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Presles, ses calvaires, ses monuments, ses chapelles

Presles, ses calvaires, ses monuments, ses chapelles  1


Avant propos

 

Presles, charmant village d’Entre-Sambre-et-Meuse, se situe aux portes de Châtelet et confine à la province de Namur. Il est cité en l’an 1030 comme seigneurie féodale, relevant d’abord du Chapitre et par la suite des Princes-évêques de Liège. Il restera terre liégeoise jusqu’à la Révolution française. Son territoire passera alors au Département de Jemappes qui deviendra le Hainaut, et au point de vue religieux sera ressortissant au diocèse de Tournai. Quand on consulte d’anciens plans et cartes de la commune, on trouve des chapelles qui n’existent plus à l’heure actuelle. Du reste, le vieux Presles, lui-même est, hélas, disparu, démoli. À peine quel­ques pans de murs en attestent encore le souvenir.

La formation du Domaine de Presles, après la chute du régime seigneurial, sera une des causes de sa disparition. L’ancien château, lui aussi transformé, agrandi, modernisé par les amé­nagements que fit faire après 1854, le comte Charles d’Oultremont, a perdu son style d’antan. Il reste pourtant encore quelques vieilles pierres, calvaires et chapelles, dignes d’intérêt, disséminés un peu partout, sur la place, en bordure d’un chemin ou encastrés dans un mur, dans une haie ou même isolés au milieu de la campagne. Ces petits édifices, voire de simples pierres gravées de lettres ou de chiffres, s’ils pouvaient parler, raconteraient bien des faits et des gestes de l’histoire locale, à ceux qui peuvent encore s’y arrêter pour les regarder. En ces quelques pages, ce sera notre but, d’instruire le lecteur sur bien des choses du passé, qui restent ignorées ou qui s’estompent dans la nuit des temps.

Notes : certaines petites chapelles, soit sur socle ou encastrées dans des façades, sont désignées sous le nom de « potales ». Ces niches, dans notre parler wallon, se nomment « potales ou potèles » et, sous cette dernière forme, le mot est usité en français dialectal. L’ancien français connaît la forme « putel » 2.

 

*****

 

Le calvaire du vieux cimetière

 

Il existe auprès de l’église paroissiale un vieux calvaire, si vieux, que mes plus anciens informateurs m’affirmaient l’avoir toujours connu en cet endroit, et avoir ouï dire par leurs pères et mères que c’était le calvaire du cimetière qui entourait la « Maison de Dieu ».

Il est une chose certaine, c’est qu’il y a une bonne centaine d’années, tout ce quartier ne se présentait pas à nous comme aujourd’hui. Il y avait bien le château et l’église mais si nous sui­vons Saumery, qui, dans Les Délices du Pays de Liège, décrit ce qu’il a vu à Presles, vers 1750 : « rien ne trace mieux l’idée de l’ancienne munificence de cette noble maison, quatorze tours de toutes hauteurs, couvertes en dômes et surmontées de lanternes et parmi lesquelles s’élève considérablement la tour de l’église assortie d’une haute flèche en font un point de vue qui attache ceux qui l’abordent ».

Voilà ce qu’écrivait Saumery il y a plus de deux cents ans. Mais nous qui écrivons aujourd’hui constatons que le site s’est considérablement transformé. Du château aux quatorze tours, il ne reste plus qu’une partie amputée de ses tours, dénommé par tradition « le vieux château », et rien de l’église à haute flèche.

Autrefois, l’église et le château étaient séparés l’un de l’autre par la voirie. Un chemin desservait la maison du seigneur, qui était tout à fait différemment orientée : le chœur de l’église ancienne se trouvait à l’emplacement de la tour actuelle et vice-versa. Comme partout ailleurs, en ces temps révolus, les défunts étaient inhumés autour du clo­cher paroissial, d’où encore nous retrouvons sur un des côtés de l’église, les restes du vieux champ du repos. L’enclos qui sépare l’église de l’allée conduisant au vieux calvaire a été désaf­fecté, ne laissant rien de conséquent des monuments et des arbres qui peuplaient le cimetière. Quant au vieux calvaire, il s’agirait de celui qui se trouvait à l’entrée du champ du repos, comme on peut en voir en certains vieux villages.

Selon les us et coutumes de nos aïeux, une chapelle, un calvaire, qui pour une raison quelconque devaient être abattus, devait être réédifiés. Pour le respect qu’ils portaient envers les cho­ses sacrées, ils l’auraient remis en cet endroit lors des travaux qui anéantirent le vieux Presles. Le calvaire, jadis en plein vent, aurait, lors de sa remise en place, été mis sous abri, construction réali­sée en briques et moellons.

Nous pourrions la comparer à une niche comme on peut en voir dans des façades de mai­sons. Mais, ici, de grandeur plus conséquente, soit environ 3m50 à la base et 5 mètres de hauteur, dont les murs épais d’un mètre sont à l’intérieur recouverts d’une peinture bleuâtre.

La partie ouverte en plein-cintre nous permet de voir sous la voûte, une croix supportant Jésus crucifié. Cette croix adossée à la muraille a une hauteur de 3m20, les bras ayant un déve­loppement de 1m10. Elle ne paraît pas avoir été façonnée, sinon que le baliveau qui la constitue aurait été préalablement décortiqué. Sur la carte de Ferraris, 1740-1750, une petite croix est indi­quée à l’endroit où se situe le vieux calvaire.

Février 1964

 

*****

Monuments lapidaires dans le vieux cimetière

 

Érigés dans le cimetière communal (rue Haute), au fond de l’allée centrale et adossés au mur d’enceinte, deux monuments funéraires rappelaient à notre mémoire le souvenir de deux curés qui desservirent la paroisse au cours du XIXe siècle. Les deux monuments ont été déplacés et remis dans le vieux cimetière, près de l’église.

On peut lire, gravées dans la pierre, les inscriptions suivantes :

 

Hommage De reconnaissance Des paroissiens De Presles

À Monsieur Léopold Arthur Hecq

Curé de cette paroisse Pendant 1 an et 8 mois

Y décéde le 11 juin 1886 À l’âge de 36 ans Administre Des sacrements - R.I.P.

 

Hommage De reconnaissance Des paroissiens De Presles

À Monsieur Lucien Boidenghien

Curé de cette paroisse Pendant 10 ans

Y décéde le 27 juillet 1882 À l’âge de 47 ans Administre des sacrements - R.I.P.

 

Sur la face gauche du monument de M. Boidenghien, a été gravée l’inscription suivante :

 

Ici repose aussi Sa mère L. Leemans

Décédée le 7 7bre 1882 À l’âge de 82 ans

Administrée des sacrements - R.I.P.

 

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Monument aux soldats morts au cours des deux guerres

 

Abnégation 1914-1918 Honneur

Souscription publique

Des habitants de la commune de Presles

À leurs glorieux défenseurs morts pour la patrie

Jacquemain René

Marchand Servais

Tilmant Georges

Quintart Gustave

Jacquy Omer

Vaillance Héroïsme

À eux notre reconnaissance et nos souvenirs éternels

Chauvin Albert

1940 1945

Kinif Nestor

 

Le monument qui se trouvait érigé au fond de l’allée centrale du cimetière communal (rue Haute) a été déplacé et mis dans l’enclos du vieux cimetière, près de l’église.

 

*****

 

Dalle aux soldats français

 

Lors de la première guerre mondiale, 1914-1918, deux soldats français tués à Presles, furent inhumés dans le cimetière communal (rue Haute), ainsi que deux soldats allemands. Les restes de ces derniers avec d’autres, inhumés dans la région, furent repris par l’État allemand. Les restes des soldats français furent remis sous une dalle dans le parterre du Monument aux Combattants belges. Ce monument ayant été déplacé et remis dans le vieux cimetière, près de l’église, une nouvelle dalle fut gravée et porte le nom des deux braves soldats.

 

GORCE   Gabriel

Sergent 129e Rég. Inf

GOSSON Henri

 Zouave

 23-8-1914

Morts pour la France

 

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La Vierge du couvent

 

À l’intérieur du parc du Domaine de Presles, il est un bâtiment qui date du vieux Presles. Cet édifice du XVIIIe siècle a été acquis par le comte Charles d’Oultremont-Bryas. Ce bâtiment fait toujours partie du Domaine de Presles.

Dans la façade du bâtiment qui date du vieux village (XVIIIe siècle) au-dessus de la porte d’entrée, une grande niche encastrée dans la muraille sert d’abri à une belle statue polychrome de la Sainte Vierge portant l’Enfant Jésus. À 30 cm sous le socle de la statue et au-dessus de la porte d’entrée du couvent se lisent les armoiries de la famille Lierneux et Ferreti. Il s’agit de Gabriel-Amour de Lierneux, baron de Presles et seigneur du lieu qui épousa en 1746 la comtesse Marie de Ferreti.

Par ailleurs, on trouve, encastrées dans la façade, deux pierres armoriées d’assez belles dimensions. Nous ne pouvons dire avec certitude quand elles furent placées dans la muraille.

Ce que nous savons bien, c’est que sur la pierre de gauche, le tailleur a représenté les armes de la maison seigneuriale d’Enghien-Havré, venue à Presles à la fin du XIVe siècle.

La pierre de droite présente un écartelé d’Havrech de la Pierre.

Janvier 1970

 

*****

 

Chapelle Notre-Dame de la Salette

 

Dans le parc du Domaine de Presles, on la trouvera en bordure du chemin dit « de la Vallée » qui serpente parallèlement à la pièce d’eau du château, et à quelques cinq cents pas de ce dernier.

Vu son genre de construction, l’appellation « potale » lui convient mieux que celle de "cha­pelle". C’est une niche de plus ou moins 30 cm de profondeur qui a été creusée dans le rocher, sa hauteur se termine en une pointe de plus ou moins 60 cm.

Cette façade est répartie en deux parties, constituées en fer forgé et présentant un motif en relief. Sous la partie supérieure qui est fixe, s’ouvrait une porte grillagée, au travers de laquelle on pouvait voir une statue de Notre-Dame de la Salette.

Nous disons bien « on pouvait voir » car par deux fois la niche a été profanée. La première fois, la statue a été brisée. La seconde fois - il y a quelques mois - la statue a été emportée avec le grillage en fer forgé. Cette « potale » passerait bien souvent inaperçue, une flore sauvage crois­sant sur le rocher la dissimule au regard du passant.

Août 1979

 

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Chapelle Saint-Pierre

 

En bordure de la rue de l’Église, presque vis-à-vis du presbytère, est érigé un gracieux monument qu’une haie vive dissimule parfois au regard du passant : c’est la chapelle Saint-Pierre, dont on ne se souvient plus très bien de sa construction en cet endroit.

De pierre toute construite, elle se présente à nous sous la forme d’une colonne composée de cinq éléments soudés l’un à l’autre et totalisant une hauteur de 2m50. Le socle équarri de 60 cm de côté est haut de 60 cm et supporte un fût de 40 cm de diamètre et aussi de 80 cm de hau­teur, dont la base est moulurée. Ces deux pièces sont séparées par une pierre plate de 40 cm d’épaisseur qui est taillée à arêtes vives débordant sur le socle. Une autre pierre plate de même style mais de dimensions plus réduites et de moitié d’épaisseur de la précédente recouvre la partie supérieure du fût ; cette pierre est surmontée d’une autre taillée en pomme de pin.

Ces éléments, si simples soient-ils, accentuent la ligne de ce petit monument en lui don­nant du relief. Sur le tout se dresse une croix de 35 cm de haut en fer forgé.

Une niche creusée dans le fût abrite une image du premier des apôtres et des papes : c’est une statue ordinaire de saint Pierre faite en biscuit, qu’un globe de verre blanc protège des intempéries. La niche est condamnée par une simple grille en fer. Sur la face principale du socle sont posées en appliques deux plaques de marbre blanc. Sur l’une d’elles qui est cordiforme, on lit :

Dédiée à S-Pierre

Par P.-J. Wauthier Et C.Baudelet – 1862

 

Sur l’autre, qui se trouve sous la précédente et est de forme ronde, est gravée une croix de Malte. D’après cette inscription et nos recherches, ce monument rappelle un souvenir de l’histoire locale et celui de deux familles de souche presloise : celles de Wauthiez et des Baudelet.

Pierre-Joseph Wauthiez est né à Presles le 30 vendémiaire an IV de la République (22 octobre 1795) et était fils de Jean-Baptiste et de Anne-Joseph Hance. Il épousa le 22 avril 1826, Cécile Baudelet, née à Presles, le 22 pluviose, an IX (11 février 1801) fille de Jean-Joseph et d’Anne-Joseph Pouleur. De ce mariage, sont nés à Presles, trois enfants : Vincent, le 30 mai 1826, Anne-Joseph-Hyacinthe, le 5 avril 1828, et Jean-Baptiste, le 31 mars 1831.

On observe qu’à cette époque, la famille Wauthiez devait être aisée et quelque peu bour­geoise, comme la famille Baudelet l’était également. Au cours des temps, on voit aussi des repré­sentants de ces deux familles occupant des charges scabinales et autres dans l’administration communale, pendant et après le régime seigneurial.

Il est près de l’église paroissiale, une très ancienne demeure, témoin du vieux Presles en cet endroit et elle est connue sous la dénomination « maison Carly ». Cette demeure habitée par plusieurs générations de Wauthiez, faisait partie d’un petit complexe agricole avec les terrains adjacents, dont la parcelle sur laquelle se trouve bâtie la chapelle. Pierre-Joseph Wauthiez était cultivateur, il passa toute sa vie en cette maison avec son épouse et y décéda le 30 novembre 1860. Toute cette propriété fut reprise par sa fille Anne-Joseph-Hyacinthe, qui avait épousé le 18 novembre 1868, Joseph-Ghislain Carly, d’où la dénomination précitée. Cécile Baudelet, épouse de Pierre, vécut encore de nombreuses années après la mort de son mari. Entourée des soins de sa fille Anne, elle s’éteignit dans sa maison près de l’église, le 3 mai 1883, âgée de 82 ans.

Nous supposons qu’après le décès de Pierre Wauthiez, sa veuve assistée de ses enfants éleva il y a plus d’un siècle, en mémoire de leur mari et père, le monument que nous pouvons enco­re voir aujourd’hui. Telle doit être la simple histoire de cette chapelle, de ceux qui l’ont bâtie et dont cette page ravive le souvenir.

Octobre 1959

 

L’Horloge du Temps n’arrête pas sa course et la physionomie des lieux peut se modifier. Depuis 2 ans, une partie de la rue de l’Église a été élargie et la chapelle en a subi les conséquen­ces. Néanmoins, elle a été remise en place à quelque quinze pas de son emplacement primitif, en bordure de la propriété de la maison susdite, qui est aujourd’hui habitée par les demoiselles Chantal, Antoinette et Anne, comtesses d’Oultremont.

Janvier 1979

 

*****

 

Le calvaire dit « li bon Diè Djîle »

 

De ce calvaire, s’il existait encore, nous n’aurions pas à imaginer le Christ en croix, adossé au tronc d’un gros tilleul en bordure de la vieille route de Châtelet à Namur. Celle-ci, autrefois, fut dénommée « Chemin Philippe Gille », actuellement rue du Pont.

D’après les dits de certains Preslois qui vivaient dans la première moitié du XIXe siècle, et qui ont transmis des souvenirs de l’histoire locale à leurs descendants, ce calvaire se trouvait près de la maison qu’occupait en ce temps-là Philippe Gille. La croix, affirmaient-ils, était adossée à un gros tilleul d’âge respectable. Ces dits sont confirmés par le cadastre français (1812) qui a relevé en cet endroit un monument religieux, et l’a signalé par une croix.

Cet arbre isolé qui croissait sur la rive droite de la Biesme, aurait, disent les anciens, été abattu lors de l’aménagement du domaine de Presles dans le but de dégager les abords du parc et son entrée. Le calvaire qui subit les conséquences de cette transformation de l’endroit, fut néanmoins remis en place. La croix supportant le Christ fut simplement plantée en bordure de la route. Malheureusement, pour la croix, un accident de roulage provoqué par un chariot du château renversa le calvaire qui ne fut plus rétabli.

Sans que l’on sache exactement par qui ce calvaire fut érigé, la tradition en attribue la propriété à une famille presloise du nom de Gille, dont les représentants vivaient depuis le XVe siècle au village. En tout état de cause, les pièces de ce calvaire, après sa seconde démolition, restèrent aux héritiers de la famille Gille qui les conservèrent.

Ne voulant pas affirmer qu’il en soit le bâtisseur, Pierre-Joseph Gille habita la maison bâtie auprès du calvaire. Il était né à Presles, le 4 juin 1723 et épousa Marie-Catherine Romain. De leur union est issu un fils du nom de Philippe et c’est à l’honneur de ce représentant de la famille Gille qu’est venue cette dénomination « Chemin Philippe Gille ». La raison en est qu’à cette date au bord de ce chemin ne s’érigeait pour toutes constructions que le calvaire et la maison Gille.

Ledit Philippe Gille hérita de toute la propriété après le décès de ses parents. Ce dernier est né à Presles, le 7 juin 1768, il épousa le 12 octobre 1797, Françoise Wauthiez, née à Presles, le 7 juillet 1771. Philippe décèdera « en sa maison sise près du calvaire », le 22 avril 1857, son épouse étant morte depuis le 5 octobre 1849. Sans rechercher toutes les tribulations du « bon Diè Djîle » nous savons qu’après sa suppression les pièces du calvaire (croix et Christ en bois) restèrent entreposées sur un grenier. Parvenus aux mains d’une descendante de la famille, Adeline Gille qui avait épousé Léopold Mainjot, la croix et le Christ échurent ensuite à leur belle-fille Lucina Remy qui les garda, jusqu’au jour où elle en fit donation à une demoiselle comtesse d’Oultremont.

Ce serait louable, que nous puissions assister à la « résurrection du bon Diè Djîle », ce témoin original de la vie de nos grands-parents, qu’un stupide accident de roulage raya de la vie communale il y a un siècle.

Octobre 1959

 

*****

 

Le calvaire de Presles

 

Après la seconde démolition du calvaire dit « li bon Diè Djîle » provoquée par un accident de roulage, les comtes d’Oultremont se crurent obligés de pourvoir à son remplacement. Ils le firent édifier aux abords de l’entrée de leur parc ; c’est cet édifice en pierre que l’on peut voir près du pont de la Biesme.

La partie la plus intéressante du monument, la croix, s’élève sur un socle octogonal formé de trois degrés en retrait, haut de 80 cm environ, les sections de l’assise inférieure ont 75 cm de côté, tandis que celles de l’assise supérieure n’ont plus que 35 cm.

Sur ce socle, se dresse un fût mouluré présentant un anneau en son centre, il est haut de 1m10 et se termine par un entablement de 20 cm de large qui supporte la croix, de la Vierge et de Saint Jean. Ces statues en pierre de France, jadis, polychromées, exposées aux intempéries, sont à l’heure actuelle en bien mauvais état : rongées par l’humidité, elles deviennent méconnaissables. La croix elle-même, a environ 1m60 de haut, et porte sur le devant l’image de Jésus crucifié.

Dans la pierre du fût a été façonné un écusson dans lequel sont taillées les lettres O et P qui sont entrelacées, signifiant Oultremont-Presles, sommées d’une couronne comtale. La croix en bon état se détache sur les frondaisons d’un massif de sapins et est défendue par un grillage cir­culaire en fer forgé, ayant 1m20 de haut. La voix populaire reconnaîtra l’endroit où il est édifié sous le vocable de « ô calvaire » mais oubliera celui de « bon Diè Djîle ».

Octobre 1959

 

Les statues de la sainte Vierge et de saint Jean ne sont plus en place, elles ont été reti­rées, étant devenues méconnaissables.

Mars 1967

 

Des mains sacrilèges ont récemment abattu la croix du calvaire. M. le comte Eugène d’Oultremont a repris les morceaux brisés en ayant la bonne intention de réparer et de remettre en place la croix.

Juin 1979

NDLR : le patrimoine preslois a depuis lors remis en état le calvaire et en assure l’entretien. Actuellement, ce calvaire est couramment appelé "Le Bon Dieu Gilles".

 

*****

 

Chapelle-calvaire Gille

 

Après tous les malheurs que subit « li bon diè Djîle », après la construction d’un calvaire dans l’endroit où il était édifié, les représentants vivants de la famille Gille ne possédaient plus leur calvaire, sinon les pièces principales pour le reconstruire.

Passant outre à tous ces malentendus qui ont pu survenir en cette affaire, nous constatons que la branche aînée de la famille Gille se décida, fin du XIXe siècle, à faire construire une chapelle-calvaire à la rue de la Rochelle.

Suivant les convenances, tous les membres de cette famille paieraient une quote-part dans les frais de la construction et de l’aménagement du nouvel édifice. Étant au nombre de sept, tous paieraient 1/7ème de la somme mise en œuvre. Par la suite, ils s’engageaient à payer dans les mêmes proportions les frais de réparations, d’entretien ainsi que les contributions. Cette clause a été respectée.

Cette construction en briques, couverte d’un toit, dont la façade est ouverte mais défendue par un grillage, abrite un Christ en croix, œuvre polychromée de facture moderne. (…)

Nous aurions préféré voir l’œuvre originale dans un nouveau cadre que de la savoir remisée dans un grenier, peut-être « ad aeternum ».

Octobre 1959

 

NDLR : avant sa mort en 1986, Madame Mainjot, née Lucina Remy (belle-fille d’Adeline Gille et Léopold Mainjot), exprima le désir de restaurer et de réhabiliter la chapelle-calvaire Gille. Le Patrimoine preslois a, bien entendu, accédé à sa demande.

 

*****

 

Chapelle Saint-Joseph

 

En remontant la rue du Pont vers le cimetière, on trouvera à droite une belle chapelle de style classique, dédiée à saint Joseph. Ce monument se présente à nous sous la forme d’une construction hexagonale, dont la pierre, la brique, l’ardoise et les revêtements ont été choisis avec beaucoup de goût et s’associent si bien ensemble que cet édifice est un des rares et beaux monu­ments du village.

 

Extérieur

La chapelle est bâtie sur fondations, sur lesquelles a d’abord été élevé un mur de gros moel­lons de pierre équarris, formant cinq rangées sur cinq côtés qui en font le soubassement d’une hauteur d’un mètre. Ce muret de moellons a été recouvert d’une pierre de taille faisant saillie. Tout le reste de la construction a été fait avec des briques de campagne, qui ont été couvertes d’un fin crépis gris, jusqu’à la toiture, où une bordure de pierres taillées termine le gros œuvre.

Le tout (soubassement et mur compris), fait plus ou moins 3m50 de hauteur. À la ren­contre des pans de l’hexagone, sont disposées l’une sur l’autre des pierres taillées semblant faire office de colonne angulaire de 40 cm de largeur sur la hauteur susdite.

Chacune des six faces de la chapelle se développe sur environ 2m20 de largeur. Les faces latérales (4 faces) sont percées d’une ouverture d’environ 75 cm de large sur 1m20 de haut pouvant y loger une verrière en plein cintre. Outre la clé de voûte et le seuil de cette ouverture en pierre taillée, le reste de la hauteur est partagé des deux côtés par trois grosses pierres taillées qui en forment ainsi l’encadrement. Les quatre loges sont fermées par un vitrail en fer forgé, celui-ci divisé en deux par un arc en plein cintre. Ces deux parties forment un damier de verres de couleur bleu et blanc, alternant obliquement ; le tout étant surmonté par l’arc en plein-cintre, dans lequel se loge un rond de verre bleu bordé de verre blanc. Sur le pourtour de la muraille court la corniche où prend naissance la toiture en ardoises. Celle-ci forme six pans triangulaires de deux bons mètres cinquante se terminant en pointe, sommée d’une croix de fer forgé, dont les bras s’embranchent sur un cercle de fer, les axes intermédiaires de la croix sont marqués par quatre petites tiges, formant ainsi avec la croix, huit rayons, dont quatre grands et quatre petits. On accède à la chapelle en venant de la rue du Pont, par un escalier de deux degrés. Celui du niveau du sol est une pierre de 2m20 de long et large de 40 cm ; le second degré est long de 1m40 et large de la moitié du premier.

Cette face de la construction représente la façade de la chapelle. Au centre, dans un enca­drement de pierres taillées à cinq lignes décroissantes et en plein-cintre, formant si on veut une moulure, s’ouvre une porte aussi en plein-cintre, fabriquée, sculptée dans du chêne. Cette porte comporte trois éléments. Le cintre ou abat-jour est fixe et vitré d’un œil-de-bœuf garni de fer forgé, on peut y voir en chiffre « 1874 » qui est la date de la fondation de la chapelle. La porte s’ouvre à deux battants. Ils sont travaillés, moulurés, et au trois-quarts de leur hauteur, un ovale a été découpé et mouluré, permettant d’y placer une vitre bleue. Dans l’un des battants, une petite ouverture du genre boîte aux lettres permet d’y déposer son offrande.

Sur la muraille, au-dessus de la porte, le crépi a été poli de manière à avoir une longue bande ou plaque, sur laquelle a été taillée cette inscription :

« Saint Joseph. Patron de l’Eglise Catholique.

Priez pour l’Eglise. Pour le Saint Siège et pour nous »

 

Sur la face postérieure, on peut lire sur une bande de crépi poli :

 

« Erigée par Mlles Rosalie et Julie Douillet. Marie. Anne et Agnès Rigaux (effacé)

de Presles. 6 juin 1874 »

 

Pour la population, cette chapelle fut toujours appelée « li tchapèle Douyè ». Cette famille habita le village ; dans le quartier de la Rochelle. Par suite de la nouvelle dénomina­tion des rues, c’est la première maison à droite de la rue de la Cahoterie.

Du vivant des filles Douillet, la chapelle était toujours bien entretenue. Les processions et des rogations s’y arrêtaient. Des paroissiens et des étrangers venaient y faire des neuvaines. Elle était ouverte tous les jours, la porte était fermée à la soirée.

De nos jours, la chapelle est complètement abandonnée, ouverte à tout venant, des détério­rations se produisent, risquant si elle reste dans cet état d’abandon de n’être plus qu’une ruine dans les prochaines années.

Lors de mes visites du 11 janvier et 24 mai 1978, j’ai fait un relevé de l’état des lieux, ainsi que du mobilier qui meublait la chapelle. Si des pièces n’ont pas déjà été emportées, il en reste encore beaucoup, le tout envahi de poussières, de plâtres et de verre brisé.

 

Intérieur

Le pavement jonché de débris est une céramique de dessins colorés où s’associe le bleu, blanc, vert et rougeâtre. Le soubassement avec une plinthe et une bordure est construit en pla­quettes de faïence marbrées et blanches en alternance, sur une hauteur d’environ un mètre.

Les murs se détériorent, ils sont peints d’une couleur verte grisâtre sur laquelle on voit un semis d’initiales S et J entrelacées, de couleur brune jaunâtre et signifiant saint Joseph. Le plafond est une voûte colorée en bleu ciel, semé de dix rangées concentriques d’étoiles dorées. Au centre du plafond, un soleil radiant, d’où est suspendu un splendide plafonnier. Il est tout en fer forgé, attaché au plafond par trois chaînes agrémentées de boules de fer. L’armature soutient deux couron­nes de verre, l’une blanche, l’autre bleue et les culasses en fer forgé pour recevoir neuf cierges ou bougies. Tout cet ensemble est de couleur noire, le tout augmenté de boules argentées et bleuâtres associées à des verreries cristallisées qui en font l’effet décoratif.

NDLR : le plafonnier décrit ci-dessus a été dérobé avant la restauration de la chapelle.

Au-dessus du tabernacle, dans une niche haute mais peu profonde, il y a un saint Joseph avec l’Enfant Jésus. La statue du saint mesure 1m60 environ, celle de Jésus 60 cm. Le tout est polychromé, mais n’est pas en bois. C’est étonnant pour une si riche chapelle, car le groupe doit être de facture Saint Sulpice. Le socle porte l’inscription dorée « saint Joseph ».

Lors de ma seconde visite, j’ai remarqué que deux vases en céramique ornée de fleurs n’étaient plus en place, il y a lieu de penser qu’ils ont été emportés. Quoi qu’on en puisse dire, nous devons voir en cette chapelle, l’un des plus beaux monuments du village. De tous les objets qui sont encore en place, mais dans les saletés, nous pouvons conclure en disant que cet édifice était meublé de richesses au temps de nos aïeux. Le relèvera-t-on de ses ruines, là est la ques­tion.

Janvier-Mai 1978

 

NDLR : le Patrimoine preslois a restauré entièrement la chapelle Saint-Joseph. Toiture, charpente, fenêtres, vitraux, porte d’entrée ainsi que toute la décoration intérieure ont été remis à neuf. Toutefois, la majorité des décorations intérieures, vases, chandeliers, linges d’église, etc. ayant été dérobés, nous ne les avons pas remplacés. Nous éprouvons une légitime fierté quant au travail accompli mais devons déjà effectuer des travaux d’entretien réguliè­rement.

 

*****

 

Chapelle Notre-Dame de Bon Secours

 

Au point de rencontre de la rue du Pont avec la rue Haute, sur la droite, un chemin va en montant jusqu’au lieu-dit « La Drève ». Son tracé se fait plus ou moins sous l’ombrage des futaies du parc et celui d’un bois de sapins, qui lui fait vis-à-vis. Cet endroit est si beau qu’on croirait se trouver dans un site romantique, plein de solitude et de mystère. Jadis, cette voie de communica­tion était dénommée le « Grand Chemin de Châtelet à Namur », elle passait par l’ancien chef-lieu du village.

Lors de la venue à Presles de la famille d’Oultremont-Warfusée, les terrains boisés autre­fois seigneuriaux ont été enclos par une muraille de moellons de calcaire, et le chemin qui les côtoyait en fut séparé. Dans la partie la plus haute de ce lieu, lors de l’édification des murailles qui enferment le domaine de Presles, une parcelle de terrain fut épargnée d’entre les murs, pour y construire une chapelle. Cet édifice, isolé dans cet endroit, est dédié à Notre-Dame de Bon Secours.

C’est une construction d’une composition assez particulière, en briques montées sur un soubassement de moellons de pierre. La vue en plan nous montrerait deux rectangles qui se recou­pent, dont deux des côtés font office de façades, celle extérieure regardant sur le chemin tandis que celle postérieure est dans le parc. L’édifice se présente donc sous une forme dont quatre côtés sont fortement saillants, se terminant par un front surmonté d’un petit toit couvert d’ardoises.

La partie centrale et carrée qui fait corps avec l’ensemble a été surélevée d’un bon mètre de haut, formant ainsi un quadrilatère que recouvrent quatre pans triangulaires, recouverts aussi par des ardoises. Au point de rencontre des quatre pans de la toiture, à sa partie supérieure, l’édifice est surmonté par une croix en fer forgé.

Ce monument ne comporte aucune décoration extérieure, à part quatre « œil de bœuf » qui sont muets, se situant au centre des frontons. Seules, les façades dans lesquelles s’ouvrent des portes à deux battants sont intéressantes. Les portes sont logées dans un encadrement en arc en plein-cintre, celui-ci est en pierre taillée, formé de trois pièces, dont deux sont moulurées, la clé de voûte assemblant le tout.

Quatre pierres de taille sont réparties à distance égale dans la hauteur de l’encadrement : deux pièces sur chacun des côtés. L’abat-jour de la porte, en plein-cintre, qui est fixe et en chêne, permet d’y loger une verrière blanche, défendue extérieurement par cinq croisettes au pied fiché, soudés sur une petite pièce demi-ronde, le tout en fer forgé. Dans les battants des portes, à peu près à la moitié de la hauteur, une ouverture ovale permet aussi d’y loger une verrière blanche, défendue elle aussi extérieurement par une pièce stylisée en fer forgé.

À l’intérieur de la chapelle, le pavement est constitué par des dalles de pierre bleue. Les murailles plafonnées, avec le plafond qui est voûté, ont été recouvertes d’une peinture blanche. Dans une des encoches latérales, trône une belle statue de Notre-Dame de Bon Secours, sans autre ornement. Dans celle qui lui fait vis-à-vis, un simple banc meuble la chapelle. Cette chapelle, qui est cadastrée Son.B. 18d. faisant quarante mètre carrés, a été enregistrée comme appartenant à M. le comte Charles d’Oultremont (1850-1860).

À l’heure actuelle, la chapelle se dégrade, le beau mobilier qui la meublait il y a quelques quarante ans, n’est plus en place. En ce temps-là, la statue trônait sur un autel garni d’objets pieux et autres, enjolivée par les vases de fleurs naturelles. Les maîtres du château avaient à cœur de la faire entretenir et d’y faire porter en toutes circonstances des fleurs provenant de leurs cultures.

La grande procession qui se déroulait le 15 août venait à la chapelle où une halte était faite. Les pèlerins pouvaient y prier, se recueillir et méditer. Ce jour-là, les processionnaires pas­saient de la chapelle dans le parc. Les statues des saints étaient portées en suivant le tracé du chemin qui conduit à la conciergerie, où un reposoir était prévu. Après un court instant de repos, la procession traversait le parc pour se rendre dans la Cour d’honneur du château où un autel-repo­soir était installé. De là, en passant par le parc, on regagnait l’église.

Au cours des jours des Rogations, la chapelle était visitée par les participants. En d’autres temps, des habitants du village, voire même des étrangers, venaient y prier, accouraient faire une neuvaine pour une âme en peine ou pour un grand malade.

Note : Le Patrimoine Preslois a restauré cette chapelle. Malheureusement, tout le mobilier et décora­tions sont enlevés par crainte d’actes de vandalisme qui, depuis la restauration, se sont déjà produits. La verrière de l’abat-jour ainsi que les deux verrières ovales de la porte ont été cassées. La façade est taguée et nous ne voyons pas comment faire face à ce vandalisme imbécile.

 

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Monument commémoratif de la rue de Fosses

 

En bordure de la rue de Fosses, un monument en pierre avait été élevé pour rappeler un accident de voiture dont la comtesse Eugénie d’Oultremont-Bryas subit les conséquences le reste de ses jours.

Le monument était composé de trois pièces de pierre taillée. Le socle qui formait la base était une pierre de 70 cm de côté et haute de 45 cm. Une moulure ronde séparait le socle d’une pierre trapézoïdale haute de 75 cm, large à la base de 70 cm de côté et n’ayant plus que 40 cm de côté à sa partie supérieure. Sur la face principale une croix latine est gravée dans la pierre. Sur le tout, un bloc de pierre, haut de 60 cm, large de 65 cm, dont la face principale est travaillée en relief et encadre cette inscription :

Gloire a marie

L’accident fut grand mais plus

Grande fut sa protection

14 août 1869

Hommage de reconnaissance

Eugénie

 

Le tout étant surmonté d’une couronne comtale stylisée en pierre. Jadis, il était coutumier de rappeler aux passants qu’un accident s’était produit en cet endroit en édifiant une croix ou un monument. Tel est le cas à Presles.

NDLR : en 1970-1975, les grands travaux de la Nationale n° 22, ou rue de Fosses, anéantirent presque toutes les maisons de cette grande voie de circulation, le monument en subit aussi les conséquences. Les pièces du monument furent reprises par le comte Eugène d’Oultremont. Le monument a été reconstruit au lieu-dit « cinq chemins » dans le parc du Domaine de Presles.

 

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Dans le cimetière communal

 

Les belles chapelles ne sont plus et ont fait place à d’autres concessions mortuaires. Ces anciens édifices rappelaient à notre mémoire le passage de gens aisés, dont les familles avaient tenu de conserver le souvenir.

Il en est aussi de même pour les croix en fonte que nous avons connues nombreuses à l’âge de notre enfance. Ces croix latines avaient plus ou moins deux mètres de hauteur. Du pied au sommet, ainsi que les bras, une surface de 20 cm2 était géné­ralement travaillée par un motif ajouré. Au point d’intersection des bras, une image du Christ cruci­fié, en métal doré ou argenté, se détachait sur la couleur noire de la croix. Sous lui, une plaque ronde ou ovale, portait en relief les noms des défunts, soit blanc sur fond noir ou vice-versa. De même, soudées au pied de la croix, se trouvaient les images de la Vierge et de saint Jean, semblant implorer la clémence du Seigneur pour le repos du défunt.

Au temps passé, les gens plus ou moins fortunés faisaient placer une croix semblable à la tête des tombes de leurs défunts. Elles étaient nombreuses entre les croix de bois beaucoup plus simples. De nos jours, il en reste trois. Des monuments lapidaires ont aussi fait place à des caveaux funéraires. Parmi ceux-ci, il en est un des plus intéressants. Il nous rappelle le passage à Presles d’un ancien bourgmestre.

En entrant dans le cimetière, il se trouve au bout de l’allée qui conduit à la morgue. Ce monument, édifié contre le premier mur d’enceinte du champ de repos, est construit à la tête d’une tombe qui est recouverte sur toute sa surface par une pierre bleue posée sur les pierres taillées formant une espèce de caveau. Il se présente sous une forme pyramidale, d’environ trois mètres de hauteur, comportant six pierres taillées. La pierre de base mesure plus ou moins quatre-vingts centimètres carrés, les autres pierres allant en décroissant pour atteindre au sommet le tiers de la base. Le sommet est taillé à quatre pans. Dans son milieu, la pyramide est enjolivée par un élé­ment mouluré, où sous la bordure, a été scellée une image du Christ crucifié en métal doré. Dans le bloc de pierre, a été scellée une plaque de marbre blanc, gravée de cette inscription :

À la mémoire de M. Edouard VINCENT. Époux de Dame Fulvie CLOUET. Né à Presles le 31 janvier 1822. Membre du Conseil Communal de Presles. 1847 à 1896. Ancien bourgmestre. Décoré de la croix civique de 1ère classe. Décédé à Presles le 4 septembre 1896. R.I.P.

Dans le fond de l’allée centrale, contre l’ancien mur d’enceinte, sur la deuxième tombe à gauche, une croix de pierre, figurant plus ou moins une croix de Malte, est adossée au mur. Par devant une dalle de pierre est gravée cette inscription :

Sœur Marguerite Marie F. 1956

Cette tombe rappelle le souvenir d’une ancienne religieuse franciscaine qui enseigna à l’école des filles. Elle fut nommée le 1er octobre 1923, pour enseigner les primaires, en 1926, elle s’occupa des élèves du degré moyen et supérieur. En 1956, elle décéda à Gosselies et fut inhu­mée au cimetière de Presles. Cette sœur franciscaine était d’origine flamande, née à Lovendegem, arrondissement de Gand, le 25 mars 1891 et s’appelait Valérie Libert.

Ce fut une enseignante regrettée par tous ceux qui eurent le bonheur de la connaître pen­dant plus de trente ans.

NDLR : Le Patrimoine preslois a reçu l’autorisation de restaurer la tombe de Sœur Marguerite-Marie et d’installer au cimetière la dernière croix en fonte encore présente.

 

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Chapelle de la Sainte Vierge

 

À la rue Haute

À quelques pas du cimetière communal, il est une assez jolie construction qui a été édifiée par Fernand Mary, fils de cultivateurs-fermiers. C’est une chapelle dédiée à la Sainte Vierge. Cet édifice de forme cubique d’environ 2m50 est couvert d’une toiture en plaques d’éternit. Les murs extérieurs sont peints d’une couleur crème. La façade gris-vert, dans laquelle s’ouvre une porte de bois en arc en plein-cintre, peinte en blanc, avec dans le haut, une vitre en verre brouillé. L’uniformité de la façade est brisée d’une décoration moderne semblant faire sur les coins une colonne de gros­ses briques mais elle fait partie du recouvrement en ciment des murs. En façade, à la rencontre des deux pans du toit qui font environ 1m70 de large, on voit une croix trilobée, peinte comme la muraille.

À l’intérieur, la voûte est recouverte comme les murs d’une peinture vert-clair. On accède à l’autel, par un escalier de deux degrés de 20 cm de haut et de large. Sur la table de l’autel, marbré brun-jaspé, trône au centre la sainte Vierge. Cette belle statue est accompagnée d’une Bernadette en prière, de saint Éloi avec son enclume, de sainte Thérèse de Lisieux, d’un Sacré-Cœur en pied, d’un buste du même portant les lettres S et C, de sainte Brigide avec sa vache, cette Bienheureuse étant invoquée contre les maladies des bestiaux. Il est encore d’usage d’aller en pèlerinage à Florennes, Fosses, d’où on rapporte des baguettes bénies que l’on place dans les étables. Toutes ces statues sont polychromées. Cinq chandeliers, trois bougeoirs et trois vases garnis de fleurs achèvent le mobilier de la chapelle, qui ne porte aucune inscription. Actuellement, le propriétaire est Gaston Mary, fils du défunt Fernand qui en assure le bon entre­tien.

Juin 1978

 

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Les « potales » de la rue des Wespes (Waibes)

 

Dans la façade de la maison qu’habitèrent en leur temps Léopold Mainjot, dit « l’aveûle » l’aveugle et son épouse Adeline Gille, il est une potale dédiée à Sainte Adèle. On invoque cette sainte pour les maladies des yeux : telle l’origine de cette potale. Le propriétaire était atteint de la vue, qu’il en devint aveugle. Cette maison fut habitée par Espérance Losson, veuve de Gaston Misson, garde-champêtre de Presles.

En remontant cette rue, dans la façade d’une maison qui a toujours été habitée par une famille Baudelet, et, encore de nos jours par ses descendants, il y a une autre potale dédiée au Sacré-Cœur. Elle a été encastrée dans la façade, en raison de ce qu’Eugène Baudelet, né à Presles en 1884, fut atteint du typhus, néanmoins il recouvra la santé. Eugène, taillandier comme son frère Léon, habita cette maison et y décèdera, célibataire, en 1948 , auprès de sa sœur Jeanne, épouse d’Émile Mainjot. Présen­tement, cette maison est habitée par la fille de Jeanne, nommée Ida Mainjot, épouse de Jules Namur, et leurs enfants.

 

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Chapelle Saint-Roch

 

Elle est érigée sur la Place Communale, anciennement dite « du Fourneau ».

La chapelle doit être contemporaine de beaucoup d’autres édifices de ce genre, élevés dans de nombreux villages, lors des épidémies de peste qui ravagèrent nos régions aux XVIe et XVIIe siècles. Saint Roch est né à Montpellier d’une famille noble. Orphelin à vingt ans, il alla à Rome en pèlerinage où il guérit un grand nombre de personnes affligées de la peste. À son retour, il s’arrêta à Plaisance, infectée par cette maladie, dont il fut lui-même frappé. Contraint de sortir de la ville pour ne pas infecter les autres, il se réfugia dans une forêt où le chien d’un seigneur voisin nommé « Gothard » lui apportait tous les jours un pain. Guéri de la contagion, il retourna à Montpellier où il mourut en 1327.

Les images représentatives de saint Roch montrent toujours le saint en compagnie d’un chien. Selon nos recherches, Jean Debande qui habitait dans la maison qui est aujourd’hui sinis­trée (Place Communale – actuellement le « Centre culturel »), faisait en 1772 son testament « dans une chambre par terre par devant la chapelle Saint-Roch, audit Fourneau ». Cette date nous fait remonter le temps et nous prouve que la chapelle était déjà édifiée à cette époque. Mais, nous formulons une hypothèse : que l’édifice devait avoir été construit bien avant.

En 1867, le monument devait être en mauvais état, car Jean-Baptiste Durant, curé de la paroisse, chargea Ursmer Bourlet, menuisier-vitrier à Presles, de faire quelques travaux à la cha­pelle. Notamment ceux « de remplacer cinq fenêtres, avec les carreaux (vitres) et les grillages pour 36 frs ; et raccommoder la porte, la serrure et de mettre le tout en couleur noire, six chande­liers pour 33 frs ».

Il semblerait donc, qu’à cette date, la chapelle n’était pas entretenue par l’administration communale. Néanmoins, elle sera reprise au cadastre, comme bien communal, sous la rubrique Son. B. 249e, pour une contenance de trente mètres carrés. Après la construction et l’inauguration de l’école communale en 1871, les édiles communaux envisagèrent avant 1880, de déplacer la chapelle et de la réédifier au pignon de la maison occupée par l’instituteur. Ce projet souleva une vague de protestations de la part de la population ; celle-ci adressa aux mandataires communaux une pétition s’opposant au déplacement. Le projet n’eut aucune suite, la chapelle fut sauvée et resta en place comme nous pouvons toujours la voir de nos jours.

Ce monument se présente sous une forme hexagonale allongée, dont les côtés sont irrégu­liers. C’est une construction en moellons équarris en pierre, dont la muraille a quatre mètres de hauteur, couverte de briques de campagne, caractéristiques de l’époque des constructions du XVIIe siècle.

La façade faisant 3m40 de large est perpendiculaire à la voirie. Deux murailles de quatre mètres de long sont parallèles à la voirie et sont percées pour y loger une verrière ; la façade postérieure est formée par trois murs de 1m60 de large. La toiture faite en ardoises est formée par deux pans parallèles et trois pans triangulaires correspondant à la base à la longueur des murs et se développant sur plus ou moins 2m50 de haut. Au sommet, au point de réunion des cinq pans se dresse une croix en fer forgé.

Dans cet édifice, la façade seule est intéressante. En son milieu, s’ouvre une porte en chêne à deux battants et ayant 2m30 de haut, percés d’un judas rond ouvert, mais défendus par huit rayons en fer, divisant en huit quartiers la circonférence. La porte est logée dans un cadre formé par les blocs de pierre, dont l’un fait office de clé de voûte qui ferme l’encadrement qui est en plein-cintre.

Ci-avant nous avons fait mention, qu’en 1867, il y avait cinq verrières, et que de nos jours, il n’y en a que deux. Ceci explique que les trois pans postérieurs de la toiture, qui étaient vitrés aient été supprimés au cours des ans, probablement en 1886, lorsqu’on travailla à la chapelle. Ces trois verrières avaient l’avantage de donner plus d’éclairage dans la chapelle, puisque le vitra­ge se situait au-dessus de l’autel. De la Place Communale, on accède à l’intérieur par un escalier de deux degrés formé par deux pierres taillées, ayant 1m20 de long, 50 cm de large et 20 cm d’épaisseur.

NDLR : cette chapelle a été complètement restaurée par le Patrimoine Preslois en collaboration avec l’Administration Communale d’Aiseau-Presles et la société Royale Dramatique « Les Nerviens » de Presles.

 

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Le culte de saint Nicolas de Tolentin

 

Contiguë au pignon gauche de la maison des feux Nicolas et Émile Lambot, nos cousins, sise en cette rue si pittoresque qu’est La Rochelle, il existe une chapelle bâtie en 1933 à l’initiative de M. et Mme Émile Lambot-Bancu. Cette construction en briques, occupant quatre bons mètres carrés de surface et comptant dans sa plus grande élévation deux mètres et demi, est couverte d’un toit à deux versants en éternit. De l’ensemble de l’édifice, la façade seule présente quelque intérêt ; l’uniformité de la muraille étant brisée par le relief d’une décoration moderne constituée d’éléments à bossage de maçonnerie encastrés.

Une porte de bois munie d’un judas grillagé ferme le sanctuaire. La chapelle ne porte aucune date ou inscription extérieure, mais celle de « Saint Nicolas de Tolentin » étant gravée dans le socle de la statue trônant sur l’autel, s’aperçoit à travers le judas grillagé. Ce simple autel auquel on accède par deux degrés, se détache sur le fond de l’abside plafonnée et de couleur claire. Il supporte la belle statue du saint, qu’accompagnent celle de la sainte Vierge, de sainte Thérèse, et de saint Benoît. Au pied de l’autel, sur la marche supérieure est posée la statue de saint Joseph tenant l’Enfant Jésus de la main gauche. Toutes ces statues sont en plâtre, poly­chromées et de facture moderne « facture Saint Sulpice ».

La représentation de saint Nicolas de Tolentin en cette chapelle nous montre le saint couvert d’un manteau rouge, il tient en sa main gauche le Christ crucifié.

Avril 1955 – Janvier 1979

 

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Chapelle de la Sainte Vierge

 

À la Rochelle en retrait de la rue et sur le côté droit du jardin de la maison de la famille Rome, il est une petite chapelle dédiée à la Sainte Vierge. Chapelle est beaucoup dire, car c’est un bloc de maçonnerie-béton de 60 cm carrés, les faces ayant 1 mètre de haut. Dans la face cen­trale, une niche de 40 cm de large et haute de 70 cm se termine en pointe à 1m20 du sol. Dans la niche, on aperçoit à travers une vitre défendue par un grillage une belle statue représentant la Sainte Vierge portant l’Enfant Jésus sur son bras gauche replié.

 

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Une autre chapelle Saint-Roch

 

Cet édifice est bâti à la rue de la Rochelle, là où la rue Cahoterie (anciennement dénom­mée Chemin sous les Roches) se raccorde avec elle.

Le terrain sur lequel la chapelle a été construite appartenait au siècle dernier (1860-1870) aux enfants de Pierre Baudelet, Joseph et Lucie. Ils en étaient copropriétaires. Le plan parcellaire de la Commune, imprimé, ne fait pas mention d’une chapelle en cet endroit. Cela laisse supposer que cet édifice fut élevé postérieurement au levé de la carte cadastrale éditée par Popp.

NDLR : cette chapelle tombant en ruine fut reconstruite par M. Victor Gravy et ses fils, avec l’aide de l’Administration Communale d’Aiseau-Presles.

 

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Le calvaire des Binches

 

Dans le cadre du hameau des Binches et plus spécialement au lieu-dit « Coumagne », un calvaire se dresse au coin du carrefour formé par la rue Grande et la rue du Calvaire (anc. Chemin de Villers).

S’il n’est pas très ancien, il est néanmoins une belle réalisation due à la ferveur paroissiale et au zèle du curé, l’abbé Georges Frère qui, en 1933, l’année de la Mission, voulut laisser un sou­venir durable de cet événement en faisant ériger un calvaire qui dominerait toute une partie de la paroisse.

La parcelle de terrain sur lequel il a été édifié appartenait à Marie Lambot, veuve d’Eugène Goemans ; elle abandonna bénévolement le fond au pasteur pour l’érection de ce monument. Sur un tertre de plus de trois mètres de haut s’élève la croix façonnée dans le bois d’un chêne offert par le comte Jacques d’Oultremont. Haute de quatre mètres, elle supporte le Christ en croix. Cette belle effigie du Christ en pierre de France reconstituée est sortie d’un atelier de Tournai, par sous­cription publique.

Le gros œuvre d’aménagement et la maçonnerie ont été exécutés par Pierre Sandron, entrepreneur à Châtelet, avec la collaboration bénévole d’habitants du village qui participèrent à cette réalisation suivant leurs moyens.

Le tertre soutenu par une muraille en moellons est garni de plantes taillées (ifs, lauriers-cerises) et florifères (rosiers, hortensias) qui enjolivent l’ensemble. Le Christ en croix se détache sur un fond glauque des grands ifs dressés en haie. Un escalier de seize marches, coupé par un palier, permet d’accéder au pied de la croix, où, sur une plaque de fonte se lit :

Souvenir De la Mission De Presles

11-12-1933

P.P.N.

 

Dans le mur de soutènement du tertre, une autre plaque de bronze. Celle-ci porte cette inscription :

Cette croix fut érigée en 1933

À l’initiative de M. L’Abbé Georges Frere

Qui ayant été curé de Presles Pendant six ans

S’endormit dans le seigneur Le 26 mai 1936

+

O crux ave spes unica

 

Il convient de rappeler le souvenir de Georges Duquenne et de son épouse émilia Goemans qui, durant leur vie, se dépensèrent à l’entretien du calvaire. Aussi, tous ceux qui œuvrè­rent bénévolement lors de l’édification : Octave Paquet, pour le transport des terres, Floris Blaimont pour les moellons, Georges Pirsoul et Georges Duquenne pour le terrassement et Martin Hautequest qui fit don des ifs.

Nous aimons aussi rappeler le souvenir des Pères Franciscains récollets : Pie et Pascal, qui vinrent de leur couvent de Montignies-sur-Sambre (Neuville) prêcher la Mission et qui avec l’abbé Frère conduisirent la procession depuis l’église jusqu’au calvaire le dimanche de son inau­guration.

NDLR : il est à remarquer que le jour de l’inauguration, un escalier en bois conduisait au pied de la croix. Par la suite, il fut remplacé et construit avec les murets en moellons fermant l’enclos.

En 2002, à l’initiative du Patrimoine Preslois, la parcelle de terrain fut achetée par l’Administration Communale d’Aiseau-Presles. Une nouvelle croix, façonnée par les ouvriers communaux, fut placée. Le Patrimoine Preslois se chargea des travaux de maçon­nerie, du placement de nouvelles barrières et ornements en fer forgé ainsi que de la mise en place de nouvelles plantations.

 

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Les chapelles murales de la rue Grande

 

Dans notre wallon local, nous aimerons mieux les appeler « tchap’lôtes » ou « potales » : le terme convient mieux que « chapelles ».

 

Sainte Rita ou sainte Brigide (n° 34 rue Grande)

Dans la façade de l’étable, où Marcel Mourmaux loge ses bestiaux, il est une « tchap’lôte » que d’aucuns disent être dédiée à sainte Rita. Son fondateur, Jean Mourmaux, père, nous avait dit en son temps, avoir fait un pèlerinage à Fosses, à sainte Brigide (en wallon sainte Brie), protectrice des bestiaux. Cette coutume, au temps passé, était courante chez nos cultivateurs-éleveurs. Des baguettes bénies étaient rapportées du pèlerinage, elles étaient pen­dues, soit au-dessus de la porte ou dans l’étable pour éloigner le mauvais sort ou les maladies, dont les bestiaux auraient pu subir les conséquences.

Cette potale de forme plus ou moins carrée mesure environ 50 cm, la partie supérieure se terminant en pointe sur laquelle prend naissance une croix latine. Dans la loge, fermée par une vitre blanche, on aperçoit une petite statue de la sainte.

 

Saint Antoine (n° 34 rue Grande)

Dans la façade du complexe contigu au précédent, on remarquera une très petite potale de plus ou moins 25 cm à la base, et 50 cm de hauteur. Cette potale est assez étrange par sa forme, se présentant d’abord sous une face plus ou moins carrée, le dessus se rétrécit mais il se reprend par une face plus petite qui se termine en pointe. Une petite niche a été creusée dans le bloc de pierre pour y loger une petite statue de saint Antoine. La loge est fermée par des petits barreaux de fer. Sans qu’elle le soit, cette potale paraît former la clé de voûte de l’encadrement de la porte de la grange. Dans sa partie supérieure, une simple croix est gravée, à la base le millésime « 1765 », nous paraît être celui de l’érection du bâtiment.

 

Sainte Béatrice (n° 56 rue Grande)

C’est une belle et grande potale carrée et sommée en pointe d’une croix latine. La niche est encadrée par une bordure de 10 cm de large, plafonnée d’une couleur grisâtre ainsi que la croix. Dans la niche vitrée et fermée, se voit une petite statue de sainte Béatrice.

Cette  tchap’lôte encastrée dans la muraille a été construite par Hector Vandercappelen et son épouse Blanche Delarue. Sainte Béatrice, née à Rome, se signala par sa charité aux temps des persécutions.

 

Saint Antoine (n° 67 rue Grande)

Dans le pignon de la maison, jadis habitée par Grégoire Maillé, où aujourd’hui réside enco­re sa petite-fille Gabrielle Van Daule épouse de Léon Delisse, il y a une petite potale qui a toute une histoire.

Les propriétaires l’édifièrent après la guerre de 1914-1918 ; les pierres calcaires qui en font la construction proviennent des Écaussines et furent rapportées par chemin de fer jusqu’à Châtelineau, par les fondateurs. De là, elles furent transportées sur leurs épaules jusqu’en ce lieu. La porte grillagée permet de voir une statue de saint Antoine.

Cette réalisation est due aux événements de la guerre de 1914. Les propriétaires avaient promis d’élever la chapelle en l’honneur de ce saint. La promesse a été tenue. Parfois, une âme en peine vient y chercher le réconfort en faisant sa prière et y apporte quelques modestes fleurs.

 

Sainte Rita (n° 27 rue-Grande)

Dans la façade de la maison habitée par Georges Pirsoul-Van Daule, une potale est encastrée ; elle est dédiée à sainte Rita. D’environ 40 cm de côté, la face centrale se termine en pointe que surmonte une croix latine. Dans cette face carrée, s’ouvre une verrière blanche laissant apparaître la statue de cette sainte.

 

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Rue du Bordinois : chapelle Notre Dame de Lourdes

 

Sa forme pyramidale est montée sur un socle de quatre degrés, celui de la base ayant 1m25 de côté, le degré supérieur étant de moitié moindre. Sur le socle s’élève un bloc de 60 cm de haut caractérisé par une reproduction de roches artificielles. Au sommet du bloc s’élève une croix latine ayant les caractéristiques du bois naturel. Dans le bloc a été réservée une niche qui abrite une belle image de Notre-Dame de Lourdes, défendue par une grille en fer. La hauteur totale de l’édifice est de 2m80.

Dans les bras de la croix a été gravé « Reconnaissance » et sous la croix « N.D. de Lourdes ».

À la base du monument, les lettres « B – N », sans date. Ce monument a été édifié par Floris Blaimont et son épouse, Jeanne Henin après le décès du frère de cette dernière, mort des suites de maladie et d’accident.

Juin 1950

 

NDLR : cette chapelle a été démolie pour permettre la construction de l’habitation portant le n° 5 de la rue du Bordinois.

 

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Chapelle Saint-Ghislain

 

Sur un bloc de maçonnerie de 1m10 de haut et de 50 cm de côté est scellé le monument bien modeste et simple. Il fut édifié par Victor Gravy et son épouse Thérèse Pouleur, à la suite d’un vœu qu’ils avaient fait pour leur fils Victor (qui tombait dans les convulsions, affection dont il fut guéri). Le monument d’un seul bloc taillé dans la pierre est large d’environ 60 cm, profond de 40 cm et haut de 55 cm, dans son plus grand développement. Une seule de ses faces dans laquelle fut creusée la niche de style classique a été décorée : deux colonnes réunies par un lin­teau encadrent la porte grillagée qui ferme la niche. À travers le grillage ajouré, se voit une statue de saint Ghislain, à côté de deux petits vases servant tout aussi bien à recevoir des fleurs qu’à supporter des chandelles.

Dans la bordure de pierre, sous la niche, se lit cette inscription : « St – Ghislain – 1890 ». Le sommet forme un accent circonflexe aux bords extérieurs tendant vers la médiane de l’angle. Il est surmonté d’une croix de fer, haute de 30 cm dont les extrémités sont forgées. L’édifice en bon état est entretenu par son propriétaire, M. Pieret, et est un exemple de la popularité dont jouit le culte de saint Ghislain.

Janvier 1954

 

NDLR : La chapelle a été déplacée et se trouve plus proche des habitations qu’à son origine.

Juillet 1969

 

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Place de Belle-Vue

 

Chapelle de Notre Dame des affligés

Son histoire n’est pas bien longue à raconter. Les anciens savaient qu’elle fut érigée à la suite et en remerciement d’un vœu que fit son fondateur. Affligé, il mit son espoir en N.D. et promit que s’il guérissait ou si son état s’améliorait, il lui bâtirait une chapelle. Homme humble et modes­te, il tint parole comme en fait foi le petit monument élevé sur sa propriété. Pour le trouver, il faut d’abord se rendre au hameau des Binches et monter jusqu’au lieu-dit le « Coumagne ». Là, à envi­ron cinq cents pas, isolé dans la campagne, il se dresse en bordure du sentier des « Terres Tayenne ». Il est construit en deux pièces en pierre du pays. Le socle d’un seul bloc équarri est haut d’un mètre, large de 40 cm et épais de 35 cm. Une de ses grandes faces porte le nom de son fondateur ainsi que la date d’érection :

F-J Pouleur

1779

 

Ce Jean-François Pouleur est un ascendant des familles Pouleur existant encore actuelle­ment au village. Au XVIIe siècle, des membres de cette famille se sont établis à Presles, gens de modestes professions, journaliers, petits cultivateurs dont la postérité s’est perpétuée jusqu’à nos jours. La seconde partie de cet édifice, reposant sur le socle est haute de 90 cm, large de 50 cm dans son plus grand développement et épaisse de 35 cm comme le socle, elles se maintiennent simplement l’une sur l’autre. Cette partie est la plus jolie, la pierre a été taillée et moulurée ; la niche abritant la statue, haute d’environ 30 cm est creusée dans la masse, elle est close par une porte en fer grillagée ; sous la niche est gravée dans la pierre cette inscription:

N-D Des Affligés

P.P.N.

 

Le tout est surmonté d'une croix dont les extrémités sont forgées et présentent trois poin­tes.

Le temps passe et de nouveaux quartiers se sont développés un peu partout sur le terri­toire, c'est le cas au Coumagne. Le sentier des "Terres Tayenne" a fait place à une rue. Sur les terrains de ce lieu-dit, s'est érigé le lotissement de "Belle-Vue". Suite aux travaux, la chapelle a dû être réédifiée à quelques pas de son emplacement primitif. Elle se trouve maintenant sur la Place de Belle-Vue. La niche est meublée par une statue de N.D des Affligés.

À la base du socle, quelques roches, plantes arbustives et florifères enjolivent ce petit monument.

Décembre 1968

 

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Rue des Vieux Sarts

 

Chapelle de la Sainte Vierge

En remontant la rue qui conduit vers les Vieux Sarts du côté droit, il est une maison des plus anciennes, habitée par Jeanne Jacquy, veuve d'André Jacquy, décédé il y a environ un an.

Dans la partie du jardin joignant au pignon droit de cette maison plus que centenaire, est érigé un petit monument en forme de niche ou grotte.

Assise sur le sol, large et haute d'environ 80 cm, cette grotte se caractérise par un assemblage de pierres calcaires ramassées sur les lieux de la construction.

Sur le plateau de la cavité, est posée une statue en faïence polychromée de la Vierge. À ses pieds, frère Mutien-Marie, à genoux, paraît implorer la clémence et les grâces de la Mère de Dieu.

Dissimulé aux yeux des passants, ce petit et rustique monument témoigne de la ferveur chrétienne des édificateurs, rappelant leur passage en ces lieux.

 

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Le culte de Notre-Dame de Lourdes

 

Rue Al Croix n° 9

Dans le jardin d'une des plus anciennes maisons de cette rue, qui jadis, fut habitée par Alexis Gravy et son épouse Mélanie Jacquet, a été reconstituée une grotte dédiée à Notre-Dame de Lourdes. Cette réalisation est due à Alfred Tassin et à son épouse Rosalie Camberlin, fille d'Omer et d'Eugénie Mollet. L'édifice se présente sous l'aspect d'un gros rocher constitué par de belles pierres de calcaire, provenant du parc de Presles. Dans cet assemblage, deux cavités ont été réservées afin de reconstituer un tableau de l'apparition de la Sainte Vierge à Bernadette.

Tout cet ensemble enjolivé de fleurs et de roses est d'un bon goût et agréable à voir.

 

Rue Grande n° 27

Au bout d'une impasse, sur le côté gauche, face à la maison de Georges Pirsoul-Van Daule, est érigée une grotte à N.D. de Lourdes. C'est une belle réalisation qui se présente sous une forme pyramidale, constituée de belles roches de calcaire.

L'ensemble fait à la base deux bons mètres de large se développant sur une hauteur à peu près pareille. Les roches ont été judicieusement choisies et l'assemblage est des plus parfaits. Deux cavités ont été réservées, dans celle du haut la Sainte Vierge apparaît à Bernadette en prière dans celle du bas.

Quelques plantes florifères enjolivent ce gracieux monument.

 

Rue-Grande n° 92

À l'intérieur de la propriété de Georges Duquenne et de son épouse Émilia Goemans, il y avait un assemblage de roches qui représentaient le tableau classique de N.D. de Lourdes appa­raissant à Bernadette.

Suite à la modernisation de l'ancien immeuble datant du XVIIIe siècle, le petit-fils des préci­tés, Claude Lejour démonta l'édifice.

Les roches furent mises en dépôt sur la prairie ; une fois les travaux terminés, la grotte dédiée à N.D. de Lourdes sera réédifiée par le nouveau propriétaire.

 

Rue des Haies n° 1

Dans le jardin de la maison habitée jadis par Joseph Marlier et son épouse Sylvie Robert, maraîchers, un monument y est édifié. Les anciens propriétaires eurent soin de choisir de belles roches de Presles pour sa construction.

Il possède toutes les caractéristiques des autres monuments dédiés à N.D. de Lourdes. La sainte Vierge apparaissant à Bernadette en prière, la première logée dans une niche en haut, la seconde dans la niche du bas du monument.

À présent, monsieur et madame Cugguda en sont devenus les propriétaires et font tout leur possible pour tenir ce monument en bon état.

Octobre 1980

 

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Rue des Taillandiers n° 6

 

Cette dénomination évocatrice rappelle le souvenir des anciennes forges, des ateliers, des taillanderies, qui de date immémoriale ont œuvré en ces lieux. Mais, faute de pouvoir lutter contre la concurrence des usines, elles durent à regret fermer leurs portes.

En cette rue, à droite, l'avant dernière maison, où habite présentement (1978) Louisa Lorent, il y a dans la façade postérieure, une pierre en arc en plein-cintre encastrée dans la muraille. On peut lire cette inscription :

 

 

Louez soit I.H.S.

Jésus Christ Ainsi soit-il

N.L.B. 1736 M.C.P.

Après bien des recherches, nous pouvons donner un nom à ces initiales. Il s'agit de Nicolas Lebon, né en 1702 et de son épouse Marie-Catherine Piret, qui décéda en 1774.

Leur petit-fils, François-Ursmer Lebon, né en 1808, épousera Victoire Bourlet ; de leur mariage est née Virginie Lebon. Celle-ci, en religion, prendra le nom de sœur Marie Jean-Baptiste et par sa piété, sa sagesse et son pouvoir, deviendra Supérieure générale des sœurs Franciscai­nes. Elle décédera au couvent de Farciennes le 26 novembre 1905.

Ses parents, cultivateurs en 1830, habitaient une maison située sur la Place (ancienne) du village.

Jusqu'à présent, nous ne connaissons pas les raisons de l'encastrement de cette pierre dans la muraille de la maison des aïeux de Virginie Lebon. Elle était située à ce temps-là dans le quartier dénommé « le Fourneau ».

 

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La pierre « tête de mort »

 

Le vieux cimetière qui se trouve situé sur le côté de l'église est surélevé par rapport au niveau de la rue et de l'allée qui conduit au vieux calvaire. Le terrain en bordure de cette allée a dû être soutenu par un muret en roches naturelles de dimensions diverses et formant un ensemble rustique et agréable en cet endroit. Parmi elles, il se trouve une roche très grosse qui passa le plus souvent inaperçue de ceux qui viennent soit à l'église soit jeter un coup d'œil en ces lieux. Et pourtant, cette vieille pierre a toute une histoire. C'est la pierre « Tête de Mort ». Elle se trouve en bordure, près de l'entrée de l'enclos où a été réédifié le monument aux soldats morts au cours des deux Guerres mondiales.

Selon la manière dont on se place devant elle, on peut observer toutes les caractéristiques d'un crâne humain. Cette pierre a été tirée de la carrière du lieu-dit « Les Roches ». Il y a de très nombreuses années, les exploitants de la carrière, issus de la famille Marlier dite « lès maurlî » ne la brisèrent pas comme ses consœurs et les chaufourniers d'alors ne la firent pas cuire pour obtenir de la chaux.

La famille Marlier est déjà nommée en 1630, et leurs ancêtres étaient connus sous la déno­mination « Le Marlier ». En 1830, une famille Marlier exploitait la carrière.

Mais, revenons à l'histoire de notre pierre. Comme nous l'avons dit, tirée de la carrière, elle ne fut pas brisée mais transportée au cimetière de l'époque. Là, elle fut déposée au pied de la croix du calvaire qui se trouve maintenant au fond de l'allée.

Lors de la construction du nouveau château et de l'église, - après 1854 -, nos aïeux conser­vateurs gardèrent précieusement cette roche et la déposèrent là où elle se trouve encore aujourd'hui. Ces gens simples, mais grands observateurs des faits de la nature, crurent voir en elle non pas un maléfice mais bien une roche ayant du pouvoir surnaturel et bénéfique. Les anciens avaient l'habitude de passer en venant ou s'en retournant de la « Maison du Seigneur » leur main sur ce gros caillou. Il y a près de septante ans, quand j'allais le dimanche à la messe avec ma grand-mère, celle-ci ne manquait jamais de venir saluer la pierre. C'était, disait-elle, venir dire bonjour à ses défunts ; par leurs intercessions auprès du Créateur et leurs prières, elle serait soulagée de ses misères.

D'autres en faisaient de même ; un tel atteint de rhumatisme venait se frotter contre la pierre et avait la sensation d'être soulagé de son mal.

Telle est l'histoire de la « Tête de Mort », mais qu'importe après tout de faire une caresse à cette pierre pour trouver le bonheur ou soulager ses maux. Il est loisible à chacun de penser ce qu'il voudra, il suffit d'essayer…

Octobre 1955

 

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Rue du Calvaire

 

Cette voie de communication, anciennement dénommée « Chemin de Presles à Villers-Poterie », et de nos jours baptisée « Rue du Calvaire » resta peu habitée pendant de longues années.

À l'origine, il y a plus de cent ans, seule une petite maisonnette bordait ce chemin. Plus tard, un complexe agricole s'édifiera vis-à-vis, mais il faudra attendre l'après-guerre pour voir la construction prendre son essor en ces lieux.

Pour les anciens, la petite maisonnette était connue sous la dénomination « maison de pierre » (n° 29 rue du Calvaire). Cette appellation était valable car un gros galet de calcaire avait été encastré dans la façade du bâtiment. Ce gros moellon était gravé d'une inscription, qui se lit : maison de pierre.

Il faut savoir que cette inscription n'est pas unique en son genre, dans de nombreux villa­ges de l’Entre-Sambre-et-Meuse, il est assez courant de rencontrer des dénominations « maison de pierre », qui tout simplement désignent une maison isolée, construite en pierres ou en moellons de calcaire provenant des carrières du pays. C'est le cas à Presles, pour la construction marquée de cette inscription.

Seule chose regrettable : M. Raymond Serwier, lors de la modernisation de sa maison, n'a pas remis dans la façade le galet, témoin du passé. À titre d'information, la maison dite « maison de pierre » est reprise au cadastre de 1812-1818, ce qui signifierait qu'elle était construite bien avant cette date.

 

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Que signifient ces dates ?

 

Pour celui qui aime Presles, qui aime se promener dans les rues du village, s'il est quel­que peu observateur, il découvrira dans la façade de certaines maisons une pierre gravée d'un millésime. La plupart de ces dates sont gravées dans une pierre formant l'encadrement d'une porte ou d'une fenêtre. Le visiteur en tirera tout de suite la conclusion que cette maison a été construite en telle année et il n'en cherchera pas davantage. Pour la plupart, cette conclusion sera valable, et nous pourrions aussi conclure en disant que les habitudes des habitants de ces temps révolus étaient de marquer pour les années à venir, la date de l'édification ou de la restauration de leur demeure.

 

Rue Grande n° 44

Sur la droite de la rue qui monte au Coumagne, dans la pierre supérieure qui forme l'enca­drement d'une porte, est gravé le millésime « 1773 ». Cette date est assez significative si l'on observe le style de construction. Cette maison, avec tout l'ensemble des bâtiments annexes, a été construite au XVIIIe siècle. Ce groupe était dénommé populairement « lès maujôs d'Jean R'mè », car Jean-Remi Pouleur et son épouse Catherine Monnom habitaient ce complexe agricole. Leurs des­cendants, exerçant le métier de cultivateurs, y résidèrent au cours du XIXe siècle. Cet héritage passa ensuite en d'autres mains. La maison portant le millésime appartient de nos jours à la veuve Gaston Huart. Le reste du complexe était tenu par feu Alexis, dit Auguste Mourmeau, et son fils Franz, cultivateurs. D'autre part, les petites maisons qui sont bâties en vis-à-vis portent des carac­téristiques du XVIIIe siècle. La bordure de briques en saillie sous la corniche est particulière à cette époque.

 

Rue du Coumagne n° 5

Au coin de la rue du Coumagne et de la rue Grande, s'étendait une grande propriété arbo­rée, ceinturée par une haie vive ; la maison du propriétaire est bâtie en retrait et porte en faça­de le millésime « 1842 ».

Cette demeure a été habitée par le maître de carrière, François Wauthiez, qui exploita au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la carrière dite « de la Falige » en bordure de la route Nationale n° 22, dénommée rue de Fosses. François avait épousé Marie-Thérèse Bourlet et le ménage avait ouvert dans cette maison un cabaret.

Plus tard, toute la propriété passa à Joseph Delfosse, facteur des postes, qui pendant toute sa carrière assura la distribution du courrier à Presles. Il avait épousé Marie Genot.

 

Rue de la Rochelle

De la Place Communale, anciennement le Fourneau, dirigeons nos pas vers la rue de la Rochelle. Cette très ancienne voie de communications, citée en 1591, comme « Chemin de Presles à Sart-Eustache » a été modernisée, rajeunie, mais n'a pas perdu son charme pittoresque.

La plupart des maisons sont très anciennes et les assises de certaines pourraient remon­ter au XVe siècle. Au cours des temps, l'aspect peut avoir changé dans la construction ; d'ailleurs, nous ne retrouverons plus les toits de chaumes dont elles étaient encore couvertes au début du XVIIIe siècle.

Avant de passer le pont jeté sur la Biesme, dans la muraille de la première maison, un linteau de fenêtre en pierre porte la date de « 1757 », sans autre inscription.

Le plan cadastral (1850-1860) nous renseigne qu' Émile Hermant et son épouse Victorine Delire sont propriétaires de cette maison. Émile Hermant a été pendant vingt ans secrétaire com­munal, soit de 1826 à 1846. Il habita la maison faisant le coin et conserva ses biens lorsqu'il se déchargea de ses fonctions en prenant sa pension ; il se retira à Châtelet, d'où son épouse était originaire. Or, les ascendants du secrétaire communal habitaient déjà au quartier du Fourneau. Pierre Hermant habite au Fourneau fin du XVIIe siècle, il épouse en 1702, Jeanne Duchesne, décé­dée en 1756. De leur union, naquirent deux fils : Pierre-François, né en 1702 et Charles-François, né en 1705, et quatre filles. Ceci nous permet de supposer que l'un des ascendants d'Émile Hermant fit des travaux à cette demeure. Pour en marquer le remaniement, il plaça ce linteau de fenêtre gravé à la date de « 1757 », chose assez courante à cette époque.

De nos jours, le bâtiment daté est une dépendance du Café de la Place, à l'angle de la rue de la Rochelle.

Dans cette même rue de la Rochelle, presque vis-à-vis de la chapelle Saint-Roch, une maison basse a toujours été reconnue par les anciens comme une des plus anciennes bâtisses du quartier. Il est utile de rappeler que toutes les anciennes demeures qui formaient le quartier du Chef-lieu, ont été démolies pour permettre l'aménagement des abords du château. Toutes ces constructions dataient d'avant la chute du régime seigneurial et notre vieille maison de la rue de la Rochelle serait contemporaine de celles bâties sur l'ancienne place du village. Notre prétention ne va pas jusqu'à dire, qu'elle était isolée dans ce quartier ; il y en avait certainement d'autres de la même époque, disséminées en d'autres endroits, comme certaines de la rue des Haies ; elles ont été arasées ; lors des travaux de voirie, on mit à jour les substructions d'une ancienne demeure. Il doit en avoir encore d'autres en cet endroit antérieures au XVIIIe siècle. Donc, on peut supposer que les assises du bâtiment de la rue de la Rochelle remonteraient à plusieurs siècles. Néan­moins, au cours des temps, il y a eu des travaux de remaniement. Il pourrait en être ainsi au XVIIIe siècle, lorsque le propriétaire entreprit des travaux à sa demeure. Pour en marquer la date, il aura fait placer un linteau de pierre, faisant partie de l'encadrement de la porte. Ce linteau a été gravé du millésime « 1737 » dans un écusson et accompagné des lettres P.F.P.

Selon nos connaissances, nous devrons laisser ces lettres dans l'ombre, n'ayant pu trou­ver une signification convenable de ces initiales.

Cette maison porte le n° 39, rue de la Rochelle.

 

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Les vandales à Presles

 

De nos jours, les heures que nous vivons sont fertiles en événements. Si d'aucuns sont utiles, il en est parfois de nuisibles et de malfaisants. La violence règne partout et le vandalisme devient coutumier. Pour d'aucuns le respect des choses sacrées ou publiques n'existe plus. Que de choses sont saccagées en dépit du bon sens, quand elles ne sont pas anéanties à jamais, rayant de la carte des souvenirs de l'histoire locale.

Au cours de l'an 1979, une arcade du vieux manoir a été détruite ; la statue de Notre-Dame de la Salette a été brisée et la nouvelle copie remise en place par M. le comte Eugène d'Oultremont a été volée avec le grillage en fer forgé qui fermait la niche. Tout cela à l'intérieur d'une propriété privée, « le parc du domaine de Presles ». À l'extérieur   du domaine, le calvaire de la rue du Pont, édifié par la famille d'Oultremont a été renversé ; il en résulta que la croix de pierre a été amputée de sa partie supérieure.

Au début de janvier 1980, les vandales sont revenus s'attaquer à divers monuments reli­gieux. C'est ainsi que la chapelle Saint-  Roch de la Place Communale a été profanée. Du mobilier a été emporté, seule demeure la statue du saint, il en fut de même au calvaire-chapelle Gille, à la rue de la Rochelle.

À la rue du Pont, le magnifique lustre suspendu à la voûte de la chapelle Saint-Joseph a été aussi emporté. Mais, quelle valeur avait donc le Sacré-Cœur de la petite potale encastrée dans la façade de l'ancienne maison Baudelet (Namur-Mainjot) à la rue des Wespes n° 8 pour qu'il soit volé ?

Ces profanations déplorables sont le fait d'individus inconscients, sans aucun respect pour les choses du passé.

Janvier 1980

 

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Les bornes de Presles

 

Une borne peut avoir plusieurs raison d'être. C'est généralement, une pierre plus ou moins grosse enfoncée dans le sol pour indiquer la séparation d'un champ avec un autre ; plantée sur les côtés d'une porte, « chasse-roue », elle sert à préserver celle-ci, et la roue, des chocs des voitures ou des chariots ; d'autres qu'on rencontre parfois le long des routes indiquent les distances kilométriques ou le n° de la chaussée, la limite de deux territoires ou encore de deux pays. Les bornes de Presles ont une tout autre raison. Elles ont une bonne centaine d'années.

Au XVIe siècle, le Pré Burnau  était traversé par un sentier. Cette petite voie de communica­tion sera remplacée par un chemin dont les extrémités seront limitées au XIXe siècle par la plantation de quatre bornes.

Il en sera de même pour le raidillon dénommé rue Mgr Cerfaux ; cette voirie était au XVIe siècle un tronçon de l'ancien chemin de Presles à Sart-Eustache. Deux bornes furent plantées aux extrémités.

Les bornes de Presles sont des blocs de pierre de plus ou moins 1m50 de haut et de 60 cm de diamètre. Le bloc de pierre taillé et mouluré à la base se termine en dôme au sommet. Le fût de la colonne a été taillé de manière à former huit faces égales de 18 cm de largeur. À 60 cm du niveau du sol, une face centrale a été travaillée de façon à réserver un rond dans lequel les lettres O et P sont entrelacées, le tout faisant relief sur la face. À mi-hauteur, dans une face laté­rale, une pièce plate en fer forme un U (environ 25 cm) dont les deux bouts plombés dans la pierre servent d'attache.

Il faut savoir que le chemin du Pré Burnau et celui appelé maintenant rue Mgr Cerfaux n'ont pas toujours fait partie de la voirie communale. Ces deux chemins, pendant tout un temps, faisaient partie du domaine de Presles. Les comtes d'Oultremont y tolérèrent le passage, mais pour marquer leur droit de propriété, ils firent planter ces bornes à leurs initiales (Oultremont-Presles). Les attaches dont les bornes furent pourvues permettaient d'y attacher les chaînes, inter­disant le passage et montrant que ces chemins étaient privés. Tous les trente ans, ou de temps à autre, les chaînes restaient tendues un jour et une nuit, entravant ainsi la circulation. Autrement, le droit de propriété aurait pu se perdre et l'usage serait devenu banal. De plus, à certains moments de l'année, ces chemins n'étaient pas accessibles aux villageois : c'était disaient nos aïeux « mettre les chaînes ou les barrières ». Cela valait à dire, qu'en saison d'hiver ou en périodes pluvieuses, le propriétaire interdisait l'usage de ses chemins, ne tenant pas à ce qu'ils soient détruits par les lourds chariots à bandages de fer. Il se passa ainsi de nombreuses années avant que cette voirie devienne communale. Les enterrements religieux pouvaient y passer, mais les autres devaient user des chemins communaux pour gagner le cimetière de la rue Haute ; c'était coutumier.

Maintenant, l'usage de ces bornes est périmé, la voirie étant devenue communale. Elles restent en place et font partie de l'environnement.

 

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Un ancrage de l'an 1855

 

L'urbanisation des villes n'est pas restée sans influencer celle des villages. Il en a été ainsi à Presles, où de nouveaux quartiers sont venus modifier la physionomie de la localité. Il en sera encore certainement ainsi dans l'avenir. En cette année (1978), il est question que la maison Mambour et ses dépendances soient rayées de la carte communale.

Cette maison est très ancienne. On serait tenté de croire qu'elle fut de tous les temps pro­priété de la famille Lorent, famille dont de nombreux représentants œuvrèrent dans la forgerie, la taillanderie et la maréchalerie. Dans le patois, c'était li maujô dou roudje. Une de ses représen­tantes nommée Joséphine Lorent épousa Edmond Mambour, cultivateur, et c'est ainsi que cette demeure fut désignée « li maujô mamboûr ». Bâtie au carrefour de trois voies de communication, elle semble tellement s'avancer dans la rue des Taillandiers, qu'on s'imaginerait volontiers qu'elle vient à la rencontre de ceux qui d'aventure viennent en ces lieux. Elle sera démolie pour donner plus d'accès à la rue des Vieux-Sarts et à cette nouvelle rue dite « des Longs Prés », qui remplacera la dénomination Basse-Ruelle.

À côté de la maison précitée, l'étable est établie dans une ancienne forge où œuvra toute une génération de la famille Lorent. Cette forge ancienne, est citée au XVIe siècle. Nous citons : « ung grand chemin prendrant a dictes forges dont lij ung s en vat parmy liebroit et montant sus jusqu'au batty de fosse et l'autre vat derrière le champeau rallant audict batty de fosse ». Il s'agit ici du chemin qui monte aux Vieux-Sarts et de l'autre qui vient d'être dénommé rue des Longs Prés. Sur la façade de cette ancienne forge devenue étable, il y a un ancrage formant un millésime : celui de « 1855 ».

Il se pourrait très bien que cet ancrage fut placé dans la façade, lors de la reprise de la forge par Louis-François Lorent, époux de Christine Pouleur dite « Crustine ». Encore un coin du village qui va changer de physionomie dans les prochaines années, si du moins, ce projet se réali­se.

Mars 1978

 

NDLR: la ferme Mambour a été démolie en 1985. Par contre, l'ancrage 1855 dont parle l'auteur est toujours visible à l'heure actuelle (rue des Taillandiers n° 10).


 

1 Edité en 1981 in Presles, ses calvaires, ses monuments, ses chapelles.

2 Voir Jean FAUCONNIER – Les Potèles – Le vieux Châtelet – 15ème annuaire – 1975 pages 159 à 161

 

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