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L’enseignement primaire

Notes sur lhistoire de Presles - LEnseignement1

 



La Commune (voir dossier à ce nom)

LEnseignement communal 2



Préface de la 5e partie

« Document de base pouvant servir à d’autres recherches qui se situeront à un niveau plus scientifique » ont dit certains. C’est peut-être exact.

L’auteur lui-même me présentait ces notes en écrivant : « Ce travail, je l’ai voulu simple, n’embarrassant pas le lecteur de termes scientifiques. Je raconte ce que j’ai vu, découvert, tout simplement ; ce qui a été, ce qui est, ce qu’on aurait pu faire. »

Je décevrai sans doute quelques « spécialistes » en affirmant qu’à mon avis, il n’est nul besoin d’user de termes très complexes incompréhensibles pour le commun des mortels, et que le souci de la vérité historique allié au sérieux des recherches doivent être des atouts suffisants pour qu’un tel document présente un intérêt historique certain.

(…)

Jean-Marc TAYMANS

Président de Presles-Promotion



L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE





Avant-propos

Jusqu’au XIe siècle, les établissements d’enseignement furent principalement des écoles épiscopales et monastiques. Vers la moitié du XIe siècle, et dans le courant du XIIe s. l’accroissement de la population amena l’autorité épiscopale à ériger de nouvelles écoles et à compléter l’organisation religieuse. Les décrets des conciles de cette époque prescrivent qu’il doit y avoir une école auprès de chaque église paroissiale. Les statuts archidiaconaux du diocèse de Liège, qui remontent au moins au XIIIe siècle, recommandaient aussi bien aux curés des villes qu’à ceux des villages de veiller à ce qu’il y ait une école près de leur église et que l’enseignement des enfants y soit confié à des hommes « capables ». La fonction d’instituteur était attribuée à cette époque le plus souvent à un prêtre qui remplissait en même temps les fonctions, soit de vicaire, chapelain ou sacristain.

L’instruction au XVIe siècle était assurée dans les écoles paroissiales par des marguilliers3, des sacristains ou des maîtres. La fréquentation de l’école était soumise au paiement d’une rétribution au maître : le droit d’écolage.

Les indigents étaient admis gratuitement à l’école, la rémunération était supportée par la Table des Pauvres4, l’Église et la Commune.

En 1607, le synode de Malines ordonna aux autorités locales d’établir des écoles là où il n’y en avait pas et d’obliger les parents à y envoyer leurs enfants.

Les maîtres doivent apprendre à lire et à écrire aux enfants qui leur sont confiés. L’instruction religieuse était à la base de l’enseignement, venait ensuite la grammaire, la lecture, l’écriture, l’orthographe, l’arithmétique, parfois l’histoire, le chant et la civilité. La période scolaire ne comportait guère plus de six mois de classe, de la saint Rémy aux fêtes de Pâques. Les heures variaient suivant les saisons et les villages. L’enseignant portait le titre de « magister » et le terme « instituteur » ne doit guère avoir été employé avant 1792.

La situation matérielle du maître est difficile à déterminer. Le droit d’écolage pouvait se payer en numéraire ou bien en nature, et variait d’une localité à l’autre. Pour apprendre à écrire et à lire, un élève donnait trois ou quatre patards plus un patard pour le chauffage de la classe, et ce pour un mois d’étude.

Dans certaines localités, le minerval pouvait se liquider par l’apport de bois de chauffage, et au moyen de blé et de seigle à convenir avec le préposé aux études.

Le régime français réorganisa l’enseignement mais laissa le soin aux administrateurs locaux d’organiser les écoles.

Le régime hollandais s’occupa de réformer l’enseignement primaire. La loi de 1842 lui donna un cadre qui n’a guère varié jusqu’à ces dernières années.

Sous l’Ancien Régime

Les maîtres durent donner cours, à Presles, dans un local près de l’église. Nous ne pouvons être plus affirmatif sur son emplacement, car les travaux de transformations de l’église et des alentours ont bouleversé cet endroit.



Maître CLET ou Charles DEMANET

Il habitait au village en l’an 1677 et nous le voyons cité à ces dates dans le Registre des Pauvres concernant les années 1665 à 1686. Il est toujours en fonctions en 1686, car Pierre LEURQUIN, mambour des Pauvres, ayant rendu ses comptes, a inscrit à son registre : « à la mesme contée et déboursée à Charles Demanet pour avoir enseignés plusieurs pauvres enfants ; 4 florins par ordonnance de Justice ». En 1698, Clet Demanet, marguillier, tenait encore l’école pendant l’hiver.



Ordonnance pour la Table des Pauvres

Dans un règlement pour l’administration de la Table des Pauvres de Presles, années 1698 – 1701, l’archidiacre de Hainaut au diocèse de Liège, Pierre-Louis Jacquet, Évêque de Bonne, ordonna que : « le marguillier tirera chaque année deux muids despautte pour enseigner à lescolle des pauvres, à lire et à escrire quatre mois ». Les émoluments du maître d’école sont payés en numéraire et en nature : c’était chose courante sous l’Ancien Régime. L’association de quelques florins avec un ou deux sacs de grains et quelques bûches et fagots fixait le traitement et le barème des instituteurs de ces temps révolus.



Maître Nicolas MARC

Il est né à Presles le 6 mai 1766. Il était fils de Pierre Françoise et de Marguerite Marchand. Il épousa à Presles, le 21 juin 1795, Marie-Thérèse Bourlet. Lors de la naissance de ses enfants, il était le seul maître d’école ou instituteur du village.

Il habitait à ce moment au Fourneau, où il décéda avant 1830. Il eut huit enfants dont

  • Nicolas, né le 12/10/1796, qui épousa Augustine Bourlet. Il était marguillier lors de son mariage en 1825.

  • Xavier-Joseph, qui sera maître d’école à Presles.



Fondation d’une école

Des copies des actes qui nous ont été donnés par M. Florent Pouleur, ancien Preslois demeurant à Biesme, révèlent qu’Adrien, fils de Théodore-Xavier de Lierneux, baron de Presles et dernier seigneur du lieu fit un legs en faveur de la commune, à condition que celle-ci bâtisse une école pour les enfants du village. Il semble que ce fils du baron de Presles5, soit resté inconnu des généalogistes car nous n’en avons trouvé aucune mention dans leurs travaux. (…)

Le temps passe.

Il ne faut pas croire que la construction de l’école se réalisa tout de suite. Les autorités supérieures, tout comme celles d’aujourd’hui, n’étaient pas pressées de donner le feu vert aux travaux (sic), surtout que le projet devait être réalisé avec les intérêts d’un capital légué à la commune. Une lettre fut adressée le 16 mars 1826 au gouverneur de la province de Hainaut.

« Nous avons lhonneur de vous informer () que nous avons porté au budget de 1826, la somme de la rentecette somme qui nest encore que de 168 florins 60 cents est loin dêtre suffisante pour réaliser ce projet. Il serait à désirer quon puisse obtenir un secours de la munificence Royale ou sur les fonds provinciaux. (s) Duvieusart. »

Comme on peut s’en rendre compte, les administrateurs se plaignent des difficultés rencontrées pour réunir la somme nécessaire. Un subside du Gouvernement serait le bienvenu. Enfin, une lueur d’espoir se dessine. Par une lettre adressée au gouverneur, le 17 avril 1826, il est annoncé :

« Il paraît que Monsieur le Comte dOultremont est disposé de rembourser la rente. Aussitôt le remboursement, nous nous empresserons de vous transmettre les plans et devis de la salle décole à laquelle nous désirerions ajouter une salle de séance pour notre administration et une ou deux chambres pour linstituteur. (S) Duvieusart. »

Le comte d’Oultremont, héritier des Lierneux, doit fournir aux intérêts et au remboursement du capital, mais on songe à bâtir une nouvelle Chambre Communale.

Pourquoi ce nouveau bâtiment ?

La vieille place et tout le quartier populaire du village ramassé autour de son clocher et de sa chambre commune, doivent être rasés pour procéder à l’aménagement des jardins des nouveaux châtelains.

Le temps poursuit toujours sa course, et enfin, le 27 mars 1827, le remboursement de la rente est chose accomplie. Les administrateurs présentent leur projet de construction d’une salle d’école adjointe d’une autre salle pour les services communaux. Les plans et devis sont établis par l’arpenteur Barthélemy Goemans, assesseur, lequel devra assurer la direction des travaux et la surveillance de la construction. L’ensemble est évalué à la somme de 1274 florins 23 cents.

La réalisation

Un an passera encore avant qu’une solution soit donnée au projet. Enfin, le 4 juin 1828, sort l’arrêté approuvant la construction d’une école et d’une chambre communale.

Ce sera seulement le 25 février 1829 que l’autorisation de bâtir sera donnée au sieur Bricoult, entrepreneur. Dix années s’étaient écoulées pour réaliser le projet d’Adrien de Lierneux. Le plan Popp situe l’école dans la section B, parcelle n° 198, d’une contenance de 50 centiares.

En quoi consistait celle école ?

Une salle basse sous une autre plus élevée dont la porte s’ouvrait sur la rue de lÉglise. L’ensemble formé par l’école et la Maison Communale faisait le coin de ladite rue avec celle du Pont.

Un recensement de 1830 signale une seule école pour tout le village, elle était ouverte onze mois de l’année et dirigée par l’instituteur Marcq. Elle était placée sous la surveillance de l’administration communale. L’enseignement y était mixte. À la suite d’une demande du gouverneur le 17 février 1832, l’instituteur accepta à ses cours 45 garçons et 36 filles. L’école qui ne comptait qu’une salle de 50 mètres carrés, n’était guère spacieuse pour contenir une population scolaire mixte aussi nombreuse. À ce temps-là, les règles d’hygiène et du confort n’étaient pas aussi développées qu’actuellement.



Sous la férule du maître Xavier Marcq

Xavier-Joseph Marcq fut le premier maître de la première école communale officielle. Il était né à Presles le 17 octobre 1804, fils de Nicolas et de Marie-Thérèse Bourlet. Il avait un frère nommé Joachim, né en 1808. En 1830, il était instituteur. Il avait professé depuis quelques années, ayant succédé à son père. A cette date, il était célibataire et habitait avec sa mère veuve et son frère sur la place dite du Fourneau. D’après une note de 1843, il enseignait depuis vingt ans environ, soit vers 1823, mais sa nomination officielle d’instituteur communal date du 21 septembre 1842 seulement. À cette époque, son traitement se chiffrait à 350 F se répartissant : 150 F de rétributions des élèves solvables et 150 F accordés en indemnités par le Bureau de Bienfaisance et d’un subside de 50 F octroyé par la Province.

En 1854, il eut quelques petites difficultés avec l’administration. Il fut suspendu de ses fonctions pour une durée de deux mois.

Pourquoi ?

À entendre l’instituteur, les locaux sont défectueux et en mauvais état. Il n’a pas le logement qui lui avait été promis. De son côté, le Conseil Communal justifie sa décision de suspendre Xavier Marcq :

« considérant que au mépris total des lois et règlements sur la matière et nonobstant les invitations et remontrances lui en faites par le collège échevinal à différentes reprises, le sieur Marcq Xavier instituteur en cette commune, s’obstine à ne plus tenir l’école par lui-même depuis deux ans. Que sans le consentement ni l’adhésion et contre le gré de l’administration, il a confié l’instruction des enfants au sieur Victor Marcq (son neveu). Lequel outre son jeune âge (il a 22 ans) ne convient nullement à cet emploi, tant sous le rapport de ses capacités que sur sa conduite équivoque. En effet, quelle confiance peut-on placer dans un instituteur qui comme lui ne tient pas convenablement l’école puisqu’il se permet de s’absenter pendant les heures de classe pour aller au cabaret, laissant ainsi ses élèves tout à fait abandonnés à eux-mêmes ?

Que ce dernier aidé et assisté de son oncle, sans consulter l’administration, s’est permis d’aller louer une chambre chez le sieur Pierre Blampain (rue de la Rochelle) pour tenir l’école ; que s’il est vrai que l’école est détériorée depuis deux ans, cette détérioration provient de la faute du sieur Marcq.

De ce qu’il commence sa classe à une heure tardive, au moins une heure après celle fixée par le règlement et que par là les enfants sont obligés de se mettre à l’abri dans les maisons du voisinage ;

Que lorsque les enfants arrivent ensuite quelques minutes après son entrée, celui-ci ferme la porte et leur interdit l’entrée malgré leurs instances ;

Qu’il est vrai que l’instituteur Marcq (le neveu) ne convient nullement à cet emploi, ne jouissant pas de la sympathie des habitants et que les parents envoient leurs enfants aux écoles de Villers-Poterie, Aiseau et Châtelet. Enfin, qu’il n’instruit qu’imparfaitement ses élèves, ne leur faisant aucune question d’arithmétique, d’histoire et se permettant de renvoyer les enfants sans motif plausible.

Pour ce, le Conseil décide de suspendre Xavier Marcq de ses fonctions et privation de traitement pour une durée de deux mois, à partir de ce 30 septembre 1854. »

Tels étaient les griefs faits à l’instituteur. Cependant, le vieux maître n’avait pas tout à fait tort. Les locaux n’étaient pas entretenus par l’administration et le logement qu’on lui avait promis était toujours à construire. L’école des Sœurs, fondée récemment, lui enlevait une bonne partie de ses élèves et lui diminuait d’autant son traitement. Xavier Marcq continua quand même ses fonctions jusqu’en 1867. Le 8 septembre de la même année, il demandait sa pension, qui lui fut accordée après plus de quarante ans de service dans l’enseignement. Outre de donner ses cours, le maître était obligé d’entretenir les locaux mis à sa disposition et de fournir les livres et les objets classiques. Le coût de ces fournitures et les prestations d’entretien étaient remboursées par le receveur communal.

En consultant les comptes communaux, il nous a paru intéressant d’extraire certains états de fournitures faits dans les dernières années d’enseignement du maître d’école Xavier Marcq :

Exercices 1865-66-67

État des dépenses de l’année scolaire 1865-1866 :

Il y avait 30 élèves indigents et une vingtaine d’élèves solvables.

- Traitement de l’instituteur communal 450 F

- Traitement pour les enfants pauvres 250 F

- Indemnité de logement 80 F

- Entretien de l’école et du mobilier 20 F

- Fournitures classiques aux enfants 30 F

- Chauffage de la classe 40 F

État des fournitures classiques aux élèves pendant l’année 1865

- 4 douzaines de peigné 4 F

- 5 douzaines de cahiers 5 F

- 20 bibles 10 F

- 2 boîtes de plumes 3 F

- 150 cahiers Callewaert 7 F

- 12 arithmétiques 1 F

État des dépenses pour l’entretien de l’école, année 1866

- chaux, bleu, noir et blanchissage de la salle 5 F

- balayage et lavage de ladite salle 10 F

- un carreau de vitre 0, 70 F

- mise en blanc de 12 carreaux de vitre 1, 30 F

- balais 3 F

Lorsque Xavier Marcq prit sa retraite, une école s’était ouverte au hameau de Roselies. Nous avons pu retrouver le nombre d’élèves fréquentant les deux écoles communales à cette date. La population scolaire était formée par 107 élèves dont 75 enfants pauvres, se répartissant 30 à Presles et 45 à Roselies. L’école du hameau était tenue, comme celle du chef-lieu, d’accepter les garçons et les filles. On comptait au hameau 36 garçons et 21 filles. À cette date, il n’est plus fait mention de présence féminine à l’école de Presles. Les circonstances du moment les ayant entraînées vers l’école des Sœurs qui les recevait dans un local plus approprié que dans la vieille classe où la promiscuité régnait.

Xavier Marc (son nom s’est modernisé en perdant la lettre finale) vécut dans un âge avancé. Il décéda le 20 décembre 1891. Il touchait une pension de 144 F dont 91,06 F de Presles et 52,98 F de Roselies qui devait contribuer en payement, les enfants du hameau ayant fréquenté l’école unique de Presles, avant la séparation.



Sous la direction du maître Joseph Bancu.

Natif d’Aiseau, Joseph Bancu fut nommé instituteur communal lors de la démission du vieux maître d’école Xavier Marc. À la rentrée des grandes vacances de l’an 1867, il entra en fonctions et donna ses cours dans le vieux local qui servit de salle de classe à son prédécesseur. En compulsant les comptes communaux, année 1868, nous trouvons les rétributions lui allouées et ses états de fournitures.

Traitement annuel 450 F

Rétribution pour l’instruction gratuite 320 F

Indemnités de logement 80 F

L’instituteur était obligé d’entretenir le local

- 5 balais de crin à 2 F 10 F

- torchons 2 F

- pour le nettoyage de la classe 18 F

- pour le chauffage 50 F

Dépenses pour les fournitures classiques

- 100 cahiers ordinaires à 0,10 c

- 30 cahiers modèles à 0,15 c

- 25 livres élémentaires de lecture n°1 et 15, idem n°2 à 0,10 c

- 28 modèles d’écriture à 0,05 c

- 60 porteplumes à 0,10 c

- plumes, touches, ardoises artificielles, Bible de l’enfance, livre de lecture

Cette dépense concerne une année scolaire, elle se montait à la somme de 35 F que le receveur communal remboursa à l’instituteur après approbation des bourgmestre et échevins.

Une nouvelle école

À sa nomination, Joseph Bancu ne dut guère apprécier le local mis à sa disposition. Cette salle ressemblait à une cave et n’était guère engageante pour un jeune maître qui voulait donner à ses élèves un bon enseignement. Maintes fois, Joseph Bancu a dû envier son collègue de Roselies qui pratiquait dans des locaux neufs, ayant sa maison et son jardin à côté de l’école. De plus, à Presles, les cours étaient constamment perturbés par les bruits du marteau d’une forge établie sur la rive de la Biesme à quelques pas derrière l’école.

Cette situation a dû faire l’objet de réclamations de la part de J. Bancu. Deux ans après sa nomination, il put espérer : on envisageait la construction de nouveaux bâtiments.

Acte dachat et situation du terrain

Un terrain fut acheté par acte du 21 novembre 1870. La vente était consentie et acceptée par les parties pour la somme de 5 042 F. Cette parcelle de prairie appartenait aux héritiers Wauthiez, dont Cécile Baudelet, veuve de Pierre Wauthiez, propriétaire ; Vincent et Jean-Baptiste Wauthiez, cultivateurs ; et Hyacinthe Wauthiez, épouse de Joseph Carly, employé à Gougnies. La Commune était représentée par son bourgmestre, Édouard Vincent, et Louis Loriaux, échevin. Le terrain, d’une contenance de 10,65 ares était situé au lieu-dit « pré Burniat ».

Sa réalisation

Deux ans plus tard, la nouvelle école était bâtie. Le complexe comportait une salle de classe, une maison pour le maître d’école, des commodités et un jardin. Un grillage fermait la cour de récréation au milieu de laquelle poussait un marronnier. Les bâtiments existent toujours, mais furent remaniés ces dernières années pour créer de nouvelles classes. Sur le jardin, s’est élevée une classe préfabriquée, la cour est veuve de son marronnier, et la maison du maître est devenue la maison communale.

La belle carrière de Joseph Bancu

Dans l’entre-temps, J. Bancu avait épousé à Presles, le 22 aout 1870, Marie-Louise Goemans. Le couple habitait une maison de la rue de la Rochelle.

La nouvelle école construite, l’instituteur s’y installa car les comptes de 1873 ne font plus mention d’une indemnité de logement. Cette année, son traitement est de 600 F. Il enseigne à 52 enfants ; il lui est alloué une indemnité de 468 F. Cette somme variera d’année en année au prorata des enfants fréquentant l’école. Le maître est toujours chargé de l’entretien de l’école et, dans son mémoire pour les menus frais d’entretien, nous trouvons en 1872-1873 :

  • 40 journées de nettoyage salle, cour, galerie, lieux d’aisance à 10,50 F

  • 3 balais de crin à 1,90 F pièce

  • 3 grands torchons à 0,80 F

  • 2 petits torchons et mine de plomb pour 1,90 F

Il semble qu’après cette date, il ne soit plus obligé de blanchir les locaux, de réparer le mobilier ou d’effectuer d’autres travaux à l’école. Ces diverses besognes sont confiées à de petits artisans et entrepreneurs qui habitent le village.

Dans les comptes de cette année 1873, nous retrouvons un état des fournitures classiques, qui est une véritable page de calligraphie, car J. Bancu était un maître dans l’art de tenir la plume. Que ce soit l’écriture fine, ronde ou gothique, il prenait un véritable plaisir à former ses lettres et à aligner ses chiffres. Des cahiers de ses élèves qui sont en ma possession en font foi. Le maître, par des observations amicales et familières savait encourager son petit monde à s’appliquer à bien écrire. Il était fier des progrès de ses élèves.

Voici le relevé des fournitures classiques. Le prix s’entend à la pièce.

  • 100 porteplumes à 0,05 F

  • 120 crayons-mine à 0,05 F

  • 10 boîtes de touches pour dessin et écriture à 1,50 F

  • 10 boîtes de plumes grosses, moyennes, fines, ronde, gothique, à 2,00 F

  • 300 cahiers pour devoirs de français, arithmétique, géographie à 0,10 F

  • 18 cahiers d’exercices écriture ronde et gothique à 0,10 F

  • 20 cahiers lignés avec modèles pour calligraphie à 0,20 F

  • 50 feuilles papier dessin, tracés géographiques, etc. à 0,02 F

  • 16 grammaires à 0,75 F

  • 24 traités d’arithmétique à 0,35 F

En 1876, l’instituteur fut malade pendant les mois de juillet et août. Il dut faire appel à un intérimaire pour assurer les cours : M. Désiré Charon, qui remplit les fonctions pendant les deux mois de la maladie de M. Bancu.

Celui-ci s’intéressait à tout et à tous, s’occupant de la vie rurale et des travaux des villageois, partageant la joie et la peine d’une famille. Il aimait aider de ses conseils ceux qui recouraient à lui. Il n’était pas rare en ses moments de loisirs, de le voir parcourir le village, observant les choses. C’est ainsi qu’en juillet 1878, au cours d’une promenade dans le hameau des Binches, à la rue Al Croix, son attention fut attirée par certains objets que déterraient des ouvriers dans l’exploitation d’une sablonnière appartenant à la famille Grenier. L’instituteur alerta la Société Archéologique de Charleroi et sauva d’un véritable désastre ce qui restait d’un champ de repos datant de l’époque belgo-romaine.

Si le savoir de J. Bancu était grand, il savait aussi en faire profiter ses élèves. En 1880, il est alloué au maître d’école deux indemnités de 100 F dont une pour avoir fait réciter les leçons de religion. En 1882, un cours d’adultes fut instauré, le maître d’école en assura la direction. À cette époque, bien des gens ne savaient ni lire ni écrire. Il n’était pas rare de voir des enfants travailler dans l’industrie, dans les fermes, plutôt que de se rendre en classe. C’est beaucoup plus tard, en 1914, que la fréquentation scolaire devint obligatoire. L’instauration d’un cours d’adultes permit à certains Preslois d’améliorer leur savoir.

En 1882, J. Bancu reçut :

- Traitement annuel 700 F

- Indemnités pour l’enseignement de 54 élèves 762 F

- Plus 3 indemnités de 100 F pour supplément de traitement

- une de 100 F pour faire réciter les leçons de religion

- et une de 180 F pour l’instruction de 18 adultes.

Les frais engendrés pour l’entretien des locaux, les fournitures classiques se montent cette année à :

  • 30 F pour l’entretien des locaux

  • 108 F pour les fournitures de classe à 54 élèves

  • 65 F. pour le chauffage, école du jour

  • 58 F chauffage et éclairage pour l’école du soir

À titre indicatif, nous donnerons les derniers chiffres de la fréquentation scolaire ;

Exercice 1892-93 64 élèves

1901-02 42 élèves

1906-07 51 élèves

De son mariage, M. Bancu avait eu deux enfants nés à Presles : Florent-Louis, le 18 avril 1879, qui fréquenta l’école où son père enseignait, et Denise-Marie, le 15 février 1895, qui suivit les cours de l’école des Sœurs.

Un beau jour de 1908, une simple mais touchante manifestation de sympathie se déroula dans la cour de l’école du village. Les élèves réunis, endimanchés, firent leurs adieux à leur maître qui, après une carrière de plus de quarante années, prenait sa retraite. Les enfants avaient tenu à lui offrir un joli fauteuil et l’un d’eux le complimenta en termes affectueux. Le dimanche suivant, la population, musique en tête, vint lui rendre un éclatant hommage de reconnaissance.

Cet homme d’esprit et de cœur, d’une grande bonté et d’une sollicitude sans pareille, se donna tout entier à sa tâche. Il fut le guide aussi bien que l’éducateur. Les nombreux succès remportés par ses élèves aux divers concours cantonaux sont les témoignages de ses capacités d’éducateur. Vers les années 1890, un jour, aux examens cantonaux, les résultats de ses élèves furent si brillants que le maître emmena tout son petit monde dîner dans un des meilleurs restaurants de la ville.

Pour terminer, nous reprendrons les paroles du discours prononcé par Aimé Sandron, un ancien de l’école : «  Votre souvenir, disait-il, restera à jamais gravé dans notre mémoire, et vos enfants de Presles ne seront pas des ingrats ». Le souvenir du bon maître d’école a toujours été respecté : la Commune a voulu l’honorer en donnant son nom à une de ses nouvelles rues.



Alfred Tassin

Il succéda à l’instituteur Joseph Bancu, après la mise à la retraite de ce dernier, c'est-à-dire en 1909, et assura l’instruction aux enfants du village jusqu’en 1939. Il était originaire de Montignies sur Sambre, où il était né le 21 janvier 1888. Instituteur d’école primaire, il était diplômé de l’École Normale Libre de Malonnes. Venu à Presles, il enseigna dans le local unique situé sur la place communale, et habita la maison avec son épouse Jeanne Ransquin.

Vint la guerre de 1914 et l’exode d’une bonne partie des habitants du village, le maître d’école se sauva avec son épouse mais revint assez tôt. Il reprit ses fonctions à la rentrée de 1914.

Ce fut notre entrée à l’école primaire. Nous n’avions que cinq ans et demi. Notre crainte fut vite apaisée devant ce maître bon et cultivé qui avait un réel plaisir à nous instruire tandis que son épouse, toute dévouée, faisait chauffer nos bidons de café et nos « gamelles » à l’heure du dîner. De notre première classe, nous voyons toujours le grand tableau noir au-dessus duquel étaient accrochés un crucifix et les portraits des souverains Albert et Élisabeth. Entre les fenêtres aux carreaux de verre en losanges, pendant des tableaux représentant la carte de Belgique, des animaux, des plantes, les chiffres et les lettres, etc. dont le maître se servait pour illustrer ses leçons. Nous nous souvenons des grands bancs de bois, patinés par le temps, tachés d’encre, peut-être faits pour quatre mais où on devait parfois se serrer à six. Un poêle au milieu de la salle ronflait, deux grandes armoires servant de bibliothèque et de petit musée documentaire contenait les mesures usuelles, les formes géométriques, en carton, des petits animaux empaillés et d’autres objets que le maître sortait pour nous les expliquer, l’estrade et le pupitre au fond de la salle : telle était notre classe.

Devenu veuf, A. Tassin se remaria à Marie Piret, fille du censier de la Cahoterie. Lorsqu’il se retira de l’enseignement en 1939, son épouse et lui allèrent habiter à Montignies-sur-Sambre, à La Neuville où il avait encore de la famille.



Adolphe Michotte

Né à Soye (province de Namur) le 19 janvier 1919, il obtint son diplôme d’instituteur à Braine-le-Comte. Il est en fonctions à l’école du village depuis 1939 (maintenant à la retraite). Dès sa venue à Presles, M. Michotte enseigna dans une classe unique jusqu’au mois de janvier 1956. Sous la direction de ce maître aux idées larges et modernes, dynamique et réaliste, l’école prit un nouvel essor. Si les résultats des élèves sont remarquables, le maître et ses collaborateurs doivent en être fiers. L’augmentation de la population scolaire est due aux nombreux lotissements qui se développent dans notre village. L’école a pris de l’extension et le nombre de classes a augmenté. À ses débuts, M. Michotte rencontra beaucoup de difficultés. Les locaux mis à sa disposition ne répondirent pas toujours aux normes. Des locaux provisoires, dispersés, furent abandonnés les uns après les autres pour en arriver à la situation actuelle. (…) En février 1957, une classe préfabriquée fut installée dans le jardin de l’école. Madame Simone Van Helswege, née à Châtelineau le 5 novembre 1917, épouse de M. Michotte, est nommée à titre définitif le 1er mai 1957 pour cette deuxième classe.

(…)

En septembre 1971, Mme Michotte en congé de maladie était remplacée par M. Daniel Deravet, nommé à titre intérimaire. La rentrée de 1972 voit M. Jean-Marc Taymans remplacer M. Michotte malade lui aussi, tandis que M. Deravet est nommé instituteur à titre définitif et chef d’école intérimaire. Entre-temps, sous l’impulsion de la jeune équipe d’enseignants, et le dynamisme du nouveau chef d’école, une classe maternelle est ouverte en 1973 dans le local préfabriqué et confiée à Mme Nicole Jeanmenne, épouse Jockmans.

C’est le 1er juin 1975 qu’eut lieu la passation définitive des pouvoirs. MM Deravet et Taymans, et Mme Jockmans étaient nommés respectivement chef d’école, instituteur primaire et institutrice maternelle à titre définitif.

Une cérémonie d’hommage réunit de nombreux anciens venus témoigner leur sympathie et leur respectueuse affection à Monsieur et Madame Michotte admis à la pension après tant d’années entièrement consacrées à l’enseignement et à l’éducation des jeunes Preslois et Presloises



Groupe scolaire Marcel Sandron

Cette section fait partie de l’enseignement primaire officiel. Ses nouveaux locaux sont installés dans le hameau des Binches, en retrait de la rue Grande ; ils furent inaugurés le 1er septembre 1965. (…)



École du hameau de Roselies

Dès 1863, l’importance croissante de la population fut l’une des principales raisons de l’établissement d’une école dans cette partie du village. De plus, le déplacement des enfants pour venir à l’école du chef-lieu était long et fatigant.

Le plan Popp situait l’école dans la Section A, n° 139 c et 139 f. Elle comprenait l’école proprement dite, une habitation pour l’instituteur, représentant en superficie 1,90 are et un jardin de 4 ares. (…)



Une école dissidente

En traversant les Prés Burneaux, le passant pouvait lire naguère le mot « ECOLE » formé par les tuiles rouges dans un toit de tuiles noires (rue du Pont, n°3 et n°5). Sur la fin du siècle dernier (Ndlr. XIXe siècle), des partisans de la libre-pensée installèrent une école d’où était exclue toute idée religieuse. Elle fut ouverte dans une maison située près de la ruelle qui va en remontant de la rivière à la rue de la Rochelle ; un certain Frère y tint la classe. Cette école ne remporta pas le succès escompté par ses promoteurs, et n’eut qu’une durée éphémère.



Fondation de l’école des Sœurs

Cette fondation remonte à l’année 1848. C’est le comte Émile d’Oultremont et son épouse Marie-Françoise de Lierneux qui en furent les promoteurs et leur fils le comte Charles, marié à Eugénie-Charlotte de Bryas, qui continua leur œuvre.

Indirectement, l’abbé Durant, pour lors curé du village, adressa le 21 octobre 1846 une lettre à l’évêché demandant l’installation de religieuses à Presles afin d’y tenir une école. Cette correspondance de curé à son évêque est assez curieuse. En voici quelques extraits.

« La paroisse de Presles, comme beaucoup dautres de ce genre, ne possède quune école pour les enfants des deux sexes, et encore la salle y est tellement petite que les garçons et les filles sont pressés les uns contre les autres au grand détriment des mœurs et de la bonne éducation.

La famille dOultremont dont le zèle et le dévouement sont bien connus, vient de décider quelle établira et entretiendra à ses propres frais une école pour filles. M. le comte, père, abandonne à cet effet un beau local situé près de léglise et M. Charles dOultremont de Brias son fils, se charge des deux religieuses qui tiendront lécole. »

L’abbé Durant demandait à sa grandeur « de vouloir bien dabord autoriser létablissement de cette école, et ensuite de me permettre de traiter avec la Supérieure de Macon à leffet dobtenir deux sœurs pour tenir lécole. »

Le curé donne la préférence à cette communauté « dabord parce quelle est dans notre diocèse, et quen connaissant la ferveur qui y règne, jay la confiance dy trouver des sœurs qui, en donnant une instruction solide aux enfants, formeront en même temps leur jeune cœur à la vertu. »

Le 2 novembre 1846, l’évêque de Tournai donnait satisfaction à cette demande et autorisait la Supérieure des Sœurs du Tiers Ordre de saint François à Macon d’établir une maison succursale dans la paroisse de Presles pour y diriger et instruire des filles externes. Les locaux de cette école, nous les connaissons près de l’église. Ce bâtiment date du temps du vieux château des Lierneux. Bien sûr, au cours des ans, l’école s’est transformée, agrandie, des classes d’abord primaires, on en vint à instaurer plusieurs classes gardiennes.

Depuis quelques années, sans doute à cause de la pénurie d’enseignantes religieuses et de la population croissante d’élèves, l’enseignement a dû être confié en partie à des enseignants laïcs. D’après les résultats obtenus à cette école, l’instruction et l’éducation données aux enfants ont toujours été des meilleures, satisfaisant la grande majorité des habitants de notre village.









1 Par Ernest Gravy - Édité par Presles-Promotion

 

2 Note de la Rédaction.

En 1977, un groupement preslois, présidé par Jean-Marc TAYMANS, créa « Presles-Promotion » et demanda à Ernest GRAVY de rédiger des « Notes sur lhistoire de Presles ». Monsieur GRAVY répondit avec enthousiasme à cette proposition et cinq carnets furent édités par Presles-Promotion en 1978 -1980.

Ils furent subdivisés en :

  • géographie physique et humaine,

  • les premiers temps,

  • le château – les seigneurs (2 parties),

  • la commune et l’enseignement communal.

C’est cette dernière partie que nous présentons mais au préalable nous reproduisons par extraits les préfaces des 1er et 5e carnets signées Jean-Marc TAYMANS (aujourd’hui disparu).

3 Marguillier : membre du conseil de fabrique d’une paroisse.

4 Table des Pauvres : assistance publique.

5 Il décéda à Gand en 1819, trois ans avant son père. Sa sœur Marie-Charlotte, avait épousé en 1814, Charles-Émile, comte d’Oultremont de Wégimont, son cousin à qui revint tout l’héritage des de Lierneux, en l’occurrence le château de Presles et ses dépendances, ses revenus et les obligations de satisfaire les créditeurs représentés par les porteurs de rentes.

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