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Li gâde d'à Zirée

Li gâde d'a Zirée 1

 

Cliché IMA 010b 

"La chèvre de Désirée"

Jadis, les Preslois savaient tirer parti de ce qui croissait le long des chemins et sur les urèyes (talus).

La commune abandonnait gratuitement aux petites gens tout ce qui pouvait servir à la nourriture des petits animaux.

Les uns s'en allaient tenant d'une main leur panier, de l'autre leur faucille. Ils avaient tôt fait de trouver assez d'herbe pour ravitailler leur colonie de lapins. D'autres qui avaient, qui une chèvre, qui un mouton, allaient mettre leur bête au piquet au bord de la route bordée par un talus.

Ce n'était pas rare de voir se reposant ou se réchauffant au soleil, un grand bouc, un mouton ou une chèvre couchée au milieu du chemin. Il n'y avait aucun danger tant pour l'animal que pour les usagers du chemin.

Les voies de communication n'étaient sillonnées que par des chariots tirés pas des chevaux car, en ce temps-là, c'était l'usage et la coutume, les véhicules à moteur étaient rares, la première automobile, une Germain croyons-nous , fut, un peu avant 1914 en usage au château de Presles.

Au hameau du Coumagne, Désirée MOHYMONT, qui avait une chèvre, allait comme tant d'autres de ses concitoyens mettre sa bête à paître les herbages du bord des chemins.

Un jour, dans leur cabaret, les frères Bèriques, Joseph et Émile ARNOULD décidèrent d'aller étrangler la chèvre de la bonne femme. Hou ! Les vilains !

Le chemin conduisant du Coumagne à Sart-Eustache était assez désert. La chèvre paissait paisiblement près du bois du Charnoi, les deux Bèriques eurent tôt fait de mettre leur projet à exécution, étranglant la chèvre sans être vus.

Le premier acte accompli, Joseph Bèriques caché à l'entrée du bois veillait sur la proie pendant que son frère allait annoncer à Ziréye qu'il avait vu sa chèvre morte. Prenant un air apitoyé, il lui dit : « Qué maleûr don Ziréye, qui vosse gâde èst crèvéye »("Quel malheur n'est-ce pas Désirée que votre chèvre est crevée").

Ziréye Mohymont, ne voulant pas croire que sa chèvre était morte ainsi, s'en vint accompagnée du Grand jusqu'au bois du Charnoi, pour constater la triste vérité.

Là, voyant les lamentations et le désarroi de Ziréye, devant sa chèvre morte, li Grand Bèrique tout en la consolant, s'offrit pour enterrer l'animal dans la carrière des Tchins (chiens) au Champ d'Obe, qui ne servait plus que de fosse pour se débarrasser des animaux morts.

La pauvre femme, ne sachant que faire, abandonna au Grand qui ne demandait que cela, sa chèvre morte.

Détachant du cou de l'animal le collier avec sa chaîne, et le remettant avec le piquet à Ziréye, il lui dit encore : « C'èst bén domadje pour vos, mins qwè v'lés, lès bièsses come lès djins, il arive in djoû qui l'mwart arive vos qwé sins criyî » (C'est bien dommage pour vous, mais que voulez-vous, les bêtes comme les gens il arrive un jour que la mort arrive vous chercher sans crier).

Chargeant alors la chèvre sur les larges épaules, il s'esquiva à travers la campagne, son frère le suivant en tapinois.

Rentrés chez eux, ils n'eurent rien de plus pressé que d'écorcher la chèvre pour en manger les meilleurs morceaux.

On ne sait si ce fut à la bonne santé de Ziréye ou à la leur qu'ils firent bonne ripaille ce jour-là.

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1 Publié en 1981 in Il était une fois…

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