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La Ssaint-Grégoire, à Presles , dansles années d'après guerre

LA SAINT-GREGOIRE, A PRESLES, DANS LES ANNEES D'APRES GUERRE


Avant d'évoquer la Saint-Grégoire, il est indispensable de décrire Presles, commune champêtre de plus ou moins 800 habitants, comprenant le village proprement dit avec ses écoles, son église, son château, sa maison communale, le tout traversé par la Biesme.

 

Venant de Châtelet et se dirigeant vers Fosses-la-Ville, la route N 22 à grand trafic provoque une cassure et après avoir gravi la longue rue du Calvaire, nous nous trouvons au hameau des Binches avec ses maisons dispersées, ses fermes, ses prairies et ses grandes terres agricoles.

Aux extrémités du hameau, nous trouvons d'une part Carnelle qui fait partie de Châtelet mais dont les habitants se sentent preslois pour la plupart, et à l'opposé, le Bas-Sart qui lui est tourné vers Sart-Eustache.

Et les enfants, dans cette grande dispersion d'habitations, où vont-ils à l'école ?

Au village bien entendu. Les garçons vont à l'école communale située sur la place et les filles à l'école libre, chez les sœurs dont l'école est située près de l'église.

Chez nous, pas de rivalité dans l'enseignement. L'école gardienne accueille garçons et filles lesquelles ensuite restent sagement chez les sœurs. Les garçons, eux, prennent la direction de l'école communale, dirigée de main de maître par Monsieur Michotte qui dans sa classe unique instruit, bon an mal an, une quarantaine de garnements. Et c'est ici, dans notre école communale, que nous faisons connaissance avec la Saint-Grégoire !

Bien sûr, en février, on a déjà fait les mascarades, mais plus on se rapproche du 12 mars, c'est la Saint-Grégoire qui nous émoustille.

Il faut voir comment les plus petits observent les grands de 5ème et 6ème qui préparent les pancartes, étudient les itinéraires à emprunter, désignent les porteurs de tirelires ou de paniers et surtout répètent la chanson de la Saint-Grégoire.

Et voici le grand jour. Dès 7h30, tous les élèves sont dans la cour, et sous la direction de « Monsieur le Maître » se rendent à l'église pour assister à la messe.

Est-on concentré à l'office ? On peut en douter… On quitte l'église et, bien en rangs, on se rend dans la cour de récréation de l'école des sœurs où les filles nous attendent. Sous leurs applaudissements, on défile en chantant à tue-tête l'hymne du jour. Mais il ne faut pas s'attarder car les tirelires sont toujours vides…

On quitte les lieux et par le parc, on se dirige pleins d'entrain au château et au moulin. C'est ensuite la ferme de la Cahoterie qui se trouve à bonne distance, isolée au sommet du village. Que cela ne tienne, les fermiers ont beaucoup de poules et sont généreux ! Les « merci » fusent et la joyeuse troupe redescend au village.

Chaque foyer est sollicité et presque partout, nous recevons soit quelques pièces ou quelques œufs.

Mais gare à ceux qui refusent ! Tous ensemble, nous les invectivons et leur souhaitons que leurs oignons pourrissent car à Presles, il est de tradition de les planter à la Saint-Grégoire.

Depuis longtemps, le Maître nous a quittés et c'est en cogestion responsable que nous parcourons toutes les rues du village. Il nous semble parfois apercevoir l'Anglia noire de Monsieur Michotte, mais c'est certainement une illusion d'optique. Jamais le Maître ne nous surveillerait…

Par la grand-route, nous nous rendons au Bas-Sart tant pour quêter aux rares maisons, mais surtout pour provoquer un habitant que nous savons revêche et qui, chaque année, fait semblant de nous poursuivre armé d'un bâton.

Était-ce véritablement un mauvais coucheur ou simplement un original qui voulait nous faire peur ? Aujourd'hui encore, nous nous posons la question.

Par les chemins de campagne, nous arrivons aux Binches et, dès que nous apercevons la ferme Gilles, nous cassons la croûte car il est aux environs de midi et toutes ces émotions creusent l'appétit.

Sans trop nous attarder, nous parcourons rues et lieudits des Binches et arrivons à La Bergère à la limite de Presles et de Châtelet.

Si le temps est propice, nous poursuivons jusqu'à Carnelle où l'accueil vaut le déplacement. Sinon, nous faisons demi-tour et en fonction de l'heure qui passe, nous nous arrêtons et parfois nous reposons dans l'une ou l'autre prairie.

À ce sujet, il est intéressant de vous conter une anecdote qui s'est passée sur la prairie Paquet où nous avions fait halte. Était-ce en 48 ou en 50 ? Personne ne pourrait le dire. Il se fait que deux grands : Marcel J. et André G. ne partiront jamais ensemble en vacances. Pour preuve, ils en vinrent aux mains et une sérieuse bagarre éclata. Des coups se perdirent (façon de parler) mais la punition du Maître le lendemain fut encore plus douloureuse.

En fin d'après-midi, la joyeuse bande heureuse et fourbue rentrait à l'école où Monsieur Michotte nous attendait !

En fonction de l'heure de rentrée, soit le jour même ou le lendemain matin, après de savants calculs, l'argent et les œufs étaient équitablement partagés. Additions, divisions et parfois discussions clôturaient notre Saint-Grégoire.

Les années passèrent et Presles s'agrandit. De nouveaux quartiers apparurent, et il ne fut plus possible que tous les écoliers parcourent ensemble notre beau village car il y avait trop de rues nouvelles à sillonner, trop de maisons à solliciter ; mais surtout la circulation rendait les rues dangereuses.

Devant cette situation, les enseignants prirent la sage décision de scinder les enfants en différents groupes ne parcourant que l'un ou l'autre quartier, chaque groupe sous la surveillance d'un enseignant.

C'est cette formule qui est encore d'application de nos jours, et c'est très bien ainsi.

Mais que de nostalgie quand nous pensons à notre Saint-Grégoire de l'après-guerre!



R. HENIN

A.S.B.L. Patrimoine Preslois

Janvier 2012

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