1913: Une année paisible à Presle
1913: Une année paisible à Presles
À Presles comme ailleurs rien ne laisse présager le drame qui quelques mois plus tard secouera l’Europe et le monde entier.
Âgé de 80 ans, le garde champêtre Désiré GOFFAUX va prendre sa retraite. Le marchand-tailleur Félix CARLOT de Mons lui a fourni son dernier équipement que la commune a payé 78, 65 F. Il a rempli ses fonctions durant 47 ans avec zèle et dévouement, ainsi que consigné au procès-verbal du Conseil communal du 27 novembre 1913 qui lui accorde une pension de retraite annuelle de 500 F., à partir du 1er janvier 1914. Il sera remplacé par Julien MOLLET.
A-t-il l’occasion de tester le téléphone que l’administration communale a fait placer depuis le 21 mars ? L’installation comprend un poste primaire, une sonnerie supplémentaire, un commutateur et un poste secondaire. Le tout fonctionne via le réseau téléphonique de Châtelineau. L’abonnement jusqu’au 31 décembre a été de 212,33 F. et les communications et télégrammes sont facturés 50,25 F. On parle d’installer l’électricité dans un proche avenir (d’une puissance de 25 bougies par raccordement) mais on en est encore loin.
Rien n’arrête le progrès. Le comte Eugène d’OULTREMONT a acheté une automobile tandis que Joseph LORENT et Antoine LEGRAND font pétarader leur motocycle.
La ligne du tram à vapeur Fosses-Châtelet qui doit desservir Presles et les Binches est loin d’être terminée. (L’inauguration aura lieu le 15 juillet 1915). On prépare l’assise et les pierres de la carrière de la Falige viennent bien à point.
Beaucoup de Preslois travaillent à l’extérieur. Il y a quelques années le trajet Presles-gare de Châtelineau se faisait à pied. Maintenant 68 travailleurs utilisent leur vélocipède. Ils doivent s’acquitter d’une taxe communale de 2 francs l’an.
Heureusement les artisans sont encore nombreux et exercent leur profession à domicile. Citons les charrons, menuisiers, peintres, maçons, meunier, bourrelier, tonnelier, négociants en bois, bucherons, vitriers et bien d’autres encore.
Quelques carrières de pierre calcaire subsistent ainsi que 4 taillanderies, et la plus connue des activités presloises c’est « La Fabrique » qui de papeterie au 19e S. s’est transformée en fabrique de cartons sous la direction de Florent POULEUR et fils. L’année suivante l’occupant réquisitionne les lieux et la Fabrique disparut. Soixante ans plus tard Madame Anne-Joseph JACQUY fêta son centenaire. Elle était la dernière ouvrière à avoir travaillé à la Fabrique.
L’agriculture n’est pas en reste et trois fermes très importantes occupent 70 % des terres cultivables. Ce sont : la Ferme du Château (aujourd’hui disparue), la Cahoterie et Golias. Quelques fermiers de moindre importance se partagent les autres terres de bon rapport et beaucoup de Preslois louent à la commune quelques 70 à 80 sarts communaux afin d’augmenter un peu leurs revenus.
Pour l’ensemble de la commune on compte 60 chevaux et 10 ânes, ainsi qu’un nombre très important de porcs, moutons, chèvres et volailles.
Arthur WAUTHIEZ obtient le droit de chasse sur les terrains communaux. La location annuelle est de 600 F.
Chaque ménage dispose d’un jardin et les arbres fruitiers sont très appréciés car les ouvriers ne gagnent pas lourd à savoir 3,50 F. par jour en moyenne pour un ouvrier d’usine.
En 1913, le pain d’un kg se paye 0,25 F., la livre de beurre entre 1,55 et 1,60 F., le litre de lait 0,24 F. et la viande n’est consommée qu’aux grandes occasions.
Les frais d’entretien de 14 indigents s’élèvent globalement à 977,84 F.
- Le Conseil Communal se compose de sept mandataires :
Comte Eugène d’OULTREMONT, bourgmestre – indemnité de 60 F. l’an
Ernest POULEUR, échevin – indemnité de 30 F. l’an
Camille DEVIGNE, échevin – indemnité de 30 F. l’an
Eugène LAMBOT, conseiller – 8 présences soit indemnité de 16 F. l’an
Pierre WAUTHIER, conseiller – 7 présences soit – indemnité de 14 F. l’an
Olivier POULEUR, conseiller – 7 présences soit – indemnité de 14 F. l’an
Joseph LORENT, conseiller – 8 présences soit – indemnité de 16 F. l’an
Le traitement annuel du garde champêtre Désiré GOFFAUX est de 800 F. payable en 4 tranches de 200 F. En supplément il perçoit une indemnité de 20 F. comme indicateur du cadastre et de 5 F. pour le recensement des chevaux. Le traitement du secrétaire communal Gustave BAUDELET est de 850 F. payable également en 4 tranches. Lorsqu’il accompagne les miliciens jusqu’à la gare de Mons, le secrétaire reçoit une indemnité forfaitaire de 25 F.
- L’Abbé Marius GODEFROID, curé de Presles, reçoit de la commune une indemnité de binage1 de 200 F. pour l’année, tandis que le subside octroyé à la Fabrique d’église est de 295,03 F.
- L’école communale comprend 46 garçons et l’instituteur est Monsieur Alfred TASSIN qui a succédé à J. BANCU en 1909.
- La Supérieure de l’école libre, sœur Marie de la Salette (Adolphine KEUWEZ, née à Presles, 1848-1919) est appelée par les Preslois « la grande sœur ». Elle est secondée par Adélaïde MESSELET, née à Neuvilles (France) 1851 – Presles 1919, en religion sœur Marie-Euphémie que tous appellent « la méchante petite sœur ».
- Le Dr PASQUIER de Châtelet assure la vaccination des enfants des écoles de Presles. Il reçoit une indemnité de 35 F. l’an.
- Afin d’éviter les incendies, la commune charge Aledor CERISEY de Villers-Poterie de contrôler fours et cheminées du village contre une indemnité de 20 F.
- Les assurances des bâtiments communaux sont confiées à « L’Union Belge » contre versement d’une prime de 45 F. L’agent d’assurance est Jean-Baptiste CERFAUX, père du futur Mgr CERFAUX.
- Les usines BEDUWÉ à Liège fournissent 35 m. de tuyaux de « chanvre double breveté de 45 mm. » destinés à la pompe à incendie. Le prix demandé est de 80 F.
- Le traitement de la sonneuse de la cloche de retraite et de midi, Thérèse MARCHAND, est de 50 F.
- En janvier 1913 le menuisier Oscar BOURLET répare et repeint le tableau mobile de l’école communale (placé en 1902) pour un montant de 29,84 F. Par ailleurs le même menuisier place 2 poteaux au Sentier Pouleur (Chemin N° 15) au prix de 12 F.
- M. Camille BOURLET, expert vétérinaire, reçoit une indemnité d’inspection des viandes de boucherie de 56,53 F. pour l’année.
- En cette année 1913, la commune doit assumer les frais d’inhumation de 3 enfants et d’une adulte. Oscar BOURLET, menuisier, ou son collègue Théodoric CAILTEUR fournissent un cercueil en bois blanc pour indigent au prix de 12 F. pour un cercueil d’enfant et de 23 F. pour un cercueil d’adulte. Le fossoyeur Guillaume TILMANT reçoit 3 F. pour le creusement de la fosse d’un enfant et 10 F. pour celle d’un adulte.
Mais ne s’amuse-t-on pas en 1913 ?
On soutient le sport. La brillante équipe de balle (au tamis) de Presles sollicite et reçoit un subside de 75 F. de la commune pour l’organisation d’un concours (sic) C. Com. du 29 mai 1913.
Et les fêtes communales ? Joseph LÉGLISE, chef de Jeunesse de la fête des Binches, reçoit du conseil communal 60 F., tandis que son collègue Joseph MAINJOT 80 F., pour l’organisation de la fête de Presles.
Tout cela pour le plus grand bonheur des 31 cafetiers qui se partagent les plaisirs des Preslois qui ne risquent donc pas de mourir ni de soif, ni d’ennui. Ils se répartissent comme suit :
Henri ANCIAUX, 3, rue des Wespes (à noter que le n° de maison indiqué est celui de l’époque)
Justin BLAMPAIN, 1, rue des Taillandiers
Joseph BRACHOTTE, 6, rue Haute
Adrien BRACHOTTE, 26, Place
Joseph BOSSUROY, 40, rue Rochelle
Emma BOURLET, 25, Place
Jean-Baptiste CERFAUX, 28, rue de Fosses
Camille DEWULF, rue Al’Croix
Veuve Eléonore DOYEN, 2, rue du Pont
François DUCULOT, 25, rue de Fosses
Victor FAUCHET, 28, rue Rochelle
Veuve Emile GENOT, 2, rue de l’Eglise
Gustave JACQUEMAIN, 29, rue Rochelle
Gustave JACQUY, 5, rue des Taillandiers
Antoine LEGRAND, 3, Place
François LORENT, 17 Place
Joseph LORENT, 48, rue Rochelle
Désiré MAINJOT, 14, rue Rochelle
Léopold MAINJOT, 2, rue des Wespes
Louis MAINJOT, 12, Bordinois
Servais MAINJOT, 33, rue Grande
Alphonse MARCHAND, 3, rue Rochelle
Gustave MARTIN, 16, Place
Remy MARTIN, 5, rue Grande
Auguste MOURMEAUX, 20, rue Grande
Veuve Joseph QUINTART, 20, rue Rochelle
Veuve François REMY, 9, rue Al’Croix
Veuve Sylvain ROBERT, 19, rue de Fosses
Alfred ROMAIN, 46, rue Grande
Achille THIBAUT, 5, rue de Fosses
Fidèle TILMANT, 8, rue de Fosses
Ndlr. Il est intéressant de noter qu’en 1918 ne subsisteront que 12 estaminets (soulignés dans le texte) auxquels s’ajouteront Arsène FREROTTE, Edmond NIGEOT et Victor THIBAUT, soit au total 15 cafés où nos aïeux fêteront l’armistice.
R. H. ASBL Patrimoine Preslois 2014
1 Service d’une deuxième messe.