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Légende du « Fond-coupe-gueule »

Légende du « Fond-coupe-gueule »1



Le village de Presles possède de nombreux coins charmants, des endroits romantiques, pleins de solitude et de mystère, où l’on s’attend à voir apparaître les gnomes et les fées des légendes.

Il est un site plus mystérieux : c’est celui du « Fond Coupe-Gueule ».

Un ruisselet, affluent de la Biesme, coule sauvagement dans le ravin. Il vient se jeter dans la rivière non loin des cavernes préhistoriques dénommées populairement « les grottes » de Presles, mais qui, géographiquement, sont situées sur le territoire d’Aiseau.

Ce ravin, dû à l’érosion des eaux, montre des monolithes semblables à des menhirs. Rassem­blés dans une végétation folle et sauvage, ces blocs de pierre chaotiques, recouverts de ver­dure, ont vraiment un aspect impressionnant.

Les hautes futaies qui croissent dans la solitude inquiétante de l’endroit, rendent le site plus mystérieux encore ; il faut en découvrir toute la beauté.

Il était autrefois, bâtie à l’orée du bois, une masure où habitait un nommé Masarac, espèce de brute et d’hercule qui faisait régner la terreur dans les environs. On raconte qu’il tuait pour le plaisir de tuer.

Malheur à qui s’aventurait dans ces parages, car le sinistre personnage, nuit et jour guettant ses victimes, tuait ceux qui avaient été assez téméraires pour venir le braver, les dépeçant et jetant leurs restes sanglants dans le puits voisin de sa demeure.

Il arriva un jour que des soldats s’en vinrent à la « picore » (maraude) dans les environs et, avant de se mettre à fourrager, se mirent à l’aise en se débarrassant de leurs fusils qu’ils réunirent en faisceaux.

Masarac aux aguets, parvint à s’emparer des armes et, sans explication, les extermina tous jusqu’au dernier.

Or donc, une autre fois, un jeune trompette espagnol en reconnaissance, s’étant égaré en ce lieu maudit, fut victime du sinistre Masarac.

En vain le supplia-t-il de lui laisser la vie. Ses prières, ses lamentations, au lieu d’apaiser son courroux, ne firent que l’exciter davantage. Ce que voyant, le pauvre soldat, déjà mourant dans les mains de fer de son tortionnaire, l’avertit qu’à sa mort, il viendrait sonner de sa trompette pour lui rap­peler ses crimes et ses méfaits.

On dit que, quelques années plus tard, Masarac, gravement malade, allait rendre son âme à Dieu. Des gens, habitant dans l’environnement, s’en vinrent jouir de son agonie et entendirent un bruit strident et métallique dans les airs.

Masarac, se dressant sur sa couche, dit aux personnes présentes : « Ètindoz ? Est-ce qui vos ètindoz ? » (Entendez-vous…).

Si bien que les paysans s’enfuirent épouvantés, tandis que Masarac retombait mort sur son grabat. Le jeune trompette avait tenu parole et à l’heure du trépas de son assassin, il était revenu donner de sa trompe pour lui rappeler ses crimes.

On dit, et c’est vrai, que l’endroit si tristement célèbre s’appelle « Le Fond Coupe-Gueule » et certains pensent que Masarac en est la cause.

Mais, au temps passé, comme disaient nos pères, il fallait être bien courageux pour s’aventurer en ce lieu propice aux mauvaises rencontres et qui aurait pu très bien avoir été un coupe gorge.

Telle est la légende qui s’est créée autour de l’endroit qui se trouve sur les confins du terri­toire de Presles et de Le Roux 1.

Cette maison et ce puits, s’il y a, auraient pu se situer sur le territoire de Le Roux et le sangui­naire Masarac était peut-être un habitant de cette commune.

*

 

D’autre part, les anciens racontaient qu’à l’époque où la taillanderie était dans son plein essor, à Presles, les artisans du fer s’en allaient vendre leurs marchandises aux foires de Fleurus.

Pour s’y rendre, ils empruntaient une ancienne voie de communication qui, partant du Chef-lieu (anc.) se dirigeait vers Aiseau et de là vers Fleurus.

Or, précisément, ce vieux chemin allait sur la rive droite de la rivière la Biesme et passait dans cet endroit du Fond Coupe-Gueule, réputé sinistre.

Les taillandiers preslois ayant vendu leurs marchandises au marché ralliaient leur village par le même chemin.

La vente ayant été bonne, la bourse du taillandier était garnie de monnaies sonnantes et trébu­chantes, pièces d’or et d’argent que nous n’avons plus le bonheur de connaître. C’était suffisant pour qu’un taillandier attardé soit « ratindu », attaqué et dévalisé dans cet endroit solitaire et isolé, propice aux mauvaises rencontres avec certains vivants de rapines.

Autrefois, celui qui devait faire un déplacement, devait emprunter les routes, soit à pied, soit à cheval, privilégié était celui qui avait une voiture. De mauvais garçons, voleurs ou fripons couraient les bois et les campagnes, ne se gênant pas pour attaquer et dévaliser les voyageurs, surtout dans un lieu isolé comme l’est celui du Fond Coupe-Gueule.

 

1 « Il n’y a pas de fumée sans feu », dit-on, mais de toutes nos recherches dans les registres paroissiaux et de l’État-civil de la commune de Presles, nous n’avons pas découvert un personnage portant soit comme prénom ou nom de famille, Masarac.

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