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En parcourant Presles

En parcourant presles
Du XIXe aux années 1980


Ndlr. Textes inédits dErnest GRAVY composés lors de ses promenades et observations. Il nous conduit dans les rues de Presles et des Binches en nous apportant maintes précisions tant géographiques que sur la vie quotidienne de ses habitants au fil des générations.

Il est essentiel de savoir que lorganisation géographique du village a été complètement changée lors de la modification du château au milieu du XIXe siècle.

Avant cela, le cœur du village se trouvait aux abords de l’église et du château. C’est par cela que l’auteur commence sa description.

On comprend aisément que les plus anciens bâtiments soient construits en moellons de calcaire prélevés dans les carrières locales et que, par la suite, la brique devint le matériau utilisé habituellement.

Il est très important de se souvenir que ce texte a été écrit au cours des années 1970-80.

 



*****



Ancienne structure des rues de Presles

De l’ancienne place du village dite Place du Chef-Lieu, il y avait donc :

  1. un chemin qui allait (par les rues du Pont, Haute, - Haies - Al Croix) jusqu’à la Bergère1, où il pouvait se continuer vers Villers-Poterie ou Châtelet ou Sart-Eustache ;

 

  1. un chemin qui allait (par les rues de la Rochelle, remontait le raidillon où en bordure sont édifiées les anciennes maisons Ursmer BOURLET et Adrien BRACHOTTE-JACQUY, actuellement CRISPIELS, MICHAUX, HOSTENS ; la rue Mgr Cerfaux était jadis un chemin privé appartenant au comte d’OULTREMONT, signalé par les grosses bornes de pierres, frappées de leur monogramme O P qui sont toujours en place ; et en partie sur l’assise de la rue de Fosses, jusqu’au débouché du Chemin Terre à lOgnia2, pour gagner Sart-Eustache par la rue du Bas-Sart ;

 

  1. un chemin qui venait par les rues de la Rochelle, ou Haute, montait vers le Coumagne par les rues des Wespes et du Calvaire. Il continuait à travers les bois de Villers-Poterie ou Gougnies ;

 

  1. un chemin qui venait par la campagne de Châtelet, passait au lieu-dit La Drève, gagnait en descendant la Place du Chef-lieu, se continuait par « Les Fosses » (ou rue du Pont et Terne Burlon3) vers la cense de la Cahoterie en se dirigeant vers Le Roux et Namur. Il était appelé le « Grand Chemin de Cha(s)telet à Namur » (voir ci-après extraits du Conseil com­munal) ;

 

  1. deux chemins se dirigeaient vers Aiseau. L’un allait par la vallée de la Biesme, l’autre se situant dans la partie haute (du parc) pour gagner Aiseau ou Roselies ;

 

  1. un chemin qui venait de Châtelet au lieu-dit « La Bergère », continuait jusqu’à Sart-Eustache, comme va la rue Grande actuelle. Il était appelé le « Grand Chemin de Cha(s)telet à Dinant ».

 

  1. un chemin qui venait de Pont-de-Loup par la campagne jusqu’au lieu-dit « La Bergère », continuait à travers les bois pour gagner Villers-Poterie et Gerpinnes. Il était appelé le « Grand Chemin de Walcourt ».

 

Nous pouvons encore prendre en considération le chemin des Vieux-Sarts, de la Cahoterie, de Golias, voies de circulation secondaires qui anciennement desservaient les censes seigneuriales mais avaient aussi leur utilité publique.

Sur ces grandes voies de circulation, se greffèrent des sentiers, nombreux au temps passé, utilisés par les anciens, et dont la plupart, si pas tous, sont tombés en désuétude, nos contemporains ne pouvant plus y circuler avec les engins mécaniques mis à leur disposition.

Le fondement des rues de Presles peut nous faire remonter loin dans l’Histoire ; celui qui sait observer, s’y arrêter, découvrira dans les rues du village du charme, de la poésie, du pittores­que, du romantisme qui le retiendront, toutes choses qu’il ne trouvera pas dans la banalité, l’uniformité des cités modernes.



Extrait du Conseil communal du 11 février 1853

« Chemin n° 5 dit de la Cahoterie ou du « Thiene Bourlon »

« L’ancien chemin pour ainsi dire impraticable n’avait que 4 mètres, celle de 5 mètres (sic) est suffisante attendu que ce chemin n’est plus fréquenté que par quelques propriétaires de parcelles de terrains sur les Fosses, Fond de Coupe Gueule, Cahoterie, considéré comme issue de campa­gne ».



Extrait du Conseil communal du 29 juin 1855

« Le chemin de Gerpinnes à Tamines est déclaré « chemin de grande communication » sous condition que M. d’OULTREMONT (comte Charles) en fera les frais de construction et d’entretien sur le territoire de Presles ».



Extrait du Conseil communal du 18 octobre 1863

Convention au sujet du chemin de grande communication d’Aiseau à Gerpinnes.

« M. d’OULTREMONT versera 150 Fr annuellement au profit de la Commune pour être libéré de la charge d’entretien de ce chemin. L’entretien de la Drève est à la charge du comte ».



Extrait du Conseil communal du 19 octobre 1852

« L’empierrement du chemin n° 1 dit de la Drève de Presles vers Châtelet et Bouffioulx, depuis le village jusqu’à la rencontre du territoire de Châtelet au chemin dit des Précheux à Pont-de-Loup ainsi que du chemin dit de la Barrière Chinoise au Chêne au-Ville depuis la Patte dOie jusqu’à la limite du territoire d’Aiseau.

« Le 1er 1474 mètres, et le 2e 1503 mètres seront constamment entretenus et réparés en bon état de viabilité par et aux frais de M. le comte, sans intervention de la caisse communale de Presles.

« Ce à quoi il devra s’engager tant pour lui que pour ses héritiers ou ayant cause. … »

Cette clause ne fut pas respectée et ne l’est plus actuellement.



Rue de l’église

Cette rue va depuis la rue du Pont jusqu’à l’église, où elle se termine en cul-de-sac.

L’église dédiée à Saint Remi, de Reims, patron de la paroisse, est citée en l’an 1445. Cette citation ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’église avant cette date.

La communauté presloise du début du XIIIe siècle, était desservie pour le spirituel, par des religieux d’Oignies (Aiseau) qui obligatoirement, selon la teneur des documents (chartes du Prieuré) étaient tenus de venir y célébrer des offices.

Antérieurement, en 1202, un document émanant du Chapitre Cathédral de Liège, fait mention d’un prêtre desservant ou curé.

L’édifice du culte, qui avait d’abord été restauré au début du XIXe siècle, fut finalement démoli et reconstruit en entier lors de la construction du nouveau château de Presles.

Ces grands travaux de construction et d’aménagement de l’église, du château et de son parc modifièrent sensiblement, sinon complètement l’aspect des lieux en faisant disparaître en cet endroit la plupart des maisons de la Place du village.

Car, l’église de jadis avait son porche où se trouve le chœur actuel et ne faisait pas corps avec le château. De par cette ancienne disposition, il était possible d’en faire le tour et une rue conduisait à la Place, là où se trouve une partie de la pièce d’eau du château.

Et de l’ancienne Place, un bout de rue donnait accès à deux ponts jetés sur la Biesme. Les ponts franchis, un chemin se développait parallèlement à la Biesme, allant en aval vers Aiseau, en amont vers les Prés Burnaux (voir article rue du Pont).



Extrait du Conseil communal du 12 juillet 1854

Changement de direction d’un chemin vers l’église.

« L’entrée de l’église se trouverait au lieu de la Place publique et serait indiquée par une belle porte surmontée d’une croix... »



L’église actuelle est une construction assez particulière de style classique portant, au-des­sus du porche, la date de 1854 qui serait celle de la reconstruction.



Du vieux cimetière qui entourait l’église, il ne reste plus qu’un terrain garni de quel­ques arbustes, par où se fait l’accès depuis 1869, au caveau funéraire de la famille d’Oultremont.

Le monument aux soldats preslois morts pour la patrie, au cours des deux guerres mon­diales, ainsi que deux monuments rappelant le passage à Presles des curés Arthur HECQ et Lucien BOISDENGHIEN, qui se trouvaient dans le cimetière communal, ont été déplacés dans cet endroit.



Parallèlement à ce coin de verdure, une allée qui va en cul-de-sac conduit au vieux calvaire qui selon les anciens serait celui qui se trouvait à l’entrée du champs du repos, et aurait été réédifié au fond de cette impasse.

Parmi les moellons de pierre soutenant les terres de l’ancien cimetière, il en est un possé­dant les caractéristiques d’une « tête de mort ». Selon les anciens, cette roche aurait été apportée des grandes carrières de Presles et déposée au pied de la croix du calvaire.

Cette pierre, dit-on, avait des propriétés magiques et bénéfiques pour calmer les douleurs rhumatismales. Il suffisait d’y frotter l’endroit malade du corps pour se sentir soulagé.

Vis-à-vis du porche de l’église, s’ouvre une porte en fer, à deux battants, qui donne accès au parc.

En passant dans des jardins d’agréments, on découvre la magnifique construction qu’est le château de Presles (œuvre de l’architecte Ballat) commandée par le comte Charles d’OULTREMONT.

En cet endroit, les jardins, les pelouses, les futaies, les rochers, les eaux ne déparent pas la maison comtale, bien au contraire toutes ces choses associées l’une à l’autre rendent le site agréable et grandiose 4.

Il faut franchir la voûte d’entrée et se trouver dans la cour d’honneur pour pouvoir admirer l’architecture de la façade principale du château et de ses annexes, les jardins français, les terras­ses et le quadrilatère des bâtiments, restes de la maison seigneuriale du XVIIIe siècle, qui sans jurer, détoner dans la nouvelle construction ont été conservés et agencés pour l’utilité des pro­priétaires.

Un mur du « vîy tchestia » (vieux château) s’aperçoit de l’extérieur lorsqu’on vient à l’église.

Un bâtiment ancien enclos dans le parc fut, en 1846, aménagé pour la fondation d’une école pour filles (le village n’en possédant pas) qui serait dirigée par des sœurs du Tiers Ordre de saint François (succursale de Macon). (…)



Extrait du conseil communal du 11 février 1853

« Le comte a établi à Presles une école gratuite pour les filles tenue par des sœurs reli­gieuses, un hôpital pour les vieillards pauvres, malades et infirmes5 ».

Nos aïeux appelèrent cette institution « le couvent », après, ils en vinrent à la dénomination « école des sœurs ou des filles ».

Un siècle plus tard, un bâtiment annexe pour les classes gardiennes dut être construit vis-à-vis des locaux primitifs. Il fonctionna un temps ; des classes furent aménagées à l’étage du pre­mier complexe regroupant ainsi toutes les sections dans un seul local.

Près de l’école dans un grand jardin enfermé par des murailles, le PRESBYTERE ou la CURE, en retrait de la rue, a remplacé au début du XIXe siècle, la maison du desservant qui s’érigeait non loin de là depuis le XVIe siècle (Charte de Presles – 1591).



Conseil communal du 14 novembre 1854

Échange du jardin du presbytère.

« Jardin de 3 a.18ca. Section B. N° 272 contre 4a 16ca Sections B. n° 206 – 208 – 209 – 210 – 211 »

« Le jardin sera ainsi agrandi et de forme plus régulière. Les murs seront solidement construits aux frais du comte, avec une hauteur égale à ceux du parc ».

Les maisons (1 et 2) qui appartiennent à la famille d’OULTREMONT furent jadis la pro­priété de Pierre WAUTHIER, né à Presles en 1795, qui épousa Cécile BAUDELET. Ce sont de très anciennes demeures, témoins de ce qui reste du vieux Presles en cet endroit.

Ce complexe échut à leur fille Anne, épouse de Joseph CARLY, qui y installa un cabaret, la population dénomma ce complexe « lès maujos Carly ».

Par après on y trouvera la famille POCHET, dite « dou Soyeû » (scieur de long) qui conti­nua le cabaret. Une fille nommée Thérèse « li blanke dou Soyeû » épousera Nestor YERNAUX. Ils habiteront cette maison jusqu’à leur mort.

Ce sera aussi dans cet immeuble qu’habitera le garde-champêtre Gaston MISSON, qui décéda en 1969, ayant servi la commune pendant vingt ans, et son épouse Espérance LOSSON, qui, elle, habite toujours dans l’ancienne maison de Paul MAINJOT, dit « laveûle » à la rue des Wespes.

Actuellement, cet ancien complexe, dont les terrains environnants sont agencés en jardin d’agrément, sert de résidence aux demoiselles Marie-Chantal, Antoinette et Anne, comtesses d’OULTREMONT.

Vis-à-vis, de la cure, entre deux thuyas, une petite chapelle dédiée à saint Pierre, édifiée en 1862, rappelle à nos souvenirs Pierre WAUTHIEZ et Cécile BAUDELET, jadis propriétaires de ces lieux. Cet édifice a été déplacé, il se trouve maintenant à l’intérieur de la propriété des demoi­selles d’OULTREMONT.

Il y a cent cinquante ans, lorsque les travaux d’aménagement du parc anéantirent la Place du Chef-lieu avec tout ce qui s’y trouvait, les administrateurs communaux qui y possédaient une Chambre communale durent pourvoir à un nouveau local. Pour l’édifier, ils portèrent leur choix sur un terrain vierge faisant le coin de la rue de lEglise avec la rue du Pont.

En construisant, ils profitèrent des travaux pour y adjoindre une salle qui servirait d’école. Ce local ouvrait sa porte sur la rue de lEglise, il avait tout au plus cinquante mètres carrés de surface.

Dans cette salle, chaque année, plus ou moins quatre-vingts enfants (filles et garçons : l’enseignement communal était mixte comme il l’est encore présentement) s’entassaient pour sui­vre les cours.

Le maître Xavier MARC dirigea d’abord cette école, après lui Joseph BANCU assura la charge jusqu’en 1870, date à laquelle cette école fut transférée dans un nouveau complexe, avec une habitation pour le maître, qui a été construit sur la nouvelle Place communale.

Le local n’ayant plus son utilité première fut loué à un nommé Jean-Baptiste GILLE, qui s’y installa comme cabaretier pendant quelques années.

Les administrateurs reprirent ce local en l’annexant à la maison communale, afin d’y entre­poser du charbon et du matériel, notamment la pompe à bras servant à éteindre un incen­die.

Le complexe (4) formé par une maison et des annexes, joignant la Chambre communale et l’école fut jadis habité par une famille JACQUET, descendante d’une souche déjà établie au XVIe siècle.

Au cours des temps, diverses transformations se succédèrent et donnèrent au complexe un caractère plus rural que celui d’une demeure habitable.

La maison (3) avec dépendances où, au siècle dernier, habita Guillaume TILMANT fut reprise par un apparenté nommé Émile GENOT, qui y installa un cabaret. Son fils Edmond GENOT continua et ferma le débit de boissons avant 1914.

Après lui y habitèrent Julien MOLLET, qui passa la guerre de 1914 en France, avec son épouse Éloïse LAMBOT et leur fils. Nommé garde-champêtre en 1904 Julien MOLLET, décéda en 1937. Son fils Julien, facteur des postes, quittera cette maison pour aller habiter à Roselies avec sa famille.

C’est dans cette maison que réside Fernand LOESCH, cantonnier communal retraité, né à Morhet le 16 octobre 1909, et son épouse Céline THOMAS, née à Sibret le 25 septembre 1914.

Vis-à-vis, les anciens bâtiments ruraux (4) ont été aménagés pour recevoir des élèves de l’école Saint Joseph, ainsi que dans la salle de l’ancienne Maison communale.

L’aspect de cette rue est resté tel depuis cent cinquante ans, mis à part les travaux d’amélioration comportant notamment un espace en retrait à usage d’un parking pour autos, ces changements furent entrepris et finis en 1978.



Rue Notre Dame de Bon Secours

(…)

Cette rue a les caractéristiques d’un chemin n’offre rien de bien particulier, sinon que son parcours donne au visiteur l’illusion de se trouver dans un site romantique.

Sous le couvert des futaies du parc qui est à droite, et celui d’un bois de sapins qui lui fait vis-à-vis, le chemin court le long d’un mur tapissé de lierre qui fait partie de l’enceinte du domaine de Presles.

Cet endroit qui est plein de charme, de solitude et de mystère est si beau que l’on aimerait y voir paraître les gnomes et les fées des légendes.

Cette voirie pourrait se comprendre comme la prolongation de la rue du Pont ou de la rue Haute vers la Drève, mais jadis, ce tronçon détermina le tracé du vieux chemin de Châtelet à Namur avant la construction de la grand-route de Châtelet à Fosses.

Appelé au XVIe siècle « Chemin de la Poterie », en raison de l’extraction de terre plastique qui se faisait dans ce lieu, il conduit à la chapelle de Notre Dame de Bon Secours érigée au siècle dernier par les comtes d’OULTREMONT et à leur maison-conciergerie de la barrière, dite de la Drève.



Rue du Pont

Conseil communal du 16 octobre 1859

« Déplacement du pont établi au centre du village sur le ruisseau de la Biesme pour le reporter 10 à 12 mètres en amont ; reconstruction aux frais du comte ».



Conseil communal du 10 novembre 1859

« Aux deux extrémités les chemins n° 1 et n° 5 seront détournés pour être raccordés au nouveau pont (mieux construit, plus facile et plus commode). Les détours des chemins ne consis­tent qu’en changement de direction des courbes ».



Il s’agit de l’ancien chef-lieu, où le passage de la Biesme se faisait sur deux ponts qui ont été supprimés lors de l’aménagement du parc (voir la carte de l’ancien chef-lieu).

L’un des ponts sera reconstruit aux frais du comte. En amont, ce sera celui que nous connaissons encore de nos jours.



Cette rue est formée par deux tronçons que sépare la Biesme. Pour donner accès de part et d’autre et au débouché du chemin qui vient des prés Burneau, un pont en pierre fut construit sur la rivière. Populairement, ce pont fut appelé « li pont dèl Tchambe » en raison que non loin de là, fut bâtie la maison communale (voir ci-dessus, l’article qui concerne le pont).

L’aspect de cette rue ne s’est guère modifié depuis plus de deux cents ans, c’est-à-dire que du pont (côté rive droite) on remonte vers la rue de la Rochelle ; tandis que du côté rive gau­che, la rue va en montant jusqu’au cimetière communal de la rue Haute.

Près du pont est édifié un calvaire qui a remplacé un monument semblable, dit « li bon diè Djîle » propriété de la famille GILLES établie en cet endroit, il y a deux cents ans et plus. Selon les anciens, un gros tilleul qui croissait près de cet ancien calvaire aurait été abattu.



Conseil communal du 12 mars 1856

« J.B. GILLES, maintenir l’excédant de largeur du chemin n° 5 à cause d’une chapelle et tilleul des Gilles ».

Décision du Conseil : « la chapelle sera supprimée, mais l’arbre qui croît sur un terrain communal peut être supprimé ».

Érigé en bordure du chemin sur la rive droite près de la rivière, le calvaire dit « Bon diè Djîle » fut renversé par un attelage du château et les comtes d’OULTREMONT réparèrent le dommage en élevant un nouveau calvaire, là où il se trouve sur l’autre côté de la rue, le marquant de leur monogramme, les lettres O et P entrelacées signifiant Oultremont-Presles

Quant au vieux calvaire, « li Bon diè Djîle » ses représentants ne s’occupèrent pas de le remettre en place.

Dans l’immeuble (1) habita Philippe GILLES, né à Presles en 1764, qui épousa Françoise WAUTHIEZ, née à Presles en 1771. Philippe était fils de Pierre J. GILLES, né à Presles en 1723 et de Marie-Catherine ROMAIN, tous descendants d’une famille vivant et établie au village au XVIesiècle. Ce tronçon de la rue du Pont était encore au début du XIXesiècle dénommé « Chemin Philippe GILLES ».

La surface de terrain comprise entre la dite rue du Pont, la rue de la Rochelle et la ruelle du Champeau a été tenue en propriété par des représentants de la famille GILLES.

Ce sera dans cette demeure (1) que la veuve de Joseph BOHON, née Marie-Thérèse MARLIER, « bateûse di matelas » (cardeuse de matelas) passera le restant de ses jours.

Sur la terre dite « le Champeau », la doctoresse HORBAN a fait construire une maison moderne en 1979-1980 (10).





Dans le complexe (3) se situant près de la ruelle du Champeau, avant 1850, presque tout l’héritage susdit, 25 ares plus ou moins, était tenu par Jean-Baptiste GILLES, cultivateur (cité ci-dessus).

De ce complexe, il fut fait deux maisons. Dans celle touchant à la ruelle, une école dis­sidente (sic) fut installée sur la fin du XIXe siècle. Il y a une dizaine d’années, on pouvait encore voir le mot ECOLE en tuiles rouges se détachant du toit fait de tuiles noires.

Cette école ne prospéra pas, elle voulait éliminer la religion de l’enseignement. Elle fut dirigée par un nommé Frère Joseph, instituteur, qui était borgne comme l’instituteur communal M. Joseph BANCU.

Les maisons étant parvenues à la famille des comtes d’OULTREMONT, elles furent alors occupées par les ménages dont un membre de la famille travaillait au château.

Nous citerons, entre autres dans la première, Gustave BOHON, menuisier au château et sa famille, puis Théodore MAINJOT qui épousa Eugénie FRÉDÉRIC, aussi serviteur au château.

Dans la seconde maison, Ghislain CHAPELLE, maçon, et son épouse Rosalie « Maurico » TILMANT, ce sera dans cet immeuble que vint au monde Maurice CHAPELLE.

Après eux, venant de Mettet, Martin HUBERT, varlet (valet de ferme) au château et son épouse Hortense POUSSEUR et sa famille.

Le complexe (2) fait office de conciergerie et de logement des gardes du Domaine de Presles, à leur temps y résidèrent Joseph GUYAUX RAQUET.

Un bout de rue dénommé maintenant rue du Parc ne sert qu’à desservir la conciergerie, le château et l’ancien moulin, dont nous relevons les tenanciers : HENIN Pierre et son épouse DEMANET Adrienne (1830) ; PONSART Alexandre (1860) Camille DEVIGNE (1900) et son épouse « Tantine dou Soyeû » Constantine POCHET, qui fut le dernier meunier du moulin du château.

Les bâtiments du moulin après sa désaffection seront occupés par Joseph BOHON, maî­tre valet du château et son épouse LAPLUME Sidonie, et sa famille.

Depuis 1978, l’ancien moulin est occupé par Marcel MAMBOURG-BAY, fils de Marcel MAMBOURG-BERTRAND, fermier-cultivateur.

     

  • Du Pont de la Biesme à la Rue Haute

Ce tronçon de la rue du Pont, autrefois nommé ruelle Jaucot paraît être resté désert jusqu’au XVIIIe siècle, moment où l’on observe la construction de maisons vis-à-vis de la rue de lÉglise.

Près du Pont, sur la rive gauche de la Biesme, une forge (4) était en activité, déjà citée en 1591 (renouvellement de la charte de Presles du 3 juillet 1591, copie déposée par moi aux Arch. Et. Mons.)

Cette forge restera en activité jusqu’après 1870, car le bruit du « maka » (marteau-pillon) dérangeait les enfants de l’école établie à la rue de lÉglise (Archives communales de Presles, non classées).

De cet établissement industriel, il ne reste plus rien.

Le complexe (5) qui appartient à la famille d’OULTREMONT, fut d’abord habité par son propriétaire nommé Charles CLOUET, conseiller communal en 1836. Son fils Louis CLOUET continuera le cabaret établi par son père et fermera les portes de cet établissement vers 1890.

En son temps, tout ce complexe bien situé près du vieux chemin de Cha(s)telet à Namur, était appelé « Le Relais » où on pouvait se restaurer et loger à pied ou « affener » son cheval ou ses chevaux si on voyageait avec une voiture ou un charriot.

Dans cette maison, au début du siècle, habitera le régisseur du château, nommé Joseph GUILLEMAIN, son épouse Marie et leurs enfants Julia, Gaston, Henriette et Alexandre.

Cette famille quittera la maison pour aller demeurer Place communale, dans la maison attenante à la papeterie-cartonnerie, occupée actuellement par Mme Marie-Louise SENTE, veuve de M. ABRASSART.

Après le régisseur, Gustave BOHON « madjustèr » clerc-chantre et menuisier au château l’habitera avec sa famille jusqu’au jour où il cessa ses activités pour se retirer dans l’ancienne mai­son BAUDELET, sur la Place communale, où il décèdera.

Tout le complexe de l’ancien « Le Relais » sera repris par Madeleine, comtesse d’URSEL, veuve du comte Paulus d’OULTREMONT, elle y réside tou­jours.

Le complexe suivant (6) formé par deux demeures a été tenu en propriété par un nommé Jacques SACRÉ, dont la fille Adèle épousa le menuisier Albert BETTE. Ce ménage habitera à la Rochelle étant propriétaire de deux maisons. Jacques SACRÉ, veuf, cohabita avec le garde fores­tier François ÉTIENNE, célibataire.

À la mort de SACRÉ, les immeubles parviendront à sa fille.

Ce sera dans l’une d’elles qu’habitera Georges DEWAERT, avant d’être le censier de la Cahoterie.

Dans l’autre, Éléonore PATERNOSTRE viendra établir son cabaret lorsqu’elle quitta celui qu’elle tenait déjà à la Drève.

Cette personne appelée « Nonore Dwèyen » par ses concitoyens était l’épouse de Jean-Baptiste DOYEN, et fut la belle-mère de Gustave BAUDELET, en son temps secrétaire communal et « madjustèr » clerc-chantre, qui épousa Mathilde DOYEN.

Le cabaret « Nonore » qui était bien achalandé fermera ses portes comme tant d’autres, et la maison passera en diverses mains.

La Chambre communale de l’ancien régime, qui se trouvait sur la Place de lancien chef-lieu, étant appelée à être démolie par suite des travaux d’aménagement du parc, c’est en 1829, que les administrateurs communaux réalisèrent la construction d’une nouvelle maison communale, sise rue du Pont.

Il était plus courant aux anciens de dire « li tchambe » ou « li maujo comune ».

Le bâtiment fut rénové en 1875, dans l’état que nous connaissons. Le perron et les esca­liers n’existaient pas primitivement (Archives communales de Presles, non classées).

Ce sera dans ce local abritant les services communaux que les édiles siègeront pendant trois quarts de siècle.

L’ampleur croissante des services administratifs les obligera à chercher un local plus spa­cieux qui sera trouvé en attendant mieux, dans le complexe d’une maison sise sur la Place com­munale (complexe actuellement ruiné par un incendie).

Le bâtiment communal devenu libre fut l’occasion pour le « Cercle Paroissial Mgr Cerfaux » de s’y loger en créant dans le complexe une salle de patronage avec un café où se dérou­leront des fêtes et où se tiendront des réunions.

Cet établissement fermera ses portes vers 1974, le local de nouveau libre, fut aménagé pour recevoir une classe de l’école des Sœurs (école St Joseph).

Un nouvel immeuble s’édifiera à côté de la Maison communale en s’agrandissant des dépendances de l’ancienne propriété JACQUET.

Cette maison (7) était habitée en 1914 par Camille DEVIGNE en son temps tenancier du moulin du château et joueur de balle renommé. Les DEVIGNE-POCHET habitèrent cette maison avec leurs enfants : Ernest qui décéda accidentellement en s’empalant sur une fourche dans le fenil, après 1918.

Sa sœur Angèle, et son mari Ernest SCAILLET, œuvreront dans la culture, les bâtiments ruraux serviront à loger leur bétail et leurs denrées.

Actuellement, cette maison est occupée par Mlle SALMAIN, qui s’occupe de la régie du Domaine de Presles.

Après 1860, dans une maison (8) en face du cabaret « Nonôre Dwèyén » et adossé au cabaret d’Edmond GENOT s’établit comme cabaretier Julien TILMANT qui avait épousé Claire GENOT. Comme cette femme était de petite taille, il n’en fallut pas plus pour désigner l’établissement « èmon li ptite Claire ».

Le cabaret ayant fermé sa porte, cette maison deviendra particulière.

En leur temps y habiteront Camille ZICOT et son épouse Jeanne PRETER.

C’est au bout du jardin de cette maison qui longe la rue que la chapelle Saint Joseph a été édifiée en 1874. Sa fondation en revient à la famille DOUILLET qui déjà avant 1830, et après habita une maison à la Rochelle, au lieu-dit « Sous-les-Roches » maintenant dénommée rue de la Cahoterie. Cette demeure est habitée par René CUJAS et son épouse Julie MAINJOT et leurs enfants. Cette maison appartenant à DELENS, père de Christian DELENS, fabriquant des « Étains de Presles », rue Al Croix.

La construction dans cette rue ne s’est guère propagée et cela pour diverses raisons.

Du pont de la rivière jusqu’à l’ancienne maison communale, le mur d’enceinte du parc délimite la rue.

À gauche, ce sont les maisons susdites avec des jardins, et les Prés Burnaux qui étaient jadis, derrière des rangées de sapins.

Au temps passé, un passage venait de l’église à la chapelle Saint Joseph en côtoyant une muraille qui se reprenait à la rue du Pont et se continuait jusqu’à la chapelle Notre Dame de Bon Secours et la Drève. Cette muraille enclos les jardins et le parc encore aujourd’hui.

Le cimetière communal installé en 1867, sur un terrain à la Rue Haute a dû être augmenté deux fois. On reconnaîtra la partie la plus ancienne par les murailles construites en moellons de pierres, tandis que les parties ultérieures ont été enceintes par des murs en briques.

Suite à ces agrandissements, le cimetière occupe une surface de terrain dont deux côtés se situent en bordure de la rue Haute et de la rue du Pont.

Dans les murs des rues susdites, un grillage toujours ouvert permet l’accès au cimetière.

En raison de toutes ces choses établies à demeure et qui restreignent l’emplacement pour construire, la physionomie de la rue est restée telle quelle depuis cent ans.

Néanmoins, vis-à-vis de la chapelle Saint Joseph une habitation a été édifiée en 1964, elle appartient à Guy MAINJOT (9).



Rue Haute

Cette voie de communication était déjà reconnue en l’an 1591, sous l’appellation de Chemin de Presles au hameau des Binches.

Elle déterminait un parcours compris entre la Place du Chef-Lieu et le lieu-dit « La Bergère ».

Cette dénomination se maintiendra jusqu’après les années 1800.

Ce sera plus tard, lorsque la Route Nationale 22 sera construite que ce chemin sera divisé en deux tronçons déterminant d’une part la rue Haute et d’autre part la rue Al Croix.

Les anciens du terroir reconnaissaient cette voie, en disant « auzès rouwales » (ruelles) même « auzès wôtes rouwales » qui sans conteste était un chemin étroit se profilant en situation élevée.

Maintenant la rue Haute ne désigne plus que le tronçon s’embranchant sur la rue du Pont et allant jusqu’au lieu-dit « le Paradis des Chevaux », où elle se joint à la rue des Haies.

Les vieilles maisons qui meublent cette rue ont été bâties pour la plupart au XVIIIe siècle. Certaines ont été remaniées, deux ont été édifiées en notre temps.

Lors de l’élargissement de la rue en 1978, au lieu-dit « le Paradis des Chevaux », les tra­vaux mirent à jours les substructions d’une maison (on peut en voir les vestiges dans le talus) et plus en retrait du chemin deux ou trois maisons signalées sur la carte de FERRARIS (1740-1760) ont été arasées.

La maison (1) citée en 1591, était occupée par « rober du rieu » (Charte de Presles).

Vers 1860, elle est habitée par Désiré GRENIER, y succédera Auguste DURIEUX et son épouse Lucie BOURLET. Cette maison sera détruite par un incendie et ne sera pas reconstruite.

Le complexe (2) comprenant une maison et des bâtiments ruraux est de nos jours toujours appelé « èmon Marique » ; Léon MARY et son épouse Irma CHEVERIER, fermier-cultivateur, habitèrent là.

Leurs fils Fernand MARY et son épouse Mariette JACQUEMYN continuèrent d’habiter dans le même complexe, en œuvrant dans l’agriculture et l’élevage.

Presque vis-à-vis de cette maison, Fernand MARY fit édifier une belle chapelle en l’honneur de la Vierge.

Cet édifice joint le jardin d’une maison moderne que Gaston MARY, fils des précédents a fait bâtir (11) où il habite avec sa famille.

Une seconde maison moderne (12) a été construite à la même époque.

Dans la maison (3) habita Michel BORCK dit « li grand Michel » d’origine luxembour­geoise, serviteur au château. Il épousa Joséphine PIETTE. Il décéda dans une maison sise Place communale, près de la chapelle Saint Roch.

La maison (4) habitée par Françoise MARC vers et après 1860, elle sera occupée par le boulanger Joseph BRACHOTTE et son épouse Denise SANDRON. Actuellement cette demeure est habitée par Mme DURVAUX.

Le complexe (5) toujours dénommé « lès maujos Bratchotte » dont la façade se situe (côté jardin) et dont le pignon et la façade postérieure débordent un peu sur la rue, nous remet en sou­venir Jean-Baptiste BRACHOTTE, boulanger-pâtissier et son épouse « Tavie » nommée Octavie DUMONT.

Présentement cette maison est habitée par Hélène BRACHOTTE née à Presles le 1er mai 1902 ayant épousé Henri BAIWIR né à Beyne-Heusay le 14 mai 1871.

La maison (6) qui a été modernisée par BIRON Marcel et son épouse Blanche DEMOULIN, a été habitée par Nestor HIERNAUX qui se remaria avec « li Blanke dou Soyeû » nommée Thérèse POCHET. Le couple alla demeurer près de l’église, où maintenant résident les comtesses d’OULTREMONT.

Sur le côté de cette maison et du jardin, un sentier conduit à la rue Saint Georges, près de l’école, ainsi qu’il y a plus de cent ans.

La maison (7) fut habitée à son temps par Valentin MAILLET (Magnelet) né à Presles le 2 mars 1875 et son épouse Lucie PRETER, née à Presles le 18 septembre 1879 et leur fils Auguste.

Dans cette maison habite actuellement la mère de l’ancien bourgmestre, Alexis VAN DEN BERGH.

Entre les complexes (5 et 7) un puits (P) fut ouvert et construit par le comte d’OULTREMONT pour les besoins en eau potable des habitants de la rue Haute.

La maison (8) bâtie sur le coin de la rue Saint Georges et la rue Haute, mais néanmoins en retrait des deux rues, a été habitée par Victor GLISE et son épouse Thérèse QUEUWEZ.

Leur fils Georges, employé au Ministère du Travail, et secrétaire communal, pendant la guerre 1940-1944, marié à Germaine BOHON, habitèrent cette maison. Démissionnaire après la guerre, Georges GLISE et son épouse quitteront cette maison pour aller s’installer dans un nou­veau complexe, bâti vis-à-vis du château-ferme « Les Longs Prés », à la rue de Fosses, où ils œuvreront dans la culture et l’élevage.

Ils y résident toujours avec leur fils et leur fille.

Dans la maison (9) à leur temps habitèrent « lès Lindjères » deux sœurs représentantes de la famille MATHIEU, nommées Thérèse et Adèle, laveuses, repasseuses et raccommodeuses de linges.

L’immeuble (10) sera habité par une famille MOLLET, par après à une famille GENICOT.

1 Le lieu-dit « La Bergère » est situé à la limite de Presles et Châtelet, au carrefour de la rue de Villers et du début de la rue Grande, et où est actuellement érigé le château d’eau.

2 Ndlr. Chez Popp : « Lorgnia »

3 Ndlr. Chez Popp : « Tienne Burlon »

4 Voir Saumery Les Délices du Pays de Liège et de la Comté de Namur (relation de sa visite au Château de Presles au XVIIIe siècle.)

5 Ndlr. S’agirait-il de la « maladrie » qui, à notre connaissance, se trouvait au-delà du moulin du château ?

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