evresquoy.

Rares sont ceux qui, aujourd'hui, connaissent l'Evresquoy et qui pourraient en fixer les limites. Ce vocable, s'il n'est pas tout à fait perdu n'est plus guère utilisé.

Il faut d'abord situer géographiquement ce lieu-dit. De l'hôtel "Les Longs Prés", sis entre la grand-route de Fosses et la rivière "La Biesme", nous descendons la prairie jusqu'à ce cours d'eau. Nous le remontons pour nous arrêter vis-à-vis du château de Sart-Eustache. De cet endroit où la Biesme, dite aussi ruisseau d'Oret, reçoit le ruisseau des Prés des Rys, nous côtoyons ce dernier jusqu'à sa source. De ce nouveau point, nous tirons par monts et par vaux une ligne plus ou moins droite jusqu'à notre point de départ.

Toute cette surface se trouve située en Province de Hainaut et forme, en majeure partie, le hameau de Bas-Sart à Presles. La Biesme fait la limite entre Presles et Sart-Eustache et entre les provinces de Hainaut et de Namur. De son embouchure à sa source, le ruisseau des Prés des Rys sépare Presles de Gougnies.

La ligne que nous avons tirée traverse, en territoire preslois, deux vallées plus ou moins accidentées.

Toute cette surface est traversée actuellement par deux grandes voies de communication. Il n'en a pas toujours été ainsi. Jusqu'à la moitié du XIXe siècle, une seule route traversait l'Evresquoy.


"et est grand chemin jusque alle justice de prelle et allant a chastelet et est passant desseur le charnoy devant le fays (1591)"

(Renouvellement de la Charte de Presles en 1591. Les bois de Charnoy et du Fays sont cités en 1520 dans un dénombrement de la seigneurie de Presles (Arch. Et. Liège, seigneuries féodales, reg. 80 f° 82). Le Fays a été défriché au XVIIIeS. Les terrains donnés à l'agriculture sont connus sous la dénomination "terres casbac". Le bois du Charnoy est en voie de lotissement)


Ce grand chemin s'est dénommé, au XVIIIe siècle, le grand chemin de Châtelet à Dinant. Dans son tracé actuel, il est resté à peu près tel que Ferraris l'a renseigné sur la carte (vers 1775).

Au point de rencontre de la ligne que nous avons tirée et du chemin de Dinant, s'embranche une voie secondaire dite "chemin de Terre à l'Ognia". Elle était connue antérieurement comme : "une yssue de ville au mont allant en everscoy" (1491).

Appelé au XVIIIe siècle "chemin de Presles à Sart-Eustache", il desservait Evresquoy et reliait les deux communes.

L'Etat Belge créa la route n° 22 vers 1839-1840.

Outre la grande voirie, il existait deux sentiers fréquemment employés au temps jadis.


Du premier, la charte dit en 1591 : "une pisente commenchant a liebrois et allant parmy les rapois par chafontaine et jusque a everesquoy" (*).

(*) Les raspes et Chaudefontaine, lieu-dit touchant au bois de Chaumont - anc. pays de Liège.

Au XIXe siècle, ce sentier est dit "de la Couturelle". Il prenait naissance à Evresquoy, au pont du Bas-Sart et, à travers "la Couturelle", se dirigeait vers la Biesme, là où se trouvait la maison natale de Mgr CERFAUX ; il traversait la rivière et se continuait sous le bois de Chaumont (*) ; par les Longs Prés, il permettait de gagner le chef-lieu du village. (*) Cité en 1202. S. Bormans, cartulaire de l'église St Lambert de Liège, T. I, pp 127-128.

 

Du second, nous lisons : "une pisente qui vient du pont du sart passant a l'armoulin et revenant selon un courtils d'everscoy jusque au grand chemin qui vat a prelle par desseur l'olneau".


Au siècle dernier, ce sentier est dit "du grenadier", il s'embranchait sur le vieux chemin de Châtelet à Dinant, au pignon de la dernière maison du hameau du Bas-Sart, en venant du pont de la Biesme. Il traversait la campagne d'Evresquoy jusqu'au bois dénommé"le Fîte", actuellement défriché, qu'il longeait jusqu'au chemin duCoumagne, vis-à-vis du chemin "Terre à l'Ognia". Il se poursuivait ensuite vers le hameau du Coumagne et passait non loin du lieu où se rendait la justice. Ce sentier permettait de rallier, soit le chef-lieu du village, les Binches ou Châtelet.

L'Evresquoy représente une surface de plus ou moins cent hectares. La partie bâtie est insignifiante. À l'heure présente, les nouvelles constructions ne s'érigent que lentement dans cet endroit.

Au XIXe siècle, quatre maisons seulement viennent s'ajouter aux quatre feux de l'Evresquoy du XVIIIe siècle.

L'Evresquoy présente des collines en pentes douces. Elles sont recouvertes, en majeure partie, de pâturages et de terres de culture. Les pièces boisées étaient de petites étendues, il n'en reste plus que des vestiges.

Pour l'histoire d'Evresquoy, c'est un relevé des cens et rentes du comté de Namur, au XIIe siècle, qui forme le point de départ. À ce temps, Evresquoy fait partie du domaine namurois : en 1294, le comte de Namur levait des tailles sur les habitants de ce fief.


"Evrescois, si a li cuens se taille con prendt a le st remy de chascune kerue, 2s ; d'omme qui at un cheval, 18d ; de manouvrier 12d ; de la veve feme, 6d ; si vat par an 12s, cresit et abaise". (*)

(*) P.P. Brouwers, L'Administration et les Finances du Comté de Namur Cens et Rentes, T. I, p. 278 ; T. II, p. 381.


Nous traduisons : En Evresquoy, le comte de Namur, Jean 1er, prend les tailles à la St Remy. Toute charrue payera 2 sols ; tout propriétaire d'un cheval, 18 deniers ; l'ouvrier travaillant de ses mains payera 12 deniers et la femme veuve 6 deniers. Ce fief vaut tout ensemble, plus ou moins, par an une taille égale à 12 sols.


Ceci permet de dire que le fief d'Evresquoy était bien peu peuplé à cette époque : trois ou quatre feux tout au plus ; à la chute de l'ancien régime, il n'avait guère prospéré.

 

Pour le XIIIe siècle, nous n'avons pu réunir que les taxations suivantes :

"bernard d'evrescois pour 7,5 bonniers ; feuillin d'evrescois pour 1 mesure ; jakemind d'evrescoit pour 1 capon 2 deniers". (*)

(*) P.P. Brouwers, o.c. ; T. II, pp 367-371.


Fin du XIIIe siècle, les comtes de Namur exercent leur souveraineté sur cette terre. En effet, alors que Presles appartenait à la Principauté de Liège, Evresquoy était du comté de Namur.

Toutefois, et ce fut cause de confusion, les seigneurs de Presles tiendront le fief d'Evresquoy, avec celui de Roselies et de l'avouerie de Presles, celui-ci relevant de la Cour Féodale de Liège et celles-là du Souverain Baillage de Namur.


Jadis, l'Evresquoy se délimitait à peu de chose près ainsi :

Partant du lieu-dit "Les longs Prés", et laissant de côté les bois de "Chaumont" (qui sont liégeois), il atteignait la Biesme. Cette rivière, jusqu'au pont du Bas-Sart, et le ruisseau des Prés des Rys, jusqu'à sa source, séparent Sart-Eustache et Gougnies d'Evresquoy.

De la source, une ligne qui s'infléchit vers le Nord fait la limite de l'Evresquoy avec la seigneurie de Presles. Elle laisse à l'Est les terres namuroises de la Couturelle et d'Evresquoy, le bois dit "le Fîte" et les prés du "Tienne des Pauques". À l'Ouest, ce sont les terres liégeoises du lieu-dit "Casbac", le bois du "Charnoy" sous lequel passe le chemin "Terre à l'Ognia", juridiction de Presles et les dépendances de la ferme seigneuriale de "Golias" sous lesquelles nous retrouvons le point de départ.


***


Nous terminons ici la transcription des "Notes sur l'Histoire de Presles" qu'Ernest GRAVY a écrites entre 1960 et 1977.

ASBL Patrimoine Preslois 2016


1 Lecture et publication faites en février 2016

2 Philippe POPP (1805-1879) : Né à Utrecht (NL), il devient employé au cadastre en 1827. En 1830 il est contrôleur du cadastre à Bruges et est naturalisé belge. Cartographe, il est l'auteur d'un ATLAS CADASTRAL PARCELLAIRE DE LA BELGIQUE édité vers 1860. Cet atlas est encore utilisé particulièrement lors de recherches patrimoniales.


3 Abandonné et en ruines actuellement (février 2016)

4 En 2005, les 9 marronniers centenaires ont dû être abattus pour des raisons de sécurité.

5 Rebaptisée à tort « rue des Wespes ».

6 (N.d.l.r. : abattus depuis en raison de leur caractère dangereux)

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